Maseratitude

Le plancher de coffre et le plancher recouvrant le berceau des suspensions arrière ont aussi été décrassés, notamment aux points bas où il aurait pu y avoir des traces de corrosion: quasiment nada, rien à signaler!
Le pavillon a lui aussi été entièrement poncé.
Comme prévu, ça a été un travail difficile, m'a dit le technicien (bras en l'air, bcp de poussière).
On voit la tôle du pavillon à nu, y compris sur les rebords de renfort structural.
Et comme je l'espérais, la corrosion, notamment sur les tôles de rebord, était bien superficielle:
Pas besoin de peaufiner l'état de surface de la tôle poncée ni d'éliminer les dernières traces de rouille, le métal va de toutes façons être traité contre la corrosion avec un produit spécifique, puis peint, et je collerai enfin le ciel de toit.

Le produit de traitement n'est plus de la Loctite SF 7500 (le produit vert/noir déjà mis sur les panneaux de capot, il n'y en avait plus), mais un produit similaire de Restom .
C'est un convertisseur de rouille, donc toujours à base d'acide phosphorique, qui va transformer la rouille en une couche de phosphate passivante et adhérente à l'acier
Ne pas confondre un convertisseur avec un encapsulateur de rouille (type POR-15 ou Rustol) qui, lui, forme une sorte se vernis étanche empêchant la poursuite de la corrosion.
Cette tôle sera ainsi bien mieux préparée que ce que faisait Jaguar à l'époque et ne devrait plus rouiller,.
C'est parti, au pinceau, y compris derrière les tôles de bord:

De nouveaux progrès, malgré l'absence du peintre pendant 2 jours/
L'intérieur de la carrosserie a été badigeonné en grande partie avec le convertisseur Restom.
On devine déjà sur cette photo le revêtement grisâtre sur l'intérieur de l'aile arrière gauche:
Idem, par exemple, pour le plancher du coffre:
L'intérieur des portières, en particulier l'intérieur de la "peau extérieure" qui présentait pas mal de corrosion de surface, a aussi été traité en peignant à travers les orifices de la tôle intérieure (ces deux tôles sont soudées):
Mais les parties les plus reculées de l'intérieur de portière, comme par exemple la partie avant qui présente un caisson très étroit et difficile d'accès n'a pu être peint:
Il y aura encore du badigeonnage pour améliorer la couverture de ces panneaux, mais il ne sera pas possible d'aller partout. Heureusement les parties basses et les jonctions de tôles, plus sujettes au risque d'accumulation d'humidité et de perforations, ont été ou seront traitées au convertisseur.
Ensuite, pour le reste, ce sera l'injection de cire.

Mais avant cire, traitement non?

Tout ce qui sera accessible sera traité.
Mais il y a des endroits où ce ne sera pas possible avec le convertisseur.
Pour ceux-là, ce sera seulement la cire, donc un traitement de durée limitée et moins efficace, mais mieux que rien.
Heureusement, la corrosion dans ces caissons reste superficielle: chaque fois que j'ai gratté suffisamment, on arrive à de la tôle saine, donc le risque que ça se propage en profondeur est limité.
Et je compte rouler avec ce véhicule essentiellement aux beaux jours!

Si je voulais un traitement complet, en pratique il faudrait désosser toute la caisse et la passer dans des bains chimiques successifs.
Ou alors ouvrir les corps creux, sabler, traiter, ressouder...
Pas mon plan.

Je vise une restauration qui permette d'écarter le risque d'une peinture ou d'une caisse qui s'abîme au cours des prochaines années, redonner du lustre à cette classique et en profiter, le tout à un coût raisonnable par rapport à la valeur du véhicule.
Là, Valenti m'a parlé d'une estimation dans les 12k, mais je sais que ce sera en fonction des travaux effectivement réalisés, alors prudence

Et peut être dis je une bêtise, mais, avec un pulvérisateur et petites buses?

J'avais demandé au peintre s'il pouvait passer le convertisseur au pistolet à l'intérieur de la portière ou dans les autres corps creux, il m'a dit que non, d'où le pinceau.
En plus, avant de pistoler un apprêt ou une peinture, il faut s'assurer que la surface a été bien préparée (poncée) pour que le spray soit bien couvrant et adhère, ce qu'on ne peut justement pas faire dans un corps creux.

