Maseratitude

Froggie a écrit : Edit: j'oubliais aussi de préciser qu'une fois la peinture faite je dois encore réaliser moi-même certaines pièces d'intérieur (à recouvrir de vinyle ou de cuir après avoir traité le métal par exemple), poser tous les revêtements et panneaux intérieurs, y compris le ciel de toit, remonter tous les accessoires...

Réaliser TOI MEME?????????
C'est comme si je devais ouvrir MOI MEME les quillons de champ'....

Quand je dis réaliser, c'est plutôt restaurer.
Il y a certaines pièces nécessitant pas mal de travail.

Refaire les "cantrails" par exemple sera assez difficile.
Ce sont des pièces d'habillage vissées tout autour des montants de vitrage latéraux:
Ces cantrails sont constitués de tôle découpées et incurvées (un peu oxydées, donc à traiter et repeindre), sur lesquels il faut coller des pièces de mousse préformée puis du vinyle de manière suffisamment fine autour de l'arête supérieure pour qu'on puisse enfin enserrer un jonc chromé de finition.
On voit ici la face arrière avec la fixation du jonc chromé:
Et là on devine la pièce de mousse sous le vinyle abîmé:
Je dois aussi refaire les accoudoirs, faits aussi de mousse (ici en poussière) collée sur métal, sur laquelle il faut coller une nouvelle pièce de vinyle:
Et puis il y a encore le collage des moquettes à faire sans plis par exemple sur les arches de roues AR, le ciel de toit à coller lui aussi sans plis (pas de droit à l'erreur!), le découpage de panneaux de contreplaqué à faire aux bonnes dimensions pour remplacer ceux, tout gondolés, qui recouvrent le puits de roue de secours et le réservoir d'essence, etc.
Ce ne sont pas des travaux irréalisables par un non-professionnel, mais qui demandent de l'habileté et de la patience, donc du temps...

Intéressant document d'archive qui donne des informations sur les procédés de fabrication de la Type E.

On y voit notamment décrites les techniques utilisées pour la protection contre la corrosion, avec trempage dans des bains phosphatants avant application des couches de primer et peinture.
(cliquer pour agrandir)

c'est dingue, ils mettent même un revêtement acoustique

Oui, enfin ce sont juste des panneaux bitumineux collés sur le plancher.
On voit ici à quoi ça ressemble, c'est le matériau peint en gris que j'ai enlevé au burin.
Dessous apparaît la couleur noire qui est sans doute le résultat du traitement phosphatant:
Il y en avait aussi à l'intérieur des portières, mais avec le temps il s'est décollé et ne devait certainement plus être fonctionnel.
Voici un lambeau que j'ai extrait lors de ma préparation:
On ne peut pas dire que ça devait beaucoup isoler phoniquement, mais peut-être au moins que ça empêchait les tôles de vibrer/résonner...

oui c'est que je pense aussi.
Mais bon, dans ces années là ce n'était pas la norme à mon avis.
Ce qui souligne tout de même le souci du détail pour l'époque.

Ca progresse.
La voiture commence à ressembler à une toile de Pollock
La corrosion perforante de la carrosserie au niveau du fond de coffre a été réparée.
Découpage de la tôle abîmée:
Avec son envers, bien rongé:
Nettoyage et protection du corps creux derrière, soudage d'un patch et remplissage à l'étain.
On n'y voit que du feu :

Pour rappel, la même partie avant réparation, où on distingue bien les p'tits trous dans la tôle, au centre:
Un ponçage préliminaire du dessous du coffre ne révèle aucune autre zone attaquée.
Je m'en doutais d'après l'aspect de l'intérieur, mais c'est une confirmation satisfaisante.
On voit que les tubes arrières de l'échappement ont été enlevés pour effectuer ce travail.
Observez aussi les deux amortisseurs de chaque côté du berceau AR:
Les tôles de bord du côté gauche de la bouche d'entrée du radiateur ont aussi été redressées.
Je n'étais pas content du désalignement des tôles sans doute consécutif au petit choc frontal qui avait aussi enfoncé la tôle derrière le butoir AV gauche.
On voit ici la situation avant réparation:
Et ici après redressement et remplissage à l'étain:
La situation n'est pas encore parfaite et devra être améliorée, peut-être avec un peu de mastic, mais c'est déjà bcp mieux.

Encore des photos de la visite d'hier chez Valenti.

