Revenons un peu à cet essai.
Déjà, il faut l'admettre, la voiture impressionne, il faut dire que le contexte est intimidant, avec Mr Giuseppe Candini himself qui vient nous ouvrir spécialement son officine ce samedi matin.
La voiture est basse, plus basse encore que la mienne et présente un carrossage négatif très important à l'avant, ce qui ne fait qu'augmenter son aggressivité.
Gianni m'avait déjà largement briefé sur le propriétaire, je pensais savoir à quoi m'attendre, mais en fait, non.
Ca ne se fait pas de poser des diagnostics à la hussarde sur des gens que l'on ne connait pas, donc je m'abstiendrai de toute remarque complémentaire, mais la suite semblait vouloir donner raison à mes premières impressions.
Bref, la machine est chaude, il demande à Candini quel itinéraire emprunter, je monte à l'arrière, et c'est parti.
Un ou deux ronds points déjà pris à vive allure, "la voiture tient parfaitement la route avec les nouveaux michelin Pilot sport 5" dit-il, "vous voyez?", ah ben oui, ça semble bien, et heureusement vu qu'une de ses mains est déjà occupée à chercher le chemin sur son téléphone, faudrait pas que la voiture se comporte mal non plus. Quelques centaines de mètres plus loin, on bifurque pour rejoindre la SS734, une deux fois deux voies au revêtement aléatoire, quittant Modène par le sud.
Tu l'entends bien à ce moment-là la musique dans ta tête qui essaie de te prévenir
Highway to the danger zone
Gonna take it right into the danger zone
Sur la rampe de lancement, qui ne pourrait porter mieux son nom, plus de pitié pour la pédale d'accélération.
J'avais regardé la température au tableau de bord quelques temps auparavant et les 3° extérieurs affichés ne me semblaient vraiment pas compatibles avec ce type de conduite.
Sensation renforcée par les panneaux au bord de route indiquant clairement attention route glissante par température froide.
A peine le temps de quitter la route des yeux pour jeter un oeil sur les instruments que je sens mon estomac se soulever, je suis convaincu que la voiture a fait un bond en passant sur la jonction nationale/pont.
Lesdits instruments ne pouvant malheureusement pas me rassurer, la vitesse affichée se prépare à changer de centaine. re-re-
Et rien ne semble vouloir arrêter l'engin dans sa course folle, le maniaque au volant ayant apparement décidé d'xplorer aujourd'hui toute l'amplitude du compteur vitesse de la ghibli.
Je ne comprends pas ce qui se passe, on va certes vite, trop vite, mais il me semble impossible que la voiture, même si modifiée, garde une telle accélération à cette vitesse. Probablement que cette idée m'a été poussée par un cerveau guidé par son instinct de survie,
tout cela n'est qu'une illusion, à peine une sensation, comme une bulle de savon, ah bah non, ça va pas de m'envoyer des chansons pareilles
Me raccrochant à tout ce qui est possible pour garder mon calme, je me souviens qu'il avait été évoqué un changement de pont pour un plus court, pour rendre la voiture encore plus nerveuse (comme si c'était nécessaire

).
La vitesse affichée n'est donc à priori pas la vitesse réelle, mais est surestimée de 20-25%, me voilà rassuré (quoi que c'est tout relatif, enlever 20% à 260km/h, ça reste toujours beaucoup beaucoup trop rapide pour le pauvre bougre assis à l'arrière).
Toujours est-il que je suis plus que soulagé quand notre nouvel ami estime ses pneus suffisamment à température pour laisser le volant à Gianni. En tout cas, mes chances de pouvoir raconter un jour ce fantastique weekend de mon vivant venaient de significativement augmenter.
Certains souvenirs restent flous cependant. Je crois me le rappeler avec des mitaines de conduite maillées, mais je l'ai peut-être imaginé.
Gravé pour la vie ce weekend (et je n'en raconte qu'un tout petit bout).
Un peu traumatisé quand même, alors qu'en fait, si ça tombe, ça n'a duré qu'une dizaine de secondes, allez savoir...