Quand on ne sait plus accéder à la zone pour (bien) la peindre au pistolet, on met la cire qui est bien mouillante et s'infiltre partout: on utilise alors un pulvérisateur et un petit flexible qu'on ballade dans le corps creux, et il faut s'assurer qu'il y a bien une sortie suffisante pour évacuer le gaz afin que le spray aille bien partout.

Le pavillon de toit a été recouvert de convertisseur, y compris sur, et au maximum derrière, les tôles de pourtour qui assurent le renfort structural.
Ca constituera une base suffisamment bonne pour la peinture puis le collage du ciel de toit qui masquera de toutes façons cette tôle.
Pour le fond avec la jonction des tôles, ce sera la cire:
Le peintre a aussi poursuivi le travail préparatoire de ponçage de la vieille peinture et d'apprêt sur la carrosserie.
Après un ponçage grossier éliminant la quasi-totalité de l'ancienne peinture rouge et d'une partie de l'ancienne peinture gunmetal, jusqu'à atteindre par endroits la tôle métallique d'origine, il enduit copieusement d'apprêt de "remplissage":
La presque totalité de l'apprêt est ensuite poncée soigneusement, pratiquement jusqu'à la peinture gunmetal d'origine, de manière à révéler les zones creuses dans lesquelles on laisse cet apprêt de remplissage, afin d'obtenir une surface parfaitement lisse et régulière qui reflètera la lumière sans défauts visibles:
J'en ai profité pour poser quelques questions et mieux comprendre la technique.

Aujourd'hui, par exemple, on ne fait quasiment plus de polissage "à l'eau" mais seulement "à sec".
Les papiers de verre ont progressé dans ce but, et l'avantage est un gain de temps.
En effet, avec des surfaces mouillées, plus brillantes, on ne détecte pas aussi bien les défauts de remplissage et il faut attendre que ça sèche pour bien s'en rendre compte. Donc à nouveau mouillage des tôles pour peaufiner en cas de défauts, et ...perte de temps.
En plus, les tôles doivent être parfaitement sèches avant de pistoler le primer epoxy et la peinture, ce qui prendrait du temps avec un ponçage à l'eau.
Mais après un ponçage à sec, les surfaces sont quand même soigneusement dépoussiérées et dégraissées avec du thinner avant pistolage en cabine.

A noter aussi que le peintre ne ponce pas systématiquement jusqu'au métal.
Il s'assure que la tôle et les anciennes couches sont saines, sans corrosion ou remplissage superflu, élimine les surépaisseurs indésirables puis aplanit la surface pour la préparer aux nouvelles couches de primer et de peinture.
On voit cependant qu'avec ce travail il arrive jusqu'à la couche de peinture gunmetal d'origine sur presque toute la surface.
Quand j'ai demandé pourquoi la tôle d'origine, supposée être parfaitement plane au départ et avec sa peinture gunmetal ne l'était plus, il a laissé entendre qu'elle a "travaillé" et/ou subi de petits dommages...

En attendant la suite de la restauration, quelques photos intéressantes sur ce modèle de véhicule.

A noter, la structure du châssis, avec notamment:
- une "Tour Eiffel" sur la partie AV, assemblage de tubes Reynolds brasés (un ensemble robuste et léger boulonné sur la cloison parefeu) supportant le moteur et les suspensions, et à l'extrémité de laquelle vient se fixer le capot pivotant;
- et une coque pour l'habitacle et le support du berceau des suspensions indépendantes à l'AR;
l'ensemble constituant une structure relativement légère et rigide.
Un bon article synthétique sur la Type E:
https://www.automobile-sportive.com/gui ... ype3L8.php

Sa présentation en 1961: Elle a inspiré pas mal de dessinateurs.
Ici croquée par Thierry Dubois (Nationale 7), croquis fourni par Philippe:
Ou Jidéhem, bien sûr:

Quel magnifique projet !!!

(Petits) progrès depuis jeudi dernier, le peintre était absent aujourd'hui.
Le ponçage s'est poursuivi avec notamment le travail du toit:
Côté droit aussi, avec le travail sur la portière et l'enduisage sur la partie avant de la coque.
On peut vérifier que l'ajustement du panneau de portière sur l'avant avec la carrosserie est bon (avec un jour de quelques mm seulement, et régulier), ce qui n'est pas toujours le cas sur ces anciennes, notamment quand il y a eu un accident ou que le panneau a du être remplacé:
Très bon alignement aussi sur l'arrière, et on voit que les galbes de portière et de coque sont bien les mêmes:
A suivre...

