Quelques news puisque j'ai profité du beau temps pour aller bosser en Ghibli. C'est quand même plus agréable le lundi au volant d'une Maserati !
D'abord, je suis allé au début du mois chez "Reims Ital Motore" pour me délester de 510€ en échange d'un bout de papier, je me console en me disant que j'aurais probablement eu du mal à trouver moins cher. C'est quand même un peu frustrant d'avoir été obligé de me déplacer alors que le "contrôle" indispensable à la délivrance du précieux sésame a été réalisé par la dame de l'accueil qui n'a fait que prendre 3-4 photos de la voiture.
Bref, c'est fait, et la demande d'immatriculation définitive est en cours. Je pense commander des plaques à fond noir même si pas encore en CG collection car moins de 30 ans. C'est plus beau.
Ma fuite de pont semble s'être calmée, il a toujours la "goutte au nez" mais pas ou peu de taches dans le garage, comme avant la vidange en fait. J'imagine qu'il y avait peut-être un surplus d'huile qui a du coup accentué la fuite, le joint étant déjà fatigué. Ou peut-être que l'antifuite ajouté au remplissage a simplement mis du temps à faire effet. Du coup ça pourra attendre l'hiver sans trop de problème.
Par contre en conduite un peu sportive j'ai du jeu latéral dans le volant, du genre quand je tire dessus vers le côté y'a comme un très léger décalage qui vient d'un coup, du coup on le sent et c'est désagréable même si sans influence sur la conduite. Et en investiguant je me suis aperçu qu'en plus de ça, le volant lui-même commence à prendre du jeu au niveau de la jonction métal-bois, avec des débuts de fissure. Là c'est plus emmerdant et je vais sans doute me mettre en quête d'un volant d'occasion, car si j'imagine que c'est réparable le coût risque d'être plus important (200-400 € le volant d'occasion en regardant rapidement), et pas sûr d'avoir le courage de le faire moi-même. Mais peut-être que je changerai d'avis !
En attendant va falloir que j'y aille mollo.
Et pour finir la conduite : comme je l'avais mentionné dans ma présentation, ma Ghibli remplace une M3 E36 3,2L de 1996. Deux autos très comparables car sur le même segment du coupé sportif, un peu GT sur les bords et plutôt luxueux d'autant plus que ma M3 était très bien optionnée avec du cuir clair, du bois et plein d'options.
La comparaison s'arrête là car une fois derrière le volant, l'expérience est très différente.
D'abord, la première impression. La Ghibli est mieux finie, même si l'assemblage est un peu plus approximatif (ce qui peut être mis sur le compte de l'âge) c'est clairement plus qualitatif. Le cuir est de meilleure qualité, le bois est de meilleure qualité et surtout il n'y a que des matériaux "nobles". Dans la E36 on trouve quand même pas mal de plastique et ça n'a pas toujours forcément bien vieilli.
La position de conduite est aussi assez différente, la Ghibli n'offrant que des réglages assez sommaires comparé aux sièges entièrement électriques de la M3. Malgré ça on n'est pas mal installé et le volant se règle en profondeur ce qui est un vrai plus pour mon mètre 90. Niveau confort des sièges, ça se vaut. Madame préfère la Maserati mais les fameux sièges "cobra" de la BMW sont plus enveloppants.
Installé au poste de conduite on ne peut que constater le gouffre qui sépare les deux voitures en terme d'agrément. D'accord la Ghibli offre des suspensions pilotées et la climatisation, mais c'est tout. Côté allemand, c'est clim bi-zone, ordinateur de bord avec plein de fonctions du futur (dont certaines bien pratiques comme l'autonomie), sièges chauffants (et électriques, comme mentionné plus haut), système hi-fi 10 haut-parleurs, changeur CD, radars de recul, ... Alors OK la E36 était une voiture moderne pour l'époque, il n'empêche qu'à côté la Ghibli semble quasiment obsolète. C'est également assez criant du côté de l'instrumentation avec des compteurs et voyants plus modernes (et beaucoup plus précis) sur l'allemande.
C'est normal me direz vous, on a d'un côté un mastodonte dont les usines sortent pas loin du million de voitures par an et de l'autre un artisan qui vient tout juste de s'industrialiser et qui produit quelques milliers d'exemplaires dans les bonnes années.
N'empêche que c'est un argument qui pèse peu pour le type qui voulait s'acheter une voiture de sport en 1993, surtout si c'était pour l'utiliser au quotidien.
