Il Doppio Tridente - l'histoire du double trident
Publié : dim. 2 févr. 2025 10:37
(cette série de posts est la version française d'un article à paraître dans le magazine Passione, revue du Maserati Club Japan).
Les origines
L’histoire du logo symbole de la marque Maserati est bien connue : projetant à l’hiver 1925-26 de réaliser une voiture pour la première fois sous leur marque les frères ont fait appel à Mario, cinquième des 6 frères Maserati, le seul à ne pas être impliqué dans la course automobile : il aimait plutôt les arts et étudiait à la Academia Brera. Alfieri lui a demandé à créer une image qui représentait le produit qui porterait le nom de famille Maserati sur les routes de l'Italie et au-delà. La légende raconte que Mario a marché dans Bologne à la recherche d’une inspiration, et a fini par arriver sur la Piazza Maggiore, dominée depuis 1566 par la statue de Neptune tenant un Trident. Le dessin de Mario Maserati fut immédiatement adopté et transformé en un badge, placé sur la première Maserati, la Tipo 26, en haut du radiateur, comme c’était alors l’usage.
Ce logo fut ensuite utilisé sur toutes les Maserati, jusqu’à ce que Maserati inaugure un nouveau dessin de forme ovoïde, pour souligner l’innovation technologique réalisée pour la catégorie 1100cc : un châssis utilisant des poutres métalliques de section ovale pour plus de légèreté. Il semble que le prototype expérimental à traction avant 4CTR fut le premier à porter le logo ovale, dès 1931, puis toutes les 4CM, 4CS (photo)… de la catégorie 1100.
Les 2 logos ont coexisté avant que l’ovale, embelli des couleurs bleu et rouge symboles de Bologne, ne soit généralisé en 1933.
Avec l’évolution du design des voitures éliminant le radiateur comme élément extérieur, ce logo ovale est passé sur l’avant du capot moteur, où il figure jusqu’à nos jours.
Deux logos à l’avant de la voiture
L’originalité de Maserati est cependant d’avoir aujourd’hui, sur tous les modèles, un deuxième trident placé en face avant. C’est Matteo Panini qui m’a donné l’explication de ce doublon, lors de la visite du Maserati Club Japan à Modena en octobre 2024.
La légende automobile italienne s’est construite autour de courses sur routes ouvertes, à commencer par la Targa Florio créée en 1906, et bien sûr les Mille Miglia à partir de 1927. Alors qu’en France l’hécatombe du Paris-Madrid en 1903 (10 morts entre Paris et Bordeaux, dont le constructeur Marcel Renault) conduit les autorités à privilégier les courses sur circuit, les courses sur route italiennes attirent un très large public dans toute l’Europe et deviennent après la Seconde Guerre Mondiale un enjeu de communication pour les marques automobiles. Problème : les voitures n’ont pas à l’époque des logos de sponsors pour différencier les différentes équipes. Les couleurs sont définies par le pays du constructeur: rouge pour l’Italie, bleu pour la France, argent pour l’Allemagne,… Comment faire pour que le public massé au bord des routes puisse reconnaître sa marque favorite sur les voitures qui passent à grande vitesse ?
C’est semble-t-il Mercedes-Benz qui trouve le premier l’idée : placer un logo de grande dimension sur l’espace le plus visible des voitures d’alors = le radiateur. Certains expliquent que ce fut pour Mercedes une évolution naturelle, puisqu’il y avait déjà depuis la fusion avec Benz d’une certaine façon 2 logos sur les voitures de Stuttgart : l’étoile du bouchon de radiateur, et l’étoile entourée de la couronne de lauriers de Benz, en badge sur le haut du radiateur.
Toujours est-il qu’aux Mille Miglia de 1952 apparaît pour la première fois la 300SL, avec un logo en étoile de large dimension sur le radiateur. Le modèle W194 de 1952 n’a pas de deuxième logo sur le capot, mais son successeur W198 de 1954 arbore pour la première fois un double logo = le badge habituel sur l’avant de la carrosserie et l’étoile sur le radiateur.
