Maseratitude

gemini a tracé la voie .

Alors plutôt que de faire ça ailleurs, je vais moi aussi vous raconter cette restauration, enfin disons plutôt rénovation, ici.
En effet, ce n'est ni un trident ni une grenouille, mais un matou :
Et ça tombe bien, je viens enfin de décider d'en faire la restauration après que je l'aie acquis en vente publique fin 2013.
Un ancêtre de 1964 donc, ayant été remis à niveau côté mécanique par un spécialiste indépendant à BXL pour pouvoir l'immatriculer et le faire rouler, mais nécessitant une rénovation de la caisse et de l'intérieur.

La base est saine, mais il faut faire un peu de tôlerie, une nouvelle peinture complète avec nouveaux joints de tous les ouvrants, tous les chromes à refaire, et un nouvel intérieur (cuirs, moquettes, vinyles), ainsi quelques améliorations (installation d'un autoradio d'époque, volant conforme à l'origine, tdb alu en partie).

Mieux vaut préciser tout de suite que la partie tôlerie/peinture/chromage va être sous-traitée.
Comme le précédent travail de carrosserie que m'a fait Valenti sur l'Indy m'a donné satisfaction, je vais lui confier.
Sont prévus le remplacement des deux puits de plancher conducteur et passager abîmés, la réparation du capot (un léger enfoncement au niveau parechoc, une arche de renfort malencontreusement découpée qu'il faut remettre en forme et ressouder), et la réparation d'une petite zone de corrosion perforante au niveau d'un caisson arrière sous le coffre.
Plus évidemment une peinture complète dans la teinte d'origine, gunmetal.
Valenti m'a dit que ça devrait se faire pendant l'hiver. Bon, je vais quand même prévoir plus large

Je vais ensuite faire moi-même la plupart du démontage des accessoires nécessaire pour le travail de carrosserie tant que ça ne nécessite pas trop de travail (vitrages latéraux, joints des ouvrants, rétros, pare-chocs, panneaux intérieurs des ouvrants, ainsi que les revêtements intérieurs affleurant les ouvrants), peut-être aussi les recouvrements des phares et feux, afin de faciliter le travail de ponçage et de peinture).
Je dois quand même conserver la voiture en conformité technique pour rouler jusqu'à chez Valenti, avec notamment le parebrise et les phares!

Après le travail de carrosserie, je ferai toute la rénovation intérieure: préparation des tôles, isolation éventuelle, fixation des nouveaux panneaux, cuirs, moquettes, pose de nouveaux joints pour les ouvrants et remontage des accessoires.
Je conserverai quelques éléments comme le cuir des sièges (qui a une belle patine, mais qu'il va falloir restaurer) et le ciel de toit (en état acceptable et trop compliqué à refaire tout seul).

Voici la vidéo qui m'avait convaincu de l'acheter.
https://www.youtube.com/watch?v=xLzavbTmgVE
Le véhicule roulait mais le moteur était asthmatique (lors de la mise à niveau mécanique, il a fallu refaire les carbus corrodés de l'intérieur), on note les moquettes élimées et les joints de parechocs cuits. Mais les dessous avaient l'air sains et l'ensemble sympa.

La voiture porte bien son nom:
Et l'état actuel en cours de désossage (je dois encore travailler...):

Froggie a écrit :gemini a tracé la voie .

Comme le précédent travail de carrosserie que m'a fait Valenti sur l'Indy m'a donné satisfaction, je vais lui confier.

Ouah, génial, encore un post à suivre pendant trois ans....

plm a écrit :

Froggie a écrit :gemini a tracé la voie .

Comme le précédent travail de carrosserie que m'a fait Valenti sur l'Indy m'a donné satisfaction, je vais lui confier.

Ouah, génial, encore un post à suivre pendant trois ans....

Chouette, encore un beau projet

Magnifique cette Type E.
c'est le fameux 6 cylindres ?

Oui, les V12 ont marqué V12 à l'arrière, et gros feux... Entre autres.

plm a écrit :

Froggie a écrit :gemini a tracé la voie .

Comme le précédent travail de carrosserie que m'a fait Valenti sur l'Indy m'a donné satisfaction, je vais lui confier.

