Maseratitude

Aucun doute sur la qualité des Maserati électriques dont les avis qu'on peut lire un peu partout sont plutôt très bons. Là où je m'interroge un peu, c'est sur le profil des acheteurs et leur intérêt pour ce type de propulsion sur une GranTurismo.
Autant je rejoins CBi sur le segment des grandes berlines de luxe où l'électrique fait sens hormis pour les quelques utilisateurs qui parcourent régulièrement de longues distance (qui ne sont pas je pense la majorité), autant sur une auto typiquement "plaisir", est-ce que l'acheteur lambda ne préfèrera pas le moteur thermique et tout ce qui va avec. D'où mon interrogation : qui achète une GranTurismo neuve aujourd'hui et pour quoi faire avec ?

Certes, c’est ce que déplore l’article de Challenges, mais il nous dit qu’on a tort de snober l’électrique, avec de sérieux arguments : 325km/h, un toucher de route unique, Paris-Turin avec un seul arrêt de 22mn.
Pour moi le principal facteur de changement est l’autonomie : aujourd’hui la Mercedes EQS = 800km d’allonge avec moins de 30mn pour recharger à 80%, moins de 10mn pour recharger 100km.
A comparer avec une Mercedes S500 qui doit refaire le plein après 750km.

La question fondamentale est : Est-ce possible avec un parc de 40 millions de voitures en France et plus de un milliard dans le monde ???

Ça c'est une autre question et Carlos Tavares a été très clair là-dessus dans la très intéressante conférence qu'il a donnée à Centrale-Supélec en septembre =
- les élus européens ont décidé un passage au tout électrique, qui nécessite des efforts d'investissement très importants.
- en tant qu'entreprise légaliste, Stellantis se conforme à cette décision, s'adapte pour avoir les meilleurs véhicules électriques de l'industrie, et la rentabilité qui permet de financer ces investissements.
- mais en tant que citoyen de la planète, on peut effectivement douter de l'impact qu'auront à court terme les 10, 20 ou peut-être 50 millions de voitures électriques neuves vendues par an face aux 1.4 milliard de véhicules thermiques en circulation. (voir vidéo à partir de 14:22).

Il n'en reste pas moins que pour les voitures de luxe et de plaisir, comme le sont les Maserati, la propulsion électrique est sans doute très adaptée.

Communiqué de presse de Stellantis le 31 juillet =
Stellantis n'a pas l'intention de vendre la marque au Trident, pas plus qu'elle n'a l'intention de regrouper Maserati avec d'autres groupes de luxe italiens.
Stellantis réaffirme son engagement inconditionnel en faveur de l'avenir prometteur de Maserati, seule marque de luxe parmi les 14 marques de Stellantis. Maserati est en phase de transition vers l'électrification avec le programme Folgore BEV : aujourd'hui, la marque au Trident propose les GranTurismo et GranCabrio en versions ICE et BEV, la Grecale en versions ICE, mild hybrid et BEV, tandis que nous confirmons que les successeurs de la Quattroporte et de la Levante sont également en cours de préparation.

Les déclarations faites à cet égard ne s'inscrivent pas dans le contexte de la stratégie de Maserati dans le cadre du plan stratégique à long terme « Dare Forward 2030 » de Stellantis.

La mission de Maserati est d'écrire l'avenir de la mobilité en offrant les meilleures performances dans le segment du luxe, en se concentrant sur les désirs de ses clients. Pour atteindre ses objectifs, la marque s'adresse à un public très spécifique. C'est pourquoi Maserati met en œuvre une série d'initiatives visant à étendre sa présence sur le marché mondial, à renforcer son image de marque et à souligner le caractère unique de ses produits. Maserati est confronté à un défi majeur et doit rester concentré sur ses objectifs dans les mois à venir.
Stellantis réaffirme son engagement envers son large portefeuille de 14 marques emblématiques et souligne que chacune d'entre elles a un horizon de 10 ans pour construire une activité rentable et durable, tout en reconnaissant que la volatilité du marché et les situations temporaires peuvent entraîner des fluctuations.

Je suis vos échanges avec beaucoup d'intérêt, d'ailleurs merci pour le partage.
Électrique ou non, ce que je conclus du post de cbi ci-dessus c'est que si maserati n'est ni rentable ni durable d'ici 10 ans on a peut-être du souci à se faire

Effectivement, merci pour vos échanges et le partage de ces informations.
Perso, quand je lis que : "La mission de Maserati est d'écrire l'avenir de la mobilité", ça ne me fait pas rêver. C'est vraiment une mission très terre à terre, pas vraiment glamour.

Les résultats de juillet sont publiés =
- en France, 10 voitures immatriculées en juillet, ce qui met le total annuel à 55 (-33%). L'effet du malus certes, mais Ferrari vend 36 voitures ce même mois et arrive sur l'année à +12% de progression.
- au Japon, on reste sur la tendance du mois de juin = bien mais en retrait par rapport au très bon mois de juillet 2023 = 83 véhicules livrés. Total depuis janvier à 742 voitures = -6% là où Ferrari est à +9%, ayant vendu 175 voitures en juillet.

John Elkann, président de Stellantis et Ferrari, de passage à Paris à l'occasion des Jeux, était interviewé ce week-end par la chaîne américaine CNBC.
Il n'a pas parlé de Maserati, mais ce qu'il a dit de Ferrari est intéressant. La firme de Maranello est pour lui différente des autres constructeurs automobiles à au moins deux titres =
- tout d'abord, la liste d'attente qui fait que tous les modèles qui sont sur la chaîne d'assemblage sont déjà vendus depuis longtemps.
- par ailleurs, il est accordé beaucoup d'importance à favoriser un développement contrôlé de chaque marché. Par exemple, la Chine, pourrait si on ouvrait grand les vannes absorber des volumes plus importants, mais est volontairement à ce stade de développement limitée à 12% des ventes mondiales.

Bref une stratégie de produit de luxe déjà bien établi, qui montre le gap existant avec la situation de Maserati aujourd'hui.