Premiers double Tridents
On trouve chez Maserati des photos en 1952 d’une A6GCS, prototype réalisé pour la F2, présentant un mystérieux logo ABC au centre de la grille avant, en remplacement du « monofaro » phare central normalement monté sur ce modèle.
Il était aussi courant que Maserati frappe du Trident différentes pièces et accessoires, et on voit dans cette image de 1951 une voiture équipée de protections de grilles marquées, en plus du badge de capot. Mais, hormis ces exceptions, c’est pour Maserati en 1954 que la combinaison badge ovale sur le capot et trident en métal au centre du radiateur voit le jour.
En course, le double Trident n’est pas encore un standard = l’ A6GCS No 500 de Musso l’a adopté pour les Mille Miglia, mais pas la No 521 de Bertoni, qui reste fidèle à la grille du modèle 1953.
Toutefois, c’est bien l’année 1954 qui voit le Trident de radiateur devenir la norme, également en Formule 1. Ici à Reims au Grand Prix de France 1954, sur une 250F. Et ici au Grand Prix d’Espagne 1955, c’est toute l’écurie qui montre la combinaison badge de carrosserie + trident de radiateur. De même, aux Mille Miglia de 1955, le Trident semble bien en place sur ces A6GCS, bien que le dessin du cadre de fixation soit encore assez variable entre les voitures. Il est à noter que la tendance n’est pas suivie par Ferrari : le cheval cabré en métal sur la grille de radiateur en plus du badge rectangulaire jaune sur la carrosserie n’apparaît qu’en 1956 sur une Ferrari de route, et n’apparaitra en course qu’en 1960 avec les 250GT, sans que ça devienne la norme.
Chez Maserati au contraire, les carrossiers suivent la tendance avec enthousiasme et sur les modèles 1954, le trident de radiateur devient un élément de style.
Le premier à capter la nouvelle tendance est Pininfarina. Il présente son A6GCS-53 coupé au salon de Turin, au printemps de 1954 : un manifeste de design Maserati dont la grille de radiateur est le cœur,… avec un trident au centre de la grille.
Le Trident sur ces modèles est beaucoup plus travaillé que sur les premières voitures de course, où il s’agissait d’une simple silhouette découpée dans une feuille de métal.
Les origines
L’histoire du logo symbole de la marque Maserati est bien connue : projetant à l’hiver 1925-26 de réaliser une voiture pour la première fois sous leur marque les frères ont fait appel à Mario, cinquième des 6 frères Maserati, le seul à ne pas être impliqué dans la course automobile : il aimait plutôt les arts et étudiait à la Academia Brera. Alfieri lui a demandé à créer une image qui représentait le produit qui porterait le nom de famille Maserati sur les routes de l'Italie et au-delà. La légende raconte que Mario a marché dans Bologne à la recherche d’une inspiration, et a fini par arriver sur la Piazza Maggiore, dominée depuis 1566 par la statue de Neptune tenant un Trident. Le dessin de Mario Maserati fut immédiatement adopté et transformé en un badge, placé sur la première Maserati, la Tipo 26, en haut du radiateur, comme c’était alors l’usage.
Ce logo fut ensuite utilisé sur toutes les Maserati, jusqu’à ce que Maserati inaugure un nouveau dessin de forme ovoïde, pour souligner l’innovation technologique réalisée pour la catégorie 1100cc : un châssis utilisant des poutres métalliques de section ovale pour plus de légèreté. Il semble que le prototype expérimental à traction avant 4CTR fut le premier à porter le logo ovale, dès 1931, puis toutes les 4CM, 4CS (photo)… de la catégorie 1100.
Les 2 logos ont coexisté avant que l’ovale, embelli des couleurs bleu et rouge symboles de Bologne, ne soit généralisé en 1933.
Avec l’évolution du design des voitures éliminant le radiateur comme élément extérieur, ce logo ovale est passé sur l’avant du capot moteur, où il figure jusqu’à nos jours.
Deux logos à l’avant de la voiture
L’originalité de Maserati est cependant d’avoir aujourd’hui, sur tous les modèles, un deuxième trident placé en face avant. C’est Matteo Panini qui m’a donné l’explication de ce doublon, lors de la visite du Maserati Club Japan à Modena en octobre 2024.