Des camarades de jeu ...

Eux font une restauration en profondeur.

Intéressante vue du volume de l'aile arrière droite découpée.
On comprend l'extension du corps creux où peut aller se loger la corrosion:
https://www.instagram.com/p/CMAcEeKrGr2/

Quel boulot ! Bravo !!

Travail d'ajustement des tôles supportant les vitrages des phares avant.
Sur la Type E série 1, il y a ces fameuses vitres cerclées de chrome (qui ont disparu sur les séries 2 et 3, suite aux pressions du marché US, questions de réflexion/diffraction du faisceau du phare sur cette vitre).

J'avais remarqué que sur mon véhicule les vitrages et les cerclages chromés n'épousaient pas parfaitement les galbes du capot dans cette zone.
On voit en particulier que la courbure des tôles au niveau de leur raccord en partie haute n'est pas parfaitement alignée avec le cerclage:
Heureusement le joint compressible situé entre le cerclage chromé et le vitrage ainsi que la flexibilité du cerclage compensent partiellement ces écarts, mais le résultat n'est pas esthétique:
J'ai donc demandé au carrossier de corriger la forme des tôles.
Travail très bien réalisé, ainsi qu'un ponçage de la portée de joint:
On voit maintenant que l'ajustement du vitrage avec son joint sur la tôle est tip-top:

Ajustement aussi de l'alignement de la portière gauche avec la carrosserie.
Cette portière avait certainement mal été remontée, sans doute après un bricolage précédent pour remplacer le ressort de rappel de la charnière.
Autant la portière droite est bien ajustée, autant celle de gauche l'était donc mal, comme on le devine sur cette photo où par exemple l'écartement du haut de la portière avec le joint mal pressé est disgracieux:
Là encore le carrossier a chipoté avec les vis de fixation de la portière sur la charnière:
Le résultat est parfait:

Info utile pour ceux qui veulent dérouiller les aciers ou les protéger contre la rouille.
Les produits qu'utilise Valenti.

D'abord les convertisseurs de rouille à passer au pinceau quand on ne peut accéder à la tôle pour pouvoir enlever la rouille mécaniquement et poncer jusqu'au métal nu, j'en ai déjà parlé.

Plutôt que d'utiliser des produits couvrants de "protection antirouille" qui bloquent le cheminement de l'eau et l'oxygène vers le métal en créant un vernis étanche et suffisamment adhérant au métal sous-jacent (si bien appliqué), comme par exemple le Rustol ou le POR-15, Valenti utilise du convertisseur de rouille à base d'acide phosphorique qui va transformer toute la rouille sous-jacente en phosphates de fer (sous réserve d'avoir enlevé le plus gros par brossage métallique).
Voici les deux produits que j'ai déjà évoqués:

Loctite SF 7500 de Henkel.
C'est un produit qui contient, en plus de l'acide phosphorique, des additifs permettant une excellente adhésion de la couche de phosphates intimement liée à l'acier sous-jacent, et la formation par dessus d'une couche de protection de type vernis:
Il n'y a malheureusement pas d'indications de composition sur le flacon, seulement des instructions d'utilisation et de sécurité, secrets de fabrication obligent
A noter que ce produit serait aussi le même que le Frameto.

Restom convertisseur 5030.
N'est malheureusement plus vendu par Matthys ici en Belgique, peut-être encore dispo en France (sinon, Matthys propose du Fertan qu'ils présentent comme similaire).
Là encore, composition du produit non divulguée.
Ensuite un produit à vaporiser, toujours un convertisseur de rouille lorsque même le pinceau ne peut accéder, comme les recoins derrière des tôles ou des corps creux:
La base du produit utilisé est ici affichée, sans donner de détails, elle consiste en un système polymère à base époxy:
Tous ces produits contiennent donc de l'acide phosphorique, mais les détails du solvant ne sont pas divulgués.
Or ce sont des éléments essentiels pour que le produit assure efficacement sa fonction de conversion de la rouille puis de protection au cours du temps.

Car badigeonner une tôle d'acier rouillée avec seulement de l'acide phosphorique enlèverait effectivement la rouille et produirait un film couvrant de phosphates de fer, mais il faut déjà diluer suffisamment l'acide phosphorique (typiquement 1/4) pour qu'il agisse correctement, s'assurer que le traitement agira jusqu'au métal sain, rincer ensuite ce film avec de l'eau puis le sécher.
Un tel traitement doit être appliqué dans des conditions opératoires adéquates (temps, température) pour que la couche formée soit suffisamment couvrante, épaisse, et adhérente.
Enfin, sans perlin-pinpin dans la solution de traitement, la couche de protection restera fragile...

