Valenti est complètement booké pour le moment, je dois attendre qu'il me rappelle pour emmener l'Indy se faire revitaliser.
Hier j'ai donc décidé de refaire une petite sortie pour à nouveau tester, évaluer et comprendre ce qui se passe avec mon système de freinage.
Au moment de quitter le box, nouvelle petite frayeur avec la pédale d'embrayage qui ne revient pas quand je lève le pied

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Fausse alerte heureusement, après plusieurs essais le retour se fait correctement.
J'avais d'ailleurs noté avant de redémarrer qu'il n'y avait eu aucune fuite ni sous la voiture ni sous les pédales.
Après la balade d'aujourd'hui, je note quelques épanchements seulement sous les pédales mais très limités, signe donc que la fuite dans ce circuit-là est limitée et sous contrôle.
De toutes façons, un check-up de ce circuit devra être fait par Valenti.
Le freinage maintenant.
Conduite avec bcp de marges de sécurité dans mes distances et avec la vitesse.
Je constate toujours le clignotement, trop fréquent à mon avis, des deux voyants rouges de freinage, signe qu'il manque qqch dans le circuit, sans doute de la pression dans le LHM (je pense qu'il n'y a des sondes que dans la partie LHM, la partie azote étant scellée).
Je constate aussi que le disjoncteur claque (c'est normal), mais à mon avis trop souvent.
L'allumage des voyants et les claquements ont lieu dans les mêmes périodes de temps, mais pas nécessairement au même moment, sans que la correspondance ne soit facile à interpréter

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Alors, plus de détails maintenant pour ceux que ça intéresse

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D'abord un éclaté du Conjoncteur-Disjoncteur (CJDJ) et de sa réserve de gaz (l'accumulateur).
Le CJDJ est un composant sur lequel est vissé une sphère-accumulateur qui va stabiliser la pression pour tout le reste du circuit.
Puis une explication du principe de fonctionnement du CJDJ avec le schéma ci-dessous:

- schéma CJDJ.jpg (9.02 Kio) Consulté 2118 fois
La membrane sépare la partie scellée contenant l'azote rempli en usine (en blanc dans le schéma) du LHM (en vert) qu'on peut à volonté remplir ou purger.
Le CJDJ est un système d'aiguillage sophistiqué qui va envoyer, via un système de canalisations, de vannes et de pistons asservis à des ressorts de rappel (en rouge), le LHM en provenance de la pompe HP soit vers son accumulateur (utilisation; tant que sa pression est inférieure à un certain seuil, environ 140 bars) soit vers le réservoir de LHM (retour; quand la pression de la sphère atteint un autre seuil, environ 170 bars).
La bille indiquée en 5 sur ce deuxième schéma est différente de celle en 4 dans dans le schéma précédent (celle de purge du LHM, ici située en 6). Elle obture la canalisation permutant les flux de LHM dans le CJDJ et reste appuyée (elle vient claquer) contre une butée tant que la pression dans le LHM n'atteint pas 145 bars.
Au repos, il y a 60 bars dans l'azote d'un accumulateur neuf, mais la pression du LHM, et donc de l'azote, est en principe maintenue par la pompe dans la fourchette 140-170 bars lorsque le système fonctionne.
La réserve de gaz permet à la pompe de ne travailler que par intermittences pour ajuster la pression dans le circuit quand c'est nécessaire, notamment au démarrage du moteur pour atteindre la pression nominale.
Un accumulateur qui a trop perdu d'azote avec le vieillissement, ou encore défaillant, ne jouera plus son rôle d'amortisseur (à cause d'une pression de repos inférieure à 15 bars typiquement, avec peu de gaz et une membrane trop plaquée contre le haut de la sphère).
Le CJDJ et la pompe LHM seront alors trop sollicités pour réguler, ce qui peut conduire à des pressions hors specs dans le circuit et à un fonctionnement erratique du CJDJ.
L'allumage des voyants et les claquements semblent donc bien indiquer une situation de ce genre, corroborée par la grande probabilité que mon accu de CJDJ soit d'origine, donc quasiment vide d'azote

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Mon erreur à ce sujet (mais je ne connaissais alors rien du fonctionnement d'un tel circuit hydraulique) aura été de croire qu'en reconditionnant (réfection des membranes et remplissage d'azote) les deux sphères de freinage AV et AR qui sont des composants supplémentaires en aval dans le circuit , le circuit de freinage LHM avait été reconditionné

