La Shamal
Publié : mar. 1 nov. 2022 18:58
Chers amis Biturbistes de cœur, voici donc le huitième article du gros dossier Biturbo qui comprendra 20 articles au total :
http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=11&t=9754
Comme d'habitude pour les sujets de ce dossier Biturbo, je commence par vous poster l'article que Classiche Masters m'a commandé pour leur forum :
La Shamal
En 1989, Alejandro De Tomaso comprit qu'il fallait, au contraire de 1981, élargir la gamme Maserati vers le haut et proposer, après la Karif qui n'était qu'une demi supercar, un vrai bolide de rêve afin de changer radicalement l'image des Biturbos et l'ennoblir. Ce fut la Shamal.
De Tomaso demanda au fidèle Marcello Gandini de lui dessiner sur base Karif sa supercar supercompacte mais, Maserati étant sans le sou, Gandini devait tenir un cahier des charges drastique. Le châssis de la Karif devait être strictement conservé, empattement, portes, toit, structure de la carrosserie, empreinte au sol devaient être respectés. Un vrai casse-tête !
Le génial Gandini a réussi le tour de force de dessiner un monstre d'agressivité, la plus violente visuellement de toutes les Biturbos, ceci en partant d'un "gentil cabriolet en hard top" tout sage d'aspect. Les ailes étaient gonflées et bodybuildées, les prises d'air foisonnaient, la taille se resserrait au milieu de l'empattement pour respecter la position des portes puis s'hypertrophiait à nouveau largement. La bande noire mate verticale ceinturant le toit, la découpe oblique du passage des roues arrière (clin d'œil à la Lamborghini Countach du début de la carrière du designer), tout était violent, voire choquant. Quand on regarde cette "bestia", même de nos jours 33 ans plus tard, avec son porte-à-faux avant marqué et son empattement court, on dirait qu'elle va bondir d'un coup, tout dévorer. Ses yeux sont petits mais multiples (pas moins de huit vous transpercent).
Elle est méchante cette bête-là, "cattiva, molto cattiva", non pas belle dans le sens classique du terme mais monstrueuse, brute, hypertrophiée. Sa valeur artistique est réelle mais c'est là de l'art moderne, intellectualisé, conceptualisé. Rien à voir avec la beauté lisse, première, pure, intemporelle et évidente pour tous au premier regard de la 3200 GT, l'ultime Maserati Biturbo due à Giugiaro.
Au contraire, la Shamal de Gandini nécessite, pour l'apprécier, un bagage de connaissances. Il faut être initié pour la reconnaître belle. Un non averti peut très bien être choqué, la trouver difforme (avec ses passages arrière de roues obliques, son porte à faux avant bien long et ses ailes renflées) et la dédaigner. On peut dédaigner Picasso ou Boulez, pas Renoir ou Mozart. La Shamal peut déplaire, pas la 3200 GT. Mais beaucoup de Maseratistes sont absolument fans des deux ! Chacune dans son genre est géniale d'émotions délivrées.
La Shamal fut présentée à Modène le 14 décembre 1989, un mois après la chute du mur de Berlin.
Specifications
Body
two doors, 2+2 coupé, wheel base 2.40 m , monocoque designed by Marcello Gandini.
Engine
Pour motoriser sa bête, Alejandro De Tomaso n'avait pas lésiné malgré ses finances délicates et avait choisi de développer un V8 Biturbo, rien de moins ! La volonté de prestige était manifeste.
Même si deux cylindres ont été rajoutés, toute l'architecture moteur du V8 3.2 litres de la Shamal était exactement similaire à celle du V6 2 litres quatre soupapes par cylindre de la 2.24v : même angle d'ouverture du V à 90 degrés, arbre à cames d'admission (vers le centre du V) entraîné par la même chaînette (à l'arrière du moteur) depuis l'arbre à cames d'échappement (vers l'extérieur du V) lui-même entraîné par la longue courroie crantée de distribution (en avant du moteur pour plus d'accessibilité), turbocompresseurs et échangeurs air-air équivalents, même collecteur en Y de l'air comprimé en avant et au milieu du V, même disposition des périphériques (alternateur à gauche, compresseur de clim à droite entraînant celui de la direction assistée situé au-dessus). Par contre, la Shamal est la première Maserati Biturbo à allumage statique, sans distributeur.
Shamal : V8 3.2 liters 322 puis 326 hp boite Getrag 6 vitesses Différentiel Ranger 260 puis 270 kph 369 ex de 1990 à 1996
Competitors
La Shamal était initialement horriblement chère, elle coutait le prix de deux 222 de 2.8 litres ! Mais son prix diminua de 16 % en 1995 car la sortie de la Ghibli II, bien meilleur marché, l'avait menacée commercialement en 1993-1994.