Ouah, génial, encore un post à suivre pendant trois ans....

3 ans.... Attends que l’autre soit finie !
Très sympa le coupé... je pense que je le préfère au cabriolet !

Bah elle était nickel sur la vidéo, un gros coup de disque en peau de mouton sur la peinture pour lui rendre une superbe patine, un produit nourrissant riche sur le cuir et c'est parfait.
Il y a bien trop de restauration à 120%, celle-ci ne perdrait pas à être gardée un peu dans son jus.

Mais bon, ça permettra d'avoir des photos de ce qui passe chez Valenti, alors je vais suivre avec attention.

Et si je comprends bien, tu vas mettre la main à la pâte, c'est cool!

Merci de vos encouragements.
Ne vous attendez quand même pas à du spectaculaire comme chez gemini, je n'ai ni garage chirurgical, ni poste à souder et autres outils sophistiqués à profusion (sauf un compresseur), ni autre paire de bras pour m'aider quand ce serait nécessaire...
Mais oui, je vais mettre (c'est déjà bien commencé) les mains dans le cambouis .

J'ai pensé à la garder dans son jus, j'ai d'ailleurs roulé avec pendant 7 ans dans cet état, mais la peinture est vraiment moche car refaite à l'arrache (même sur les joints ), et les intérieurs déchirés ou cramés par le soleil par endroits.
Quelques exemples:
Toute la baie moteur et l'intérieur en partie (tdb, sièges) vont rester dans leur jus, mais avec une peinture gunmetal neuve, des chromes brillants et un bel intérieur rouge, elle sera quand même plus belle .

Commençons donc par le début.
Quelques photos de l'état où elle était quand je l'ai récupérée.

D'abord l'état de la tôlerie.
Quand on regarde par exemple le fonds du coffre, l'une des zones habituellement les plus touchées, on voit qu'il n'y a pratiquement pas de corrosion.
Une caisse donc saine a priori
Au passage vous notez la couleur d'origine gunmetal (un peu ternie ici) et l'état d'usure des moquettes sur les arches de roues ...
Quand on inspecte les corps creux, autre point faible de ces voitures qui ne bénéficiaient pas alors de tôles et peintures protégeant de la corrosion, le bon état général de la caisse se confirme.
Ici par exemple, en enlevant un revêtement de vinyle, on peut accéder aux caissons bas latéraux souvent rongés par la corrosion (photo mal positionnée, le caisson bas est sur la gauche, on voit le panneau de porte avec ses chromes et le levier d'ouverture de coffre):
Un examen en introduisant une sonde endoscopique dans l'orifice qu'on devine au centre de la cavité (à gauche) permet de visualiser l'état de ces caissons:
Et c'est très bon, simplement quelques traces de corrosion superficielle.
Par contre, il faudra injecter de la cire là-dedans, comme dans tous les autres corps creux!

Les puits de plancher sont par contre à changer.
Malheureusement en effet la voiture a été acheminée à BXL sur plateau sous la pluie (avec des joints ...pas jointifs ) et est restée des mois chez le garagiste sans que l'intérieur n'ait été inspecté et séché.
Résultat, sous les moquettes et les isolants qui sont restés détrempés, ça a bien rouillé (ça l'était d'ailleurs peut-être déjà avant...).
En frottant la rouille, on fait apparaître des p'tits trous :
De toutes façons, ces footwells étaient aussi bosselés (chocs ou mauvais usage de crics...), alors les deux seront remplacés par des neufs, ce type de pièces de refabrication est facile à trouver.

Oui, en effet, elle est très propre.

Une des plus grosses difficultés concernant la carrosserie va être la réparation et la peinture du capot.

Il faut comprendre que sur une Type E, le capot représente presque la moitié de la carrosserie!
C'est un arrangement très bien pensé de panneaux de métal, la peau supérieure extérieure en trois parties principales (le centre et les deux ailes), complétée par le caisson inférieur à l'avant, et rigidifiée par des caissons et panneaux intérieurs, l'ensemble constituant un assemblage solide et (relativement) léger compte tenu de sa taille, 80 kg environ.

