Des seigneurs de Bazoches à Vauban
Établi à mi pente d’une colline boisée sur l’emplacement d’un ancien poste romain aux portes du Morvan, en visibilité directe avec Vézelay (à 10 km), le château féodal de Bazoches, construit au douzième siècle, présente une architecture trapézoïdale constituée de quatre tours et d’un donjon entourant une cour intérieure.
Successivement propriété des seigneurs de Bazoches, Chastellux, Montmorillon et la Perrière, Bazoches fut acquis en 1675 par le Maréchal de Vauban.
Dès son installation à Bazoches, Vauban y fit de nombreux aménagements et le transforma en garnison militaire. C’est à Bazoches, notamment dans la grande galerie du château récemment reconstituée, que Vauban, fondateur du Génie, réalisa les études et les plans de plus de trois cents ouvrages et places fortes et qu’il élabora les méthodes d’attaque et de défense des fortifications qui firent de lui un maître incontesté de la stratégie des sièges et de l’architecture militaire. C’est là aussi que furent méditées et rédigées ses réflexions sur une foule de sujets qu’il appelait avec humour ses « Oisivetés ». C’est à Bazoches enfin qu’il écrivit l’audacieuse « Dîme Royale » dont la diffusion fut aussitôt interdite.
Qui, plus que Vauban aura marqué de son empreinte le territoire français ?
Quelle région, quelle ville ne possèdent-elles pas en effet un fort, une place, un rempart, une perspective construits ou aménagés par cet illustre Français (ainsi en est il de près de trois cents places fortes et ouvrages militaires disséminés dans notre pays).
Rappelons que le XVème siècle est une époque charnière dans le domaine de la fortification :
- avec le renforcement du pouvoir royal (notamment sous Henri IV et Louis XIII) où la fortification n’est plus l’affaire des seigneurs défendant leurs biens et leurs châteaux, mais devient le monopole de la monarchie.
- avec une révolution technique au sein de l’armement (du canon surtout) dont les performances rendent les ouvrages traditionnels (châteaux forts) incapables de résister aux tirs des nouvelles armes (Machiavel en 1523 dira : « le château féodal ne sert plus à rien »).
Des places fortes pensées à Bazoches
Ainsi naquît une nouvelle conception de la fortification créée par les Italiens en 1530 : celle des places fortes dont les bastions très épais pouvaient résister à ces nouveaux tirs meurtriers : la ville fortifiée était née.
Les théoriciens français vont reprendre ces principes en les modifiant ; Vauban à son tour continua sur la lancée en améliorant considérablement les systèmes de défense et d’attaque des fortifications.
C’est au château de Bazoches, sa propriété familiale, dont il aménagea une notable partie en bureau d’étude, que Vauban travailla avec ses ingénieurs (nom qui servit à forger le terme de génie, arme créée par Vauban).
Ainsi, c’est de Bazoches que furent conçues, mises au point et illustrées de figures et de plans, une grande partie des études de ces places fortes et ouvrages militaires disséminés sur toute la France.
Avec un peu d’imagination, on peut facilement se représenter l’activité débordante qui devait régner dans la grande galerie du château (récemment reconstituée dans sa surface initiale) d’où partaient, après étude, les instructions de Vauban. Des estafettes à cheval étaient constamment prêtes à gagner les quatre coins du pays emportant dans des fourreaux cylindriques en métal, les plans et les ordres de Vauban.
Le bassin de la basse cour (surnommé Le pédiluve).