L'avantage des recettes propriétaires élaborées par les sociétés chimiques comme Henkel est que la couche produite est formée en principe jusqu'au métal sain, ne nécessite pas d'être rincée, est solide, durable et pouvant être recouverte de peinture, justement grâce aux perlin-pinpin ajoutés.
En ce domaine, expérimenter soi-même un traitement chimique adéquat peut s'avérer une expérience longue et semée d'embûches.
Les solutions éprouvées industriellement sont peut-être chères, mais elles sont éprouvées.

Et bien, ça avance tout de même super rapidement ce chantier.

J'aime beaucoup les rétroviseurs sur les ailes, et constate, en regardant les photos, que bq de e-type n'ont pas de rétroviseur.
Ou un seul.
Ou alors sur la portière.
Ou alors juste devant le montant de parebrise.

Il y a une règle? C'est en fonction de l'âge, de la série?

Les rétros n'étaient pas obligatoires au tout début de la production des Type E.
Ensuite, il y en a eu un du côté conducteur, puis deux, au gré des réglementations.

Voici le premier modèle qui avait roulé toute la nuit en traversant la France à partir de l'usine de Coventry façon go-fast, pour être exposé dans les temps au salon de Genève 1961, le coupé 9600 HP, avec Sir Lyons à ses côtés:
Et le premier roadster, 77 RW:
Aucun d'eux n'a de rétros.
Pour la petite histoire, 9600 HP avait été débarrassé de tous les accessoires d'époque "superflus" qui auraient pu limiter les performances; donc pas de rétros, ni ...de butoirs de parechocs(!), par exemple

Il y a eu différents modèles de rétros.
Comme ils n'étaient pas d'origine, il n'y a pas vraiment de pbs de conformité.
Les rétros obus comme ceux sur la mienne ont plutôt été utilisés aux US (ma voiture a été vendue neuve en Californie).

Les premiers rétros n'avaient pas de surface de réflexion convexe.
Et s'ils ne sont pas montés suffisamment près du conducteur (par exemple sur les ailes du capot comme sur ma voiture), ils ne servent pratiquement à rien.

C'est pourquoi j'ai demandé à ce qu'on les repositionne sur la portière (entre la portière et le capot ils seraient masqués par le montant de parebrise, et en plus les perçages de carrosserie à cet endroit risquent de faire entrer de l'eau dans un corps creux).
J'espère que le montage sera à la fois esthétique et fonctionnel, à voir.

Beau boulot.
Vous êtes vous fixé une dead line pour la fin des travaux (à deux ou trois ans près bien sur.... ) ?
Histoire de planifier un go fast avec tes deux bagnoles pour traverser la France pour Genève (et l'Italie pour l'Indy)...
Avec halte champagne à Muizon, puis Gueux....

Valenti m'a dit que d'ici 2 semaines on pourrait commencer à mettre le "filler", enduit final avant peinture.
D'expérience, je n'y crois pas vraiment.

Déjà, on est loin d'avoir fini le travail préparatoire de ponçage, il reste encore les dessous et le dessous du capot.
En plus il y aura tous les ajustements de carrosserie à faire avec les parechocs et les feux divers.
Et il arrive souvent des urgences en carrosserie qui obligent à suspendre le travail.
Au doigt mouillé, je serais content si la peinture et la pose des vitrages sont faits avant l'été.

Mais pour terminer les travaux, encore faudra-t-il que les pièces à rechromer (parechocs, entourages de feux, baguettes, etc.) aient pu être réalisées et reposées avec leurs joints.
Or en Belgique il n'y a plus que deux ateliers de chromage, paraît-il, et les délais peuvent parfois être très très longs!
Donc, comme tu dis, la voiture "pourrait" être finie cette année, ...à une année près

Mais c'est satisfaisant de voir que ça avance

Edit: j'oubliais aussi de préciser qu'une fois la peinture faite je dois encore réaliser moi-même certaines pièces d'intérieur (à recouvrir de vinyle ou de cuir après avoir traité le métal par exemple), poser tous les revêtements et panneaux intérieurs, y compris le ciel de toit, remonter tous les accessoires...