Mais cet assemblage est assez difficile à réaliser et à ajuster pour obtenir les bons alignements (c'était du trial and error, fait à la main).
Les différentes parties sont collées ou vissées entre elles et il ne vaut mieux ne pas se tromper avant de passer à la mise en peinture!
Or toute peinture sérieuse implique de désassembler le capot car si ce n'est pas fait, on ne pourra pas correctement poncer les tôles et les protéger contre la corrosion, notamment au niveau des jonctions de tôles.
Il faut donc décoller et dévisser tous les panneaux pour au moins les apprêter individuellement avant de tester l'assemblage, de le finaliser, puis de le peindre.

On voit ici l'ordonnancement général du capot:
Vous pouvez remarquer déjà le précédent travail de peinture bâclé (inutile de dire que le capot n'avait pas été désassemblé) avec le rouge projeté sur le gunmetal original au travers des orifices qui n'étaient pas bouchés...
Ensuite on distingue les différentes parties structurantes, notamment les caissons d'arrivée d'air et les cloisons autour des puits de roues.

On voit ci-dessous que des cornières courbes sont collées au plafond du capot, sur lesquelles viennent se visser les tôles de renfort structurant:
Et là, comment les longues barrettes chromées qu'on voit sur le dessus du capot sont insérées entre les ailes et la partie centrale, parties qui sont ensuite collées et vissées, l'assemblage étant aussi rigidifié par des tôles transversales:
Voici enfin plus en détail le charcutage qui a été fait sur l'un des caissons structurants, la manche à air alimentant l'habitacle via le calorstat.
Peut-être pour installer un système de refroidissement auxiliaire ou d'A/C (la voiture a été californienne à l'origine), un apprenti-tôlier a découpé à l'arrache le caisson .
Caisson qui a été "refermé" plus tard avec l'ajout d'une bâche caoutchoutée (ici ouverte) ...
Il faut donc réparer ce caisson en soudant une tôle qu'il faudra préformer, en veillant bien à ce qu'il n'y ait pas de déformation du caisson qui rendrait ensuite impossible le collage sur la tôle de capot!

Même si je me dit que ça dérive un peu toute cette ménagerie et qu'on s'éloigne de Neptune, là je m'incline car la Type E phase 1 en 6 cylindres fait partie de mon top 3 des autos, toutes époques confondues.

Le 1 c'est la Granturismo déjà acquise, et le 2 c'est la Fefe 250GTO (autant dire qu'elle ne sera jamais mienne ou seulement en 1/43 )

Mais une Type E c'est abordable. Donc je vais suivre avec intérêt ta rénovation.

Je te souhaite un max de courage et peut-être moins d'emmerdes qu'avec l'Indy qui se fait languir, même si il semble que le bout du tunnel ne soit plus très loin

Début du démontage.
On commence par le plus facile, les sièges.
Ils présentent assez bien:
Suffit de soulever le coussin d'assise et on accède au mécanisme de fixation, avec des glissières assez classiques pour l'époque:
Les baquets sont en bon état, tant l'armature que le cuir:
On voit sous le coussin d'assise que ces sièges ont été déjà refaits:
Le cuir a une belle patine, je vais le nettoyer et conserver les sièges tels quels, d'autant que le remplacement des cuirs sur les sièges est assez coûteux.

Sièges, suite:
Vu de près, le cuir a besoin d'un bon nettoyage.
L'application d'un produit nettoyant est sans appel.
A gauche brut de pomme, à droite récuré:
Les deux sièges vont avoir droit à une cure de nettoyage complète

Passons maintenant aux planchers.
Simplissime pour l'avant, suffit de soulever les moquettes et isolants, un peu plus de travail derrière les sièges: il faut démonter les rails de fixation pour dégager le revêtement de "hardura" rouge (un vinyle grainé très épais) et faire apparaître le plancher:
Au niveau du puits pour les pieds du conducteur, on voit la tôle nue avec un peu de corrosion de surface, apparemment pas perforante (c'est bien pire côté passager avec corrosion perforante).
J'ai décidé de remplacer les deux puits par des pièces de refabrication, ce sera une opération de soudage faite chez Valenti.