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Mais le cœur du système est bien le CJDJ avec son accumulateur (qui lui ne se reconditionne pas et qu'il faut changer s'il est trop vieux).
A l'époque, Citroen n'utilisait pas de membranes "multicouches" (particulièrement étanches et résistantes à la perte d'azote au cours du temps), ce qui conduisait à une perte de gaz pouvant atteindre 10% par an suivant l'utilisation.
On comprend bien alors qu'au bout de 40 ans, utilisation ou pas, la perte d'azote par diffusion à travers la membrane fait que l'accu est HS. A changer, donc!
Aujourd'hui, grâce à la poursuite de l'utilisation de l'hydraulique dans des véhicules plus récents (Xantia par exemple), Citroen a développé des sphères et accumulateurs dotés d'un design amélioré et de membranes multicouches associant plusieurs matériaux ayant chacun une fonction ad-hoc (étanchéité ou résistance mécanique), avec une perte de gaz réduite à environ 1% par an et une durée de vie supérieure à 15 ans et 150.000 km:
Malheureusement tous les accus et sphères de l'époque DS/SM (avec différents modèles et specs en termes de volume et pression, adaptés à leur fonction: accu, freinage, direction, ou encore suspension) n'ont pas été reproduits avec la techno multicouches.
En particulier le CJDJ qui a été installé dans l'Indy, apparemment de 450 cc et 62 bars comme dans les DS ou SM de l'époque, n'a pas été refabriqué en multicouches, ce qui oblige à choisir entre deux modèles de sphère/soucoupe compatibles en termes de fonction et culot de vissage sur le CJDJ:
- soit une "soucoupe" de 385 cc et 62 bars;
- soit une "sphère" de 450 cc et 70 bars.
On comprend bien qu'en jouant sur le volume et la pression, on aura un réserve d'amortissement différente.
Pour les suspensions, ça se manifestera par un amortissement plus ou moins raide.
Pour le CJDJ, peut-être par un fonctionnement en cycles plus ou moins longs pour la pompe du circuit LHM et un toucher de pédale de freinage (course, fermeté) différent.
Sur les forums Citroen, il est plutôt recommandé de remplacer l'accu de CJDJ original par le modèle plus balèze, càd le 450 cc/70 bars.
Sinon il y a encore l'alternative de monter des modèles d'accu non-OEM développés par d'autres fabricants pour remplacer les sphères Citroen, mais n'utilisant pas la technologie multicouches et ayant une durée de vie bcp plus courte (entre 3et 8 ans, typiquement, selon le type de membrane):
Il faudra que j'en discute avec Valenti et que je m'assure qu'il a un sous-traitant compétent, spécialiste d'hydraulique Citroen.
Mais il y a certainement plus que l'accu de CJDJ à changer...
Le comportement au freinage indique en effet qu'il y a sans doute de l'air dans le circuit LHM.
En effet, j'ai noté un décalage subtil entre le moment où j'appuie sur la pédale et celui où je perçois le tirage dans la direction, ce qui pourrait correspondre au temps nécessaire pour que la montée de pression dans le circuit permette à l'air de se comprimer, avant que le LHM incompressible ne puisse transmettre efficacement la pression aux plaquettes dans les étriers.
Donc d'emblée il faudra faire une purge soignée de l'ensemble du circuit de freinage, sur les quatre étriers.
A ce sujet, il m'a été signalé qu'il faut veiller à faire une purge lente pour éviter de faire mousser le LHM, ce liquide étant particulièrement sensible à la formation de mousse très fine quand la purge pour éliminer l'air est trop rapide; ce qui piège donc l'air au sein du liquide...
Et on n'a pas fini

, je ne serais pas surpris qu'il y ait aussi un problème de grippage des pistons dans les étriers, ce qui pourrait expliquer les bruits de frottement (genre plaquette/étrier) que j'entends à faible vitesse, notamment lors de changements de direction.
Peut-être que certains pistons ne coulissent pas correctement dans les étriers et qu'une réfection (des kits existent) est nécessaire.
Bref, au moins trois causes possibles (et probables) à investiguer sérieusement rien que pour le freinage, y a encore du boulot!
Et avertissement sans frais aux amateurs d'hydraulique dans les bagnoles
