Maseratitude

Jochen Rindt dans la nouvelle T 86 qui ne sera malheureusement prête que pour le Grand Prix d'Angleterre 1967, soit à la mi-saison. L'admission se fait désormais par le centre du V et les pipes d'admission droites et gauches sont beaucoup plus proche que sur le V12 Maserati 1966.

Le prototype T 86 (ex Rindt qui a ensuite appartenu à Vic Elford) fut mis en vente récemment. On dispose de belles photos. La T 86 se reconnaît facilement car elle est beaucoup plus fine que la T 81, a des ébauches d'ailerons avant, des jantes pleines et le moteur Tipo 10 à admission centrale. La T 86 est en alliage Elektron et pèse 560 kg soit 30 de moins que la T 81 en aluminium.

Les réservoirs d'essence sont toujours de part et d'autre du pilote, dans l'arrondi du fuselage malgré sa finesse, plutôt vers le bas, enrobant le corps et les genoux du pilote qui était assi-demi allongé dans une "baignoire d'essence" :

Le moteur Tipo 10 se reconnaît à son admission au centre du V :


Notez les freins avant, toujours déportés en "hors roue", et les solides demi-arbres de transmission.

Les 2 bougies par cylindre ne sont plus disposées entre les arbres à cames comme dans le moteur Tipo 9, mais latéralement, près de l'échappement. Une gaine ignifugée protège les cables allant des distributeurs aux bougies. A noter les petites courroies d'entraînement des distributeurs et le mini appui-tête !

Tout le début de saison 67 se disputa sur la vieille T 81 animée par le moteur Tipo 9. Ce n'est qu'à Silverstone, à la mi-saison, que la T 86 fit ses débuts avec une version nez tronqué (image en bas à gauche). Elle est franchement plus belle avec le nez long à Monza (en bas à droite)

Au Canada 1967, Rindt a eu une version hybride (coque T 86 mais vieux moteur Tipo 9) :

Apparemment, il y eut aussi des hybrides inverses : moteur Tipo 10 dans coque T 81 ! Ici c'est le tout jeune belge Jacky Ickx qui, à 22 ans, termine 6ième à Monza 1967 et rentre dans les points (1 point) pour sa première course de Formule 1 !







Ickx en léger drift dans la parabolica

A ce même Grand Prix de Monza 67, Rindt terminera 4 ième sur la T 86 moteur Tipo 10





quelle finesse cette T 86 nez long !





De nos jours en configuration Monza 1967, la T 86 avec le numéro 30

La T 86 a le nez court au Nurburgring 67 :




Elle est franchement plus belle en nez long !

Du fait du grand retard de l'entrée en jeu de la T 86, les résultats de la saison 1967 furent plus mitigés que ceux de la saison 1966 avec des 4ièmes places de Jochen Rindt à Monza et à Spa et une 5ième place de Pedro Rodriguez à Monaco (après sa victoire à Kyalami en début de saison). Malgré tout, Cooper-Maserati finit encore 3ième du championnat constructeur 1967 derrière Lotus et Brabham.

Les écuries privées qui avaient acquis des T 81 en 1966 disputèrent la saison 1967 avec ces mêmes voitures (coque T 81 et moteur Tipo 9) avec souvent des classements à la limite des points plutôt meilleurs qu'en 1966 (Jo Siffert marqua 6 points contre 3 en 1966, Jo Bonnier en marqua 3 contre 1 seul en 1966).

Ici Jo Bonnier au Grand Prix du Canada 1967 :

Ici Jo Siffert décolle au Nurburgring 1967




Jo Siffert avec ses splendides échappements chromés à Mexico 1967 (cliché de Bernard Cahier)




Magnifique image d'Alan Rees et Jo Siffert, tous deux sur T 81, au Grand Prix d'Angleterre 1967

Dick Attwood, aussi du Rob Walker Racing Team, au Canada 1967. Il a les jantes (mais que les jantes) de la T 86




Jo Siffert au Canada 1967, avec son échappement splendide !




Jo Siffert (dont on reconnait le casque rouge) à Spa 1967 (cliché Bernard Cahier dont vous reconnaissez la signature mythique).

Encore Jo Siffert (Seppi a un grand fan club en Suisse, on trouve pas mal de photos) mais je ne sais plus où ?

Cependant, à la fin de cette saison, le moteur Maserati arrivait vraiment au maximum de son développement après 10 ans de bons et loyaux services depuis la 250 F Telaio 2 de 1957. La casa Maserati, ne disposant pas des finances suffisantes pour élaborer un nouveau moteur, fut contrainte à faire ses adieux au monde de la formule 1 à la fin de l’année 1967, exactement 10 ans après son sacre de 1957 sur la 250 F de Fangio.

Resteront le souvenir et les images sublimes de ces belles Cooper-Maserati. Ici la T 86 avec son petit aileron avant :









Ce reportage est dédié à la mémoire de Jochen Rindt, Pedro Rodriguez, Jo Bonnier et Jo Siffert qui trouvèrent tous la mort en course automobile dans les années suivantes (1970 à 1972). Jochen Rindt fut le seul champion du monde de Formule 1 sacré à titre posthume, ayant accumulé assez de points pour remporter le titre 1970 malgré son décès à Monza sur Lotus. Temps héroïques, mais temps dangereux ! La passion et le courage de ces pilotes étaient immenses.

Bonsoir à tous. Malgré les derniers mots ci-dessus, ce post n'est pas un "lieu saint" ! N'hésitez pas à exprimer vos émotions si ces autos vous plaisent. Que ces exploits nous fassent vibrer presque 50 ans après est le meilleur hommage que l'on puisse rendre à ces braves.

Pour détendre l'atmosphère et faire couler l'adrénaline "competizzione", deux video de la T 86 et de son moteur, entièrement refait en 2008 :

http://www.youtube.com/watch?v=tqzl1Yk_pko

http://www.youtube.com/watch?v=HOySs9kyaqw

Quelques images de la Cooper-Maserati T 81 de Guy Ligier qui fut en vente il y a quelques temps :














La même en 1966 à Monaco avec Guy Ligier au volant :

je remonte ce sujet en tombant sur un sujet ailleurs (photos reprises d'autres sites visiblement). J'ignore l'histoire en détail mais ces F1 fines avant l'arrivée des ailerons sont sublimes et le son du v12 Maserati est magnifique. FInalement bien méconnu ce moteur.
http://srmz.net/index.php?showtopic=8731&st=30

Merci à tous pour ce beau sujet ! Il est déterré à point nommé : je viens de lire un article "hommage" à Guy Ligier dans Sport Auto d'Octobre 2015, avec une photo noir-blanc de Guy Ligier pilotant sa Cooper-Maserati au GP de France de F1 1966.