Les tôles autour du deuxième phare ont été, elles aussi, remises en forme afin que le vitrage et son joint s'adaptent parfaitement, sans jour ou dépassement disgracieux, et la gorge du joint a été poncée.
On remarque bien dans cette vue combien la roue est enfoncée à l'intérieur de l'aile du capot, et comme elle apparaît fine par rapport à ce qu'on voit aujourd'hui dans les voitures modernes, surtout sportives.
Certains n'aiment pas ce "carriage look", mais il fait le charme typique de cette icône du design automobile, et la finesse des roues assure une direction relativement légère sans assistance comme c'était le cas à l'époque.
Cette autre vue de la tôle de capot en cours de ponçage est intéressante aussi à plusieurs titres.
Au centre de la photo, le ponçage est allé localement jusqu'au métal, de part et d'autre de la jonction des panneaux de capot, pour parvenir à une courbure régulière des panneaux, alors qu'on reste au niveau de l'ancienne peinture grise par endroits, de l'apprêt blanc ou encore du primer, ici rouge (peut-être du "red oxide" de l'époque, contenant de l'oxyde de plomb interdit aujourd'hui).

Etrange d'avoir du red oxide comme primer, puisque la méthode de préparation en peinture à l'époque décrite par Jaguar mentionne plutôt des bains phosphatants qui virent au noir, et le positionnement de cette couche rouge juste au-dessus du métal, avant l'apprêt blanc et la peinture grise gunmetal écarte la possibilité du rouge de la nouvelle peinture...

On voit aussi que les tôles ne sont pas parfaitement "planes" (si on peut abuser de ce terme, car elle sont évidemment courbées), puisque par exemple la partie centrale du capot présente de légères "ondulations", avec des sortes de petites "vasques" blanches le long de la ligne de bord, comblées ici par l'apprêt de remplissage permettant de détecter et corriger ces défauts:
Ici on voit un apprenti peaufiner l'épaisseur de l'apprêt au bord du capot pour optimiser la régularité de l'écartement avec la coque:
Toutes les gorges de vitrage ont été poncées jusqu'au métal.
Aucune mauvaise surprise.
On voit ici un détail de la gorge du vitrage de hayon après ponçage.
On voit aussi le dépôt d'apprêt qui sera ensuite poncé, notamment en zone de bord pour optimiser l'ajustement des panneaux:

On continue.
Photos ci-dessous intéressantes amha pour observer l'état d'alignement des portières à ce stade.

Chaque Type E était en effet assemblée de manière relativement artisanale, avec des ouvrants (capot et portières, notamment) choisis pour s'adapter suffisamment bien à chaque coque.
D'ailleurs pour les remplacements, on a parfois de gros problèmes d'adaptation car chaque coque est différente dans le détail des galbes et des dimensions, d'où l'importance de conserver les ouvrants originaux quand c'est possible, afin d'obtenir les meilleurs alignements qui ne cassent pas les lignes du design.

On voit ici, côté gauche, que les alignements sont quasi parfaits, tant pour le capot que pour la portière.
C'était pourtant le côté le plus vilain avant le début des travaux, avec une portière mal remontée après une précédente intervention.
Les galbes se correspondent aussi parfaitement:
Sur la photo ci-dessous, on constate que la correspondance de la ligne du haut de portière avec le prolongement sur la coque, ainsi que celle du début du ressaut du galbe de portière avec celle de l'aile arrière est aussi très bonne.

On observe aussi le ponçage jusqu'au métal de la gouttière de toit sur toute sa longueur.
Il est important en effet d'écarter tout risque de surépaisseur de peinture pour ne pas avoir de problèmes de réinstallation des chromes de gouttières une fois la peinture finie!
Côté droit, la situation n'est pas aussi bonne.
Vu de loin, l'alignement semble correct:
Vu de près avec un oeil critique, ce n'est pas parfait.
Pour préserver un alignement de la courbure du milieu de portière avec celle de l'aile arrière, on est obligé d'accepter un léger abaissement du haut de la portière par rapport à la coque:
Sauf à effectuer un copieux remplissage à l'étain de toute l'arête supérieur de la portière, il faudra accepter ce léger écart du métal, qui est toutefois minime.
En plus on pourra le corriger avec du mastic.
On remarque aussi qu'ici encore (au centre de la photo), de l'étain a été utilisé pour corriger un défaut de la tôle.
Et il y a encore pas mal d'aprrêt à enlever

L'apprêt de lissage est mis progressivement sur les différentes parties de la carrosserie.
Le technicien colle les bandes adhésives et les papiers de masquage autour des orifices de phares et des baies de vitrage:
On voit ci-dessus que l'entrée d'air à l'avant, déjà enduite, présente maintenant très bien.
Plus de détails dans cette vue rapprochée, où on voit comment les raccords de carrosserie ont été bien ajustés:
Les dessous de la partie AV après apprêt:
Le dessous du coffre a aussi été apprêté:
Le chantier progresse bien!