La légende automobile italienne s’est construite autour de courses sur routes ouvertes, à commencer par la Targa Florio créée en 1906, et bien sûr les Mille Miglia à partir de 1927. Alors qu’en France l’hécatombe du Paris-Madrid en 1903 (10 morts entre Paris et Bordeaux, dont le constructeur Marcel Renault) conduit les autorités à privilégier les courses sur circuit, les courses sur route italiennes attirent un très large public dans toute l’Europe et deviennent après la Seconde Guerre Mondiale un enjeu de communication pour les marques automobiles. Problème : les voitures n’ont pas à l’époque des logos de sponsors pour différencier les différentes équipes. Les couleurs sont définies par le pays du constructeur: rouge pour l’Italie, bleu pour la France, argent pour l’Allemagne,… Comment faire pour que le public massé au bord des routes puisse reconnaître sa marque favorite sur les voitures qui passent à grande vitesse ?
C’est semble-t-il Mercedes-Benz qui trouve le premier l’idée : placer un logo de grande dimension sur l’espace le plus visible des voitures d’alors = le radiateur. Certains expliquent que ce fut pour Mercedes une évolution naturelle, puisqu’il y avait déjà depuis la fusion avec Benz d’une certaine façon 2 logos sur les voitures de Stuttgart : l’étoile du bouchon de radiateur, et l’étoile entourée de la couronne de lauriers de Benz, en badge sur le haut du radiateur.
Toujours est-il qu’aux Mille Miglia de 1952 apparaît pour la première fois la 300SL, avec un logo en étoile de large dimension sur le radiateur. Le modèle W194 de 1952 n’a pas de deuxième logo sur le capot, mais son successeur W198 de 1954 arbore pour la première fois un double logo = le badge habituel sur l’avant de la carrosserie et l’étoile sur le radiateur.
Premiers double Tridents
On trouve chez Maserati des photos en 1952 d’une A6GCS, prototype réalisé pour la F2, présentant un mystérieux logo ABC au centre de la grille avant, en remplacement du « monofaro » phare central normalement monté sur ce modèle.
Il était aussi courant que Maserati frappe du Trident différentes pièces et accessoires, et on voit dans cette image de 1951 une voiture équipée de protections de grilles marquées, en plus du badge de capot. Mais, hormis ces exceptions, c’est pour Maserati en 1954 que la combinaison badge ovale sur le capot et trident en métal au centre du radiateur voit le jour.
En course, le double Trident n’est pas encore un standard = l’ A6GCS No 500 de Musso l’a adopté pour les Mille Miglia, mais pas la No 521 de Bertoni, qui reste fidèle à la grille du modèle 1953.
Toutefois, c’est bien l’année 1954 qui voit le Trident de radiateur devenir la norme, également en Formule 1. Ici à Reims au Grand Prix de France 1954, sur une 250F. Et ici au Grand Prix d’Espagne 1955, c’est toute l’écurie qui montre la combinaison badge de carrosserie + trident de radiateur. De même, aux Mille Miglia de 1955, le Trident semble bien en place sur ces A6GCS, bien que le dessin du cadre de fixation soit encore assez variable entre les voitures. Il est à noter que la tendance n’est pas suivie par Ferrari : le cheval cabré en métal sur la grille de radiateur en plus du badge rectangulaire jaune sur la carrosserie n’apparaît qu’en 1956 sur une Ferrari de route, et n’apparaitra en course qu’en 1960 avec les 250GT, sans que ça devienne la norme.
Chez Maserati au contraire, les carrossiers suivent la tendance avec enthousiasme et sur les modèles 1954, le trident de radiateur devient un élément de style.
Le premier à capter la nouvelle tendance est Pininfarina. Il présente son A6GCS-53 coupé au salon de Turin, au printemps de 1954 : un manifeste de design Maserati dont la grille de radiateur est le cœur,… avec un trident au centre de la grille.
Le Trident sur ces modèles est beaucoup plus travaillé que sur les premières voitures de course, où il s’agissait d’une simple silhouette découpée dans une feuille de métal.