C'est Pietro Frua (déjà auteur de la Quattroporte I) qui dessina naturellement la Quattroporte II en décembre 1970 (possiblement à l'instigation de l'Aga Khan qui était un très grand Maseratiphile). On remarque ci-dessus, sur ce premier dessin de Frua, que le montant arrière du toit était plus large que sur le modèle définitif.
La maquette échelle 1 chez Frua durant l'hiver 1971 :
002 en construction chez Frua :
Ce premier exemplaire bleu, 002, fut réalisé en 1971 sur base Indy (avec pont arrière rigide), équipé du moteur V8 de 4.9 litres de l'Indy.
Juan Manuel Fangio avec 002 achevée présentée au salon de Paris en octobre 1971 :
En salon en Suisse avec la SM Frua en 1972 ;
002 était montrée en de nombreux lieux où l'automobile comptait. Ici au Grand Prix de Monaco 1972 :
002 photographiée à Modène en 1972 :
002 ayant été extrêmement bien accueillie sur les divers salons, le projet de la sortie en série de cette Quattroporte II Frua était déjà presque abouti quand survint la guerre du Kippour qui déclencha la première crise pétrolière en 1973.
En représailles à l’aide occidentale à Israël, l’OPEP (pays producteurs de pétrole) décida une augmentation massive du prix du baril de brut qui tripla. En France, le litre de super passa de 1.1 franc à 2 francs. L’amplification médiatique aidant (les journaux télévisés distillant la possibilité d’une pénurie d’essence), on assista à une baisse franche des ventes de voitures particulièrement gourmandes en carburant, parmi lesquelles les Maserati figuraient en très bonne place !
La crise pétrolière stoppa net le projet Frua de construction d’une Maserati Quattroporte II à moteur V8, remplaçante de la Quattroporte I. Mais de toute façon, Citroën alors propriétaire de Maserati ne voyait pas d'un très bon œil la sortie d'une nouvelle voiture à pont arrière rigide et le projet ne serait peut-être pas allé très loin même sans crise pétrolière. Malgré tout, Maserati y avait cru puisqu'elle avait attribué un numéro technique à la Quattroporte Frua : Tipo AM 121 avec moteur AM 109/49.
Le prototype 002 fut vendu au roi Juan Carlos d'Espagne en 1975 après avoir fait 5 ans de salons automobiles ! Devant l'insistance de l’Aga Kahn, maseratiste inconditionnel de longue date qui voulait un modèle neuf, un second exemplaire (004) avait été construit en 1974.
Les observateurs attentifs remarqueront que le motif des jantes de la Quattroporte II Frua de Juan Carlos, déjà aperçu sur les Ghibli I américaines et les Indy, sera repris sur la Maserati Biturbo de 1981 :
Un autre détail que les jantes permet de distinguer la "Juan Carlos" par rapport à l'"Aga Kahn", ce sont les feux arrière, incluant les feux de recul en interne sur la "Juan Carlos" :
Remarquez le travail complexe du bord du capot de malle.