Au Grand Prix de France 1959, Jean Behra cassa le moteur de sa Ferrari de Formule 1 alors qu'il bataillait pour la tête de course. Une discussion s'ensuivit dans les stands avec Romolo Tavoni, le chef de la "gestione sportiva" de la Scuderia Ferrari, vous savez, celui qui abritait de la pluie Maria Teresa avec son manteau l'année précédente. Le ton monta et le bouillant Jean Behra finit par mettre son poing dans la figure de Romolo Tavoni. Il fut mis à pied sur le champ !
Après son licenciement par Ferrari, Jean Behra n'est curieusement pas affecté outre mesure. Il court sur Porsche 718 RSK les 2 heures de Charade où il se place à une excellente seconde place . Mais surtout Jean a l'immense plaisir de piloter sa Behra-Porsche à Pau où il termine 5ème malgré deux tête à queue sous la pluie et un arrêt supplémentaire aux stands pour changer une roue abîmée alors qu'il bataillait pour la première place. Le licenciement de Jean Behra de chez Ferrari ne faisait pas les affaires de Maria Teresa de Filippis car il avait été prévu qu'elle pilote la Behra Porsche à Pau.
Il avait été également initialement prévu que Maria Teresa De Filippis participe sur une Porsche à une course de Formule 2 sur le circuit de l'Avus à Berlin début Aout 1959. Mais Jean Behra, libéré par l'écurie Ferrari, demanda à Maria Teresa de lui passer cette voiture afin qu'il puisse enfin piloter lui-même en course .
Le circuit de l'Avus disposait d'un virage relevé revêtu de briques, miraculeusement épargné par la guerre. Il pleuvait ce jour-là, les briques étaient glissantes. Tous se méfiaient et ne montaient guère au delà du milieu du virage relevé. Georges Behra, le demi-frère de Jean Behra nous raconte : "Jean était un impulsif, un combattant, et c'est d'ailleurs sans doute pour cela qu'il est mort. Lors de cette course sans grand enjeu sur le vieux circuit de l'Avus à Berlin le 1er aout 1959, Jean était en 3ème position sur une Porsche client avec deux Porsche d'usine devant lui (pilotées par Wolfgang Von Trips et Jo Bonnier). Il aurait pu se contenter de les suivre. Non, il voulait les dépasser, ce qui était impossible à la régulière. Son idée fut sans doute de monter très haut dans le virage relevé pour profiter de la descente en fin de virage et les doubler malgré la puissance moindre de sa voiture. Malheureusement, il a dérapé sous la pluie dans la portion très haute, presque verticale, de ce virage et s'est tué. Il n'est pas mort dans la voiture, qui a frappé de l'arrière un ancien socle de DCA (canons anti aériens de la seconde guerre mondiale). Non attaché et plus léger que son auto, Jean fut éjecté plus haut et, par une malchance incroyable, alla s'écraser contre un poteau tenant un drapeau.. A l'époque, l'habitude était de ne pas restaurer une épave dans laquelle un pilote était mort. Mais comme il n'était pas mort dans cette voiture, la Porsche fut restaurée."
Cette photo est impressionnante : on voit le corps de Jean Behra un quart de seconde avant l'impact fatal contre le poteau à gauche. La voiture s'écrasa par l'arrière sur un ancien socle en béton de DCA. J'ai vu des photos de l'épave, le cockpit n'était pas déformé. Si Jean Behra avait été attaché, il ne serait peut-être pas mort ce jour là
Ce fut la mort de trop pour Maria Teresa De Filippis qui perdait en Jean Berha un employeur et un ami, quelques mois après le décès de son ex fiancé Luigi Musso. Elle se dit "basta" et interrompit net sa carrière de pilote.