Ca enduit:
Et ça cuit:

Travail sur le capot qui a été démonté de la voiture et renversé:
Voici l'une des deux charnières autour desquelles pivote le capot:
Ces charnières portent tout le poids.
Remarquez le détail de toutes les cales d'épaisseur. Il y en a aussi sur la partie arrière de la charnière.
Et les 4 orifices de boulons sont ovalisés afin de permettre un réglage fin de la fixation et d'aboutir à des alignements et espaces parfaits entre le capot et les panneaux de carrosserie autour de la cloison parefeu ...1.50 m plus loin.
Autant dire que, quand c'est bien réglé, mieux vaut ne pas y toucher!

La traverse inférieure qui rigidifie le capot a été traitée.
C'est l'une des pièces de carrosserie les plus exposées à la corrosion.
Ici, elle était en relativement bon état, et a pu facilement être rattrapée avec le convertisseur de rouille:
Vue de la partie inférieure avant.
Les pocs ont été rattrapés en martelant localement la tôle, et il paraît qu'il y a très peu d'enduit de remplissage.
Jolies courbes:

Prête à recevoir sa première couche en cabine.
Look étrange avec sa longue partie avant sans capot et ses roues cerceaux
Tout est bien emmaillotté, y compris les axes des 3 essuie-glaces et les deux gicleurs:
Idem pour les dessous.
La peinture ira recouvrir tout le dessous du coffre.
Tous les orifices sont soigneusement bouchés, roues et parties mécaniques protégées:
On ira peindre aussi les montants de portes qui, eux aussi, ont été bien préparés:
Ne pas oublier l'intérieur de la trappe à essence!

Très impressionnant.

Froggie a écrit :Prête à recevoir sa première couche en cabine.
Look étrange avec sa longue partie avant sans capot et ses roues cerceaux
Tout est bien emmaillotté, y compris les axes des 3 essuie-glaces et les deux gicleurs:

P1210967.JPG

Ah mais c'est tout bon comme ça, pas besoin de capot, elle est finie, on a jamais vu un hot rod jag e-type, et tu n'en as aucune dans ta collection.

Et on ne parle même pas des avantages niveau refroidissement.

Et, ainsi qu'on peut le remarquer, comme attrape-mouches

L'intérieur du capot est maintenant réassemblé et entièrement traité au pistolet avec du convertisseur de rouille y compris dans les recoins.
On voit par exemple que le produit a pénétré à l'intérieur de la manche d'aération qui avait été réparée par soudage de tôles et que la réparation est maintenant invisible:
Les portières sont prêtes pour la peinture et seront peintes dans un deuxième batch en même temps que le capot, une fois la caisse, actuellement en cabine, terminée:
La nouvelle barrette métallique de blocage d'ouverture de portière a remplacé le bricolage précédent, ces fixations seront aussi peintes en couleur gunmetal avec les portières.
Toutes les parties métalliques visibles de la carrosserie, intérieures ou extérieures seront ainsi repeintes à neuf:

L'intérieur a aussi été bien traité avec du convertisseur de rouille au pistolet après avoir enlevé tous les revêtements, partout où c'était accessible.
Ce devrait être une bonne base pour peindre en gunmetal.
Surtout, ça fournira un surface de qualité, notamment quand il faudra coller les moquettes par exemple sur les arches de roues arrière, ou encore le ciel de toit sur le pavillon.
Ci-dessous, la partie arrière de l'habitacle:
Un détail du plancher de coffre.
A la fin, il y aura encore de la cire injectée dans les corps creux à travers les petits trous comme ceux qu'on voit ici sur les barres de renforcement du plancher:
Et la partie avant, jusqu'aux cloisons parefeu, est aussi bien nette.
Les montants latéraux ont aussi été bien arrosés, même s'il est impossible de projeter le produit profondément dans les corps creux qui séparent les tôles, comme par exemple celui visible plein cadre.
Là encore, on projettera de la cire.

La peinture Opalescent Gunmetal a été commandée.
C'est une référence spécifique Jaguar, utilisée uniquement sur les Type E Série 1 de 1961 à 1964. Il n'y a eu que quelques dizaines de voitures avec cette couleur.
Ce gris opalescent a une couleur qui va du clair au foncé suivant l'éclairage, avec de subtiles teintes rosées, c'est un gris plutôt chaud:
Cette couleur est aussi réputée "dangereuse" parce que sur la route, on distingue mal ces type E qui se fondent avec l'asphalte, d'autant qu'elles sont basses...

En peinture