![Image](https://i.postimg.cc/YSWS7cCb/image.jpg)
Il y eu trois exemplaires de Spyder Frua nez court A6GS53/A6G54 , avec cette même carrosserie trapue. La mise en vente de l'un de ces trois exemplaires que l'on voit ci-dessus (#2110 adjugé 5 millions de dollars à Pebble Beach en Aout 2018) et l'enthousiasme qu'il a suscité sur Maseratitude m'ont donné envie de faire un petit topo sur ces trois merveilles.
Mais tout d'abord, avant d'attaquer ces Spyder Frua nez courts et pour mieux saisir les tenants et aboutissants, je crois qu'il faut un peu se situer dans le contexte de l'après guerre. Le tableau ci-dessous, que vous avez déjà vu sans doute, va vous y aider car ce n'est pas si simple de s'y retrouver parmi la famille des A6. Les Maserati routières sont en bleu, celles de course catégorie Sport sont en rouge au centre et celles de Formule 1 à droite. En noir nous avons les noms des ingénieurs :
![Image](https://i.postimg.cc/0215YXZw/image.jpg)
Pour bien comprendre, il faut suivre la filiation A6GCM-A6GCS53-A6G54 car c'est dans ce sens que ces voitures ont historiquement dérivé les unes des autres.
Ci-dessous Juan Manuel Fangio sur A6GCM remporte le Grand Prix d'Italie à Monza en 1953 et finit second du championnat de Formule 1 derrière Alberto Ascari sur Ferrari :
![Image](https://i.postimg.cc/jSKV5GcM/image.jpg)
L'A6GCM de 1953 (due à l'ingénieur Gioacchino Colombo) a un moteur 6 cylindres en ligne de 2 litres à deux arbres à cames en tête double allumage qui développe 197 cv avec un taux de compression de 12 : 1 nécessitant l'usage d'un carburant spécial, mélange d'alcool méthylique 85 %, d'acétone 10 % et de benzol 5 % afin de diminuer le risque de cliquetis. Dans A6GCM nous avons "A" en hommage au fondateur de la marque Alfieri Maserati, "6" pour 6 cylindres en ligne de 2 litres, il y a encore un "G" dans le nom comme l'A6G.CS "Monofaro" qui l'a précédée mais plus du tout de fonte (Ghisa) dans son bloc, "C" pour Corsa, "M" pour Monoposto.
Ci-dessous Juan Manuel Fangio teste en 1953 un prototype d'A6GCS53 qui est une dérivée de l'A6GCM pour les "Corse" catégorie "Sport" :
![Image](https://i.postimg.cc/sxRmmRv8/image.jpg)
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Ci-dessus l'ingénieur Gioacchino Colombo (le père du V12 Ferrari en 1947, chez Maserati toute l'année 1953) créa l'A6GCS53 en dessinant lui-même la carrosserie et en conservant quasiment le moteur de l'A6GCM mais en diminuant le rapport de compression de 12 : 1 à 8.5 :1 car la réglementation avait changé en 1953 en catégorie "Sport" avec obligation désormais d'utiliser l'essence du commerce. Malgré cela, bien gavé par trois gros carburateurs Weber 40 DCO3, le moteur de l'A6GCS/53 ne perdit pas trop en puissance : 170 cv à 7300 tr/mn contre 197 cv à 8000 tr/mn pour l'A6GCM. Ci-dessous la limpide A6GCS/53 Spyder Fantuzzi :
![Image](https://i.postimg.cc/44BHBg79/image.jpg)
![Image](https://i.postimg.cc/wv93Qf92/image.jpg)
Le moteur de l'A6GCS53 conserve de l'A6GCM le carter sec, la distribution par cascade d'engrenages, le double allumage (2 bougies par cylindre) et le refroidissement individualisé des cylindres (ces tubulures qui amènent l'eau refroidie à chaque cylindre au bas de la photos ci-dessous et récupère l'eau réchauffée tous les deux cylindres en haut de la photo) :
![Image](https://i.postimg.cc/8c68JGx0/image.jpg)
![Image](https://i.postimg.cc/0215YXZw/image.jpg)
Les A6G54 ("54" pour "sorties en 1954") sont les versions "stradale" des très performantes A6GCS53 de course. Gioacchino Colombo étant parti fin 1953 chez Bugatti étudier un prototype de Formule 1 (la 251), c'est Vittorio Bellentani qui assure l'élaboration de la troisième et dernière génération des "routières A6". Conservant les deux arbres à cames en tête, le double allumage et la cylindrée (76.5 x 72 soit 1985 cc), le moteur des A6G54 est très proche de celui de l'A6GCS53 de course mais dégonflé de 170 à 150 cv par une légère diminution de la compression de 8.5 :1 à 8 :1. De plus, pour la commande des arbres à cames, la bruyante cascade d’engrenages est remplacée par une chaîne triple et le carter sec par un carter humide. Le refroidissement n'est pas individualisé par cylindre comme sur le moteur de course type A6GCS53. C'est ce qui caractérise extérieurement un moteur de A6G54 :
![Image](https://i.postimg.cc/3NnLxcxc/image.jpg)
Pininfarina étant à cette époque totalement accaparé par Ferrari, les carrossiers Zagato, Allemano et Frua se répartissent dans des proportions équivalentes les 60 châssis A6G/54 construits de 1954 à 1957 :
- Zagato------21 exemplaires (1 spyder et 20 coupés)
- Allemano---21 exemplaires (21 coupés)
- Frua--------18 exemplaires (12 Spyder dont 2 à nez court, 6 coupés dont 4 à nez court)