Derrière les sièges, par contre, on observe une sorte de revêtement de type bitumineux, mais qui a durci avec le temps, peut-être un isolant à l'origine.
Comme ce revêtement est craquelé et qu'on devine un peu de corrosion par endroits, je décide de l'enlever afin de constater l'état des tôles dessous et de les assainir, en espérant qu'elles sont récupérables.
Le revêtement est en fait très cassant, il faut y aller au burin et au marteau!
On constate dessous un marquage (collage?) de type nid d'abeilles. Il y avait aussi quelques traces de ce type dans les puits, signe sans doute que ce revêtement avait été appliqué partout à l'origine.
On remarque aussi des traces de corrosion pas trop sympathiques.
Toutefois, en grattant (comme on le voit au bas de l'image) on arrive à la tôle métallique saine, signe que cette corrosion pourrait être limitée.
Il va falloir que je passe tout ça à la brosse métallique.

Ca va être un peu plus compliqué au niveau des raccords avec les caissons structurants du plancher, car les jonctions laissent apparaître des orifices avec de la corrosion qui semble s'être infiltrée à l'intérieur des caissons:
Heureusement, là encore, en grattant on fait apparaître la tôle métallique, signe que la corrosion serait limitée.
Je pense poncer au maximum puis passer un convertisseur genre POR-15.

Concernant l'intérieur des caissons, comme je l'ai déjà montré, il semble qu'il n'y ait pas trop de corrosion, en surface seulement.
Et heureusement il y a pas mal d'orifices qui vont permettre de pulvériser de la cire, ça permettra, je l'espère, que la corrosion de surface soit inhibée et ne progresse pas.
L'image ci-dessous peut faire peur avec toute cette couleur "rouille" , mais en fait elle provient pour l'essentiel du mélange de colle et de mousse orangée qui tombe en poussière derrière les revêtements en vinyle.
Il y a bien un peu de corrosion (on en distingue notamment au niveau de l'orifice qui pénètre sous le caisson, mais je pense qu'elle est limitée
Après les planchers, on s'attaque au démontage de la console du tdb:
Puis à l'arrachage des moquettes et vinyles, tout ça partira à la benne mais sera conservé au moins jusqu'au remontage des pièces neuves, pour avoir les "patrons" en cas de besoin:
On observe bien ici la poudre orangée qui se cache sous les vinyles:
C'est tout pour aujourd'hui

Et bien ça gratte dis moi !

Pour le revêtement bitumeux, une astuce que j'ai découvert (mais pas utilisé encore, faut d'abord trouver un revendeur) c'est de mettre de la glace carbonique, avec le froid, le bitume se rétracte et se détache comme par magie.

https://www.youtube.com/watch?v=sRh5H43 ... eedAcademy

Ca m'a l'air bien plus facile qu'à la main !

Sacré boulot ! Bon courage la bestiole le mérite!

gemini a écrit :Et bien ça gratte dis moi !

Pour le revêtement bitumeux, une astuce que j'ai découvert (mais pas utilisé encore, faut d'abord trouver un revendeur) c'est de mettre de la glace carbonique, avec le froid, le bitume se rétracte et se détache comme par magie.

https://www.youtube.com/watch?v=sRh5H43 ... eedAcademy

Ca m'a l'air bien plus facile qu'à la main !

Merci pour la vidéo, j'en avais entendu parler mais pas été voir.
Sur ma voiture, le revêtement était déjà cassant, sans doute à cause de l'âge.
Mais peut-être que la glace carbonique permettrait d'obtenir une cassure plus franche au niveau de l'interface entre le bitume et la tôle, évitant d'avoir à gratter les très nombreux petits morceaux qui restent attachés par endroits.

Quand j'y repense rétrospectivement, le plus dur c'est de commencer le dépiautage.
Quand on voit la voiture au départ, avec des intérieurs fatigués mais qui présentent encore assez bien, "dans son jus", c'est difficile de se décider à casser et arracher.
Une fois qu'on s'y est fait, ça va, on ne pense plus qu'à parvenir à la caisse nue pour la rhabiller de neuf, on se concentre à bien faire le travail et on s'attelle à la tâche

Un bon produit pour décoller , et utilisé sur les semelles des skis , le défarteur ou Wax remover ( expérience d'un des métiers que j'ai exercé ! )