Gianni a écrit :Suis tout à fait d’accord, la Countach jeune était très séduisante, et puis, l’âge venant, elles s’est épaissie, et mon regard s’est détourné...
Effectivement à l'époque (bénie), Lambo se renouvelait à chaque fois, un peu comme les Beatles qui ne voulaient jamais "refaire comme".
Les dix années d'or, dixit Sgarzi, responsable des ventes pendant 30 ans, ont été les années Ferruccio (en gros 63-73),
de la "classique" 350 GT (mais up to date niveau technologie, 4 roues indépendantes, 4 disques, 4 arbres à cames en tête, V12),
jusqu'à la futuriste Countach, en passant par Miura, Marzal, Espada (première GT 4 place à ligne de sportive), Urraco (première
GT 4 places à moteur central, avant GT4 et Merak), et enfin Countach, qui n'est pas une super Miura, mais autre chose, en passant
par les plus classiques 2+2 (Islero et Jarama).
A l'époque une nouveauté chaque année, une auto durait rarement plus de 5 ans.
Pour la Countach, le leit motif était efficacité : Mécaniquement, tout est ramené dans l'empattement, pour éviter les porte à faux:
Moteur longitudinal boite à l'avant (évitant une tringlerie, mais obligeant à un arbre qui retraverse jusqu'au différentiel), et radiateurs
ramenés derrière les portes, évitant ainsi aussi que l'air chaud sortant d'un radiateur avant ne "chauffe" le pare brise, comme c'est le cas
sur la Miura et l'Urraco. Pour cette dernière, ils sauront évoluer avec les variantes targa Silhouette et Jalpa, en inversant la tole à l'avant
qui guide l'air chaud SOUS la voiture, et le petit capot avant devient plat, sans nervures.
Pour le style de la Countach, efficacité encore: Gandini avoue s'être un peu inspiré de la Lola T70, avec son avant pointu et l'arrière
quasi horizontal, en reprenant bien entendu des tics et des idées de ses créations précédentes: Carabo et Stratos O.
Mais il a adouci les formes, pour que rien n'arrête les flux d'air, du nez pointu comme une lame, à l'arrière qui s'étire, avec les ailes en torsade.
C'est pourquoi le refroidissemement se fait par les petites louvres latérales et des radiateurs horizontaux (qui s'avéreront bien
insuffisants dès les premiers essais de développement, entraînant l'ajout des prises naca et boites à air, avec des radiateurs verticaux
face à la route). Pas de rétros extérieurs, le "périscope" du toit étant censé amener une vue panoramique. Et au repos, les essuies glaces
sont cachés sous le haut des ailes avant. Le tableau de bord futuriste était très simplifié: juste deux compteurs principaux, et deux voyants
orange et rouge, et un petit plan vu de dessus de la voiture, avec des points lumineux.
En cas de pb, si le voyant orange ou rouge s'allumait, un point s'allumait sur le moteur ou l'organe concerné, orange si pas
grave, rouge si arrêt immédiat. Le tableau de bord simplifié, et à gauche l'indicateur en question:
Bob Wallace traduisant cela en un péremptoire "the car was conceived with only one thing in mind: to go like hell, and nothing else mattered".
La seule chose qui ait un peu bloqué le programme, c'est l'équipement pneumatique disponible. Les P7 sont apparus au milieu des années 70,
et Dallara a été rappelé comme consultant, pour faire évoluer la Countach. D'abord au travers des modèles spéciaux pour Walter Wolf,
le milliardaire austro canadien avec écurie de F1, avec jantes téléphone, P7 de 345 à l'arrière, élargisseurs d'ailes, spoiler et aileron.
Cela aboutira à la Countach LP 400 S, présentée en 78, avec des ajouts un peu mieux intégrés à la carrosserie. Giulio Alfieri, viré de Maserati
comme un malpropre par De To, sera embauché par les Mimran, et fera évoluer la Countach, en 500 (4,8l), les premières LP 400 de prod
étant restées au 4l, puis 5000 (5,2) Quattrovalvole, 455 CV.... cela finira avec l'anniversaire (25 ans), produite entre 88 et 89.
La Countach a permis à elle seule la survie de Sant'Agata, car elle pouvait être produite quasi intégralement à l'Usine (Carrosserie formée
à la main, fixée sur un chassis Marchesi), ce n'étaient pas des caisses sous traitées à un carrossier.
Je suis bien d'accord avec Storm, l'usine n'a pas su se "réinventer" comme avant. La Diablo n'est qu'une super Countach, et l'Aventador
pourrait s'appeler Countach IV. Le Concept n'est donc pas mauvais (monocorps à portes élite et V12 en long), mais bon... Les temps
sont différents, aussi.
Une des rares innovations aurait pu être fin des années 80: en 88, à Genève, Bertone présente le Genesis dessiné par Marc Deschamps,
à motorisation V12 (récupéré sur une Espada): un "ludospace" avant la lettre, portes avant ouverture papillon, portes latérales coulissantes, V12 avant sous les sièges.
Elle ne me faisait pas rêver à l'époque, mais mine de rien, c'était un peu l'étape suivante: après avoir eu une Miura ou Countach, puis
une Espada avec les enfants, on finit par chercher un engin rapide mais pratique... De plus: compacte (comparée aux SUV actuels), 6 places avec des sièges modulables...
On peut se dire bof, mais quand on voit ce qu'est devenu le parc actuel: une voiture sur deux est un SUV, elle était très en avance sur
son temps...
La Countach est elle-même très compacte: 4m20, mais large (1m90 les LP 400, 2 m les S)