Le même article en anglais sur le site de Classiche Masters :
https://www.classichemasters.com/models/maserati-shamal
http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=11&t=9754
Comme d'habitude pour les sujets de ce dossier Biturbo, je commence par vous poster l'article que Classiche Masters m'a commandé pour leur forum :
La Shamal
En 1989, Alejandro De Tomaso comprit qu'il fallait, au contraire de 1981, élargir la gamme Maserati vers le haut et proposer, après la Karif qui n'était qu'une demi supercar, un vrai bolide de rêve afin de changer radicalement l'image des Biturbos et l'ennoblir. Ce fut la Shamal.
De Tomaso demanda au fidèle Marcello Gandini de lui dessiner sur base Karif sa supercar supercompacte mais, Maserati étant sans le sou, Gandini devait tenir un cahier des charges drastique. Le châssis de la Karif devait être strictement conservé, empattement, portes, toit, structure de la carrosserie, empreinte au sol devaient être respectés. Un vrai casse-tête !
Le génial Gandini a réussi le tour de force de dessiner un monstre d'agressivité, la plus violente visuellement de toutes les Biturbos, ceci en partant d'un "gentil cabriolet en hard top" tout sage d'aspect. Les ailes étaient gonflées et bodybuildées, les prises d'air foisonnaient, la taille se resserrait au milieu de l'empattement pour respecter la position des portes puis s'hypertrophiait à nouveau largement. La bande noire mate verticale ceinturant le toit, la découpe oblique du passage des roues arrière (clin d'œil à la Lamborghini Countach du début de la carrière du designer), tout était violent, voire choquant. Quand on regarde cette "bestia", même de nos jours 33 ans plus tard, avec son porte-à-faux avant marqué et son empattement court, on dirait qu'elle va bondir d'un coup, tout dévorer. Ses yeux sont petits mais multiples (pas moins de huit vous transpercent).
Elle est méchante cette bête-là, "cattiva, molto cattiva", non pas belle dans le sens classique du terme mais monstrueuse, brute, hypertrophiée. Sa valeur artistique est réelle mais c'est là de l'art moderne, intellectualisé, conceptualisé. Rien à voir avec la beauté lisse, première, pure, intemporelle et évidente pour tous au premier regard de la 3200 GT, l'ultime Maserati Biturbo due à Giugiaro.
Au contraire, la Shamal de Gandini nécessite, pour l'apprécier, un bagage de connaissances. Il faut être initié pour la reconnaître belle. Un non averti peut très bien être choqué, la trouver difforme (avec ses passages arrière de roues obliques, son porte à faux avant bien long et ses ailes renflées) et la dédaigner. On peut dédaigner Picasso ou Boulez, pas Renoir ou Mozart. La Shamal peut déplaire, pas la 3200 GT. Mais beaucoup de Maseratistes sont absolument fans des deux ! Chacune dans son genre est géniale d'émotions délivrées.
La Shamal fut présentée à Modène le 14 décembre 1989, un mois après la chute du mur de Berlin.
Specifications
Body
two doors, 2+2 coupé, wheel base 2.40 m , monocoque designed by Marcello Gandini.
Engine
Pour motoriser sa bête, Alejandro De Tomaso n'avait pas lésiné malgré ses finances délicates et avait choisi de développer un V8 Biturbo, rien de moins ! La volonté de prestige était manifeste.
Même si deux cylindres ont été rajoutés, toute l'architecture moteur du V8 3.2 litres de la Shamal était exactement similaire à celle du V6 2 litres quatre soupapes par cylindre de la 2.24v : même angle d'ouverture du V à 90 degrés, arbre à cames d'admission (vers le centre du V) entraîné par la même chaînette (à l'arrière du moteur) depuis l'arbre à cames d'échappement (vers l'extérieur du V) lui-même entraîné par la longue courroie crantée de distribution (en avant du moteur pour plus d'accessibilité), turbocompresseurs et échangeurs air-air équivalents, même collecteur en Y de l'air comprimé en avant et au milieu du V, même disposition des périphériques (alternateur à gauche, compresseur de clim à droite entraînant celui de la direction assistée situé au-dessus). Par contre, la Shamal est la première Maserati Biturbo à allumage statique, sans distributeur.
Shamal : V8 3.2 liters 322 puis 326 hp boite Getrag 6 vitesses Différentiel Ranger 260 puis 270 kph 369 ex de 1990 à 1996
Competitors
La Shamal était initialement horriblement chère, elle coutait le prix de deux 222 de 2.8 litres ! Mais son prix diminua de 16 % en 1995 car la sortie de la Ghibli II, bien meilleur marché, l'avait menacée commercialement en 1993-1994.
Le même article en anglais sur le site de Classiche Masters :
https://www.classichemasters.com/models/maserati-shamal