C'est ce qui m'amène à dire qu'à l'époque, il fallait être fou (et/ou italien), pour préférer acheter une Ghibli plutôt qu'une M3 (et heureusement pour nous, il y a eu quelques fous (et/ou italiens)).
Et au volant, ça se confirme.
En conduite "normale", du quotidien disons, je vais pas m'attarder sur la M3. C'est une voiture moderne, qu'on peut utiliser pour amener ses gosses à l'école ou aller faire ses courses avec un confort étonnamment bon pour un coupé sportif. Le moteur est souple et suffisamment coupleux à bas régime, et peut se faire discret. Encore en 2021 elle n'aurait pas à pâlir face à bien des citadines d'entrée de gamme pour les tâches quotidiennes.
La Ghibli c'est une autre musique, au propre comme au figuré. Alors je m'attendais à pire niveau souplesse à bas régime, en vrai ça va mais ça demande un peu d'habitude et de toucher, ce qui rend la conduite assez délicate en ville. Il vaut mieux rester sur un rapport un peu plus court et tirer un peu dans les tours (3-4000) mais à ce moment là, on oublie la discrétion à cause (grâce ?) à l'échappement plutôt expressif pour un moteur turbo. Ajoutez à ça le coffre au volume ridicule et sans possibilité de rabattre les sièges, et les places arrières anecdotiques, là pour le coup emmener les gosses à l'école et faire les courses ça devient un peu la corvée. Et je parle pas de la direction moyennement assistée, et de l'embrayage disons viril.
Vous allez me dire qu'on se fout de tout ça et vous aurez raison pour ce qui nous concerne, mais je trouve ça marrant de faire le comparatif en me mettant dans la peau d'un acheteur potentiel en 1993.
Là où ça devient intéressant, c'est quand on passe le panneau de fin d'agglomération et qu'on peut mettre le pied dedans. Là aussi je vais faire bref sur la BMW, ça marche très fort et jusqu'à plus de 7000 tr/min dans un bruit métallique caractéristique du 6 en ligne et ma foi fort agréable. En termes de sensations c'est certes linéaire, mais les vitesses atteintes sont vite très très déraisonnables...
Côté Ghibli, c'est très différent, je dirais volcanique ! En dessous de 3-4000 tr/min rien de fou sans être anémique non plus, par contre dès que les turbos se mettent à souffler vaut mieux être bien cramponné : ça envoie du bois !
La zone rouge arrive très vite et il faut être en pleine possession de ses moyens pour gérer à la fois les passages de rapport et les trains roulants : l'avant qui s'allège à mesure que l'auto se cabre, et l'arrière qui fait travailler les pneus à la limite de l'adhérence. A la fois jouissif et effrayant. Le tout mis en musique par le V6 à la sonorité plus rauque, plus étouffée surtout dans l’habitacle, et au rythme de l’impressionnant souffle des dump valves (qui ne sont pas d’origine sur la mienne). On pourrait assez facilement se prendre pour un pilote du groupe B.
Dans les virages, la Ghibli profite de son poids relativement contenu (75 kg de moins sur la balance selon les fiches constructeur) mais a du mal à tenir la comparaison : son châssis est nettement moins rigide et la direction un peu moins précise. Il faut dire qu'à son époque, la M3 E36 était la référence absolue avec un comportement irréprochable qui encore aujourd'hui resterait tout à fait correct. Intrinsèquement, la Ghibli reste une très bonne auto avec un comportement plutôt sain, un bon retour d'informations qu'on pourrait même qualifier d'un peu moins aseptisé que l'allemande. Moins efficace très certainement, mais pas moins agréable.
Et en conclusion c'est justement là que la Ghibli devient intéressante. Là ou la BMW est une voiture quasi parfaite, qui ne demande qu'à être conduite à la limite alors que cette limite est déjà bien au-delà des capacités de 99% de ses conducteurs, l'italienne offre beaucoup plus de sensations sans forcément aller aussi vite. La rigueur allemande contre la folie italienne.
J'en reviens à mon constat, en 1993 il fallait être fou (et/ou italien) pour préférer une Ghibli à une M3. Mais heureusement, le cœur a ses raisons !
En ce qui me concerne, le verdict est sans appel, la Ghibli me file bien plus la banane que la M3 !
Désolé d’avoir fait aussi long et merci à ceux qui auront tout lu, ça faisait un moment que j’avais envie de m’essayer à un comparatif façon auto plus