Maseratitude

Ce coupé 450S Costin est exceptionnel car il s'agit d'un exemplaire unique et qu'elle fut longtemps, jusqu'à la Quattroporte V dessinée par Ken Okuyama pour Pininfarina, la seule Maserati à ne pas avoir été dessinée par un italien.



1957 fut une année mémorable pour Maserati : Juan Manuel Fangio devenait champion du monde de Formule 1 au volant de la 250F alors que la 450S manquait de peu le sacre en voitures de sport. Au Mans 1957, Maserati avait engagé une 450S aux mains de Juan Manuel Fangio et de Jean Behra et en avait proposé une seconde à Stirling Moss. Ce dernier, que Omer Orsi (le patron de Maserati) tenait absolument à avoir comme pilote au Mans, accepta à condition que sa Maserati ait une carrosserie signée Franck Costin. En effet en 1957, si Stirling Moss avait l'habitude de piloter des Maserati en course de voitures de sport, il était surtout pilote de formule 1 chez Vanwall. C'est Franck Costin, ingénieur en aérodynamique chez le constructeur d'avions De Havilland, qui avait dessiné la formule 1 Vanwall et que Stirling Moss imposa à Omer Orsi.



Le dessin de cette originale Maserati naquit donc en Angleterre même si la carrosserie fut réalisée selon les plans de Costin par Zagato à Milan qui l'installa sur un châssis de 450S (#4506). Tout ceci en grande hâte pour le Mans 1957. Malheureusement, le temps manquant, la mise au point avant la course fut des plus succinctes




Cette auto impressionna visuellement énormément public et journalistes à tel point qu'on la surnomma "le monstre" et que tous la voyait remporter le Mans 57.

Cependant, le "monstre" était quasiment inconduisible, émettait des vibrations énormes et l'habitacle était surchauffé par le gros V8 4.5 litres dont la chaleur n'était pas assez évacuée vers l'extérieur. Stirling Moss regretta amèrement de ne pas être dans une barquette 450S et eut toutes les peines du monde à maintenir son auto à la seconde place de la course pendant quelques heures avant de jeter l'éponge sur bris de transmission et d'aller prendre un bain.


Ci dessus la 450S Costin stradalisée. Guerino Bertocchi avec le journaliste Hans Tanner. Ci dessous dans les allées de l'usine Maserati de Modena :


"Le monstre" qui avait tant déçu fut remisé dans un coin de l'usine Maserati à Modène sans moteur ni roues puis fut achetée en 1958 par un amateur américain qui la fit transformer en une granturismo à vocation routière. C'était à l'époque la voiture de route la plus rapide du monde. Ce modèle unique existe toujours, dans un état de restauration exceptionnel.













berlinette Costin et barquette 450S réunies 55 ans après :

Très impressionant!!

Merci

Ce modèle unique et historique écume les concours d'élégance :

Oh la la ! Quel bijou ! une pure beauté !

J'ai retrouvé quelques photos de la 450S Berlinette Costen (ou Costin selon les sources) au Mans 1957 :


Elle était rouge pour cette course






Son pilote, Stirling Moss, accoudé au "Monstre"

Sans doute la première photo de la transformation de la 450S Berlinette de course en "Granturismo stradale" . On est en 1958, dans la cours de l'usine Maserati via Ciro Menotti. Hans Tanner avec le "mythique" mécanicien, essayeur, metteur au point châssis, Guerino Bertocchi :

Guerino était réputé pour sa casquette éternellement vissée sur la tête, son embompoint et une grande sobriété en paroles !
Tous les éléments esthétiques de la GT la plus rapide du moment étaient déjà présents : grille d'extracteur d'air et carénage de l'échappement en bas de caisse chromés, parebrise en une seule pièce bombée (à la différence de la voiture de course), vitres latérales courbées, petites lucarnes latérales arrière :

Cette voiture qui dépassait les 280 km/h, était à la fin des années 50 la routière la plus rapide du monde !

mais elle était tout aussi à l'aise devant un palace

Quand elle était machine de course, la Berlinette Costen avait le volant à droite pour l'équilibre des masses car, la plupart des circuits tournant en sens horaire, il y a plus de virages vers la droite :


Devenue routière sportive de luxe pour le compte d'un américain, elle se "drive" de la gauche :
[

Elle est terrible :

en bonne compagnie entre MC12 et Bora :

retrouvailles avec la 450 S barquette :


avec Birdcage 64 à moteur central


avec Birdcage 64 , 300S, 200S, 26 M et, en arrière plan Birdcage 61

une merveille

Maserati 450S Costin Zagato , par Christian Moity.



Extrait de la revue " L'Automobile Magazine " n° 426 décembre 1981 .