Maseratitude

La Khamsin : environ 430 exemplaires de 1974 à 1982

J'adore la Khamsin !







On peut être blasé des voitures, avoir tout vu, tout conduit, tout essayé, avoir cru que plus rien ne viendrait vous réveiller d’une torpeur émotionnelle. Si vous êtes dans ce cas, je vous assure qu’un regard sur la Khamsin peut vous ressusciter et rallumer votre flamme. Que dire alors concernant ceux dont le feu n’a jamais faibli ?

Comment succéder à un chef d’œuvre ? Ici la Ghibli I de Giugiaro :

Si beaucoup considèrent la Ghibli I de 1966 comme la plus belle des Maserati (et certains même la tiennent-ils pour la plus belle de toutes les voitures du XXième siècle, cela s'est écrit et s'est lu en mains endroits) sa jeune sœur Khamsin, qui a eu la lourde tâche de lui succéder, dégage un charme extrêmement saisissant, bien que différent :

La Khamsin semble plus ramassée et compacte que la Ghibli I. Elle est prête à bondir ...

Apparemment, certains ont préféré ne pas choisir entre les deux :


En plus c'est une Khamsin très spéciale avec un T roof :


ça lui va plutôt bien, je trouve.

Mais revenons à notre sujet ! Avec la Khamsin, on est moins dans la pureté académique et consensuelle des années 60 et plus dans l'esprit sauvage et la modernité des années 70 :

Elle tient de l'avion de chasse, cette auto, avec ses lignes acérées, particulièrement émouvantes à l'extrême arrière quand la courbe de la carrosserie, jusque là concave vers le bas, se redresse et change d'orientation, repoussant l'air vers le haut :

Il existe actuellement une petite polémique au sujet de la "paternité" des lignes de la Khamsin. Le génial et prolifique Giorgetto Giugiaro aurait, selon une rumeur récente non démentie, esquissé les traits de la Khamsin ? Mais l'acceptation classique la plus forte et reconnue est celle selon laquelle Marcello Gandini est le vrai père de la Khamsin, pour le compte de Bertone.

Marcello Gandini, avait déjà à son actif les Lamborghini Miura et Espada et travaillait simultanément sur la Countach quand il commettait la Khamsin . Alors chef de projet chez Bertone, il signait là, en 1973, sa première Maserati et, quand il ne découpait les passages de roue obliquement comme sur la Lamborghini Countach (ou plus tard sur les Maserati Shamal et Quattroporte IV), le grand Marcello ne pouvait s'empêcher de disposer un élément inhabituel voire choquant sur ses autos afin d'en accentuer le caractère. Sur la Khamsin, ce furent l'extracteur (pour la partie centrale et gauche) et la prise (pour la partie droite) d'air asymétriques sur le capot moteur, détail particulièrement frappant sur les modèles de couleur claire ou vive :

L'autre particularité esthétique de la Khamsin réside en sa poupe transparente, les feux arrière étant fixés sur une vitre transversale. L'idée première était d'améliorer la visibilité vers l'arrière lorsque le coffre à bagage est vide. Vu de l'extérieur, l'impression est un peu curieuse, inhabituelle et originale, pas déplaisante d'ailleurs et même élégante avec un set de malles de voyage assorties. Mais gare aux coffres mal rangés et adieu la confidentialité.

Le tableau de bord, moins transcendant que celui de la Bora, a un petit côté "aviation civile" très fonctionnel mais non dénué de charme :



Le volant à jante sombre est signé Nardi :


Tout bien rangé et un peu mystérieux pour le nouveau venu, comme dans un avion ! La première impression est celle d'une complexité mais on est très justement guidé par les dessins et les inscriptions en toutes lettres :

L'éternel V 8 Maserati tout aluminium, double-double arbre (2 par rangée de cylindres), carter sec, 4.9 litres anime ce fauve racé en un feulement d'une classe inouïe et d'une tessiture incomparable. La puissance de 320 cv autorise une vitesse de pointe de 280 km/h. Cette puissance est obtenue au régime relativement modéré de 5500 tours par minute. Assez curieusement, la Khamsin ne souffrait pas du même appétit gargantuesque que la Bora, pourtant équipée du même moteur, se « contentant » de 18 à 20 litres aux 100 kms. L’étagement de la boîte de vitesse, sans doute …Comme la Bora et la Merak, la Khamsin était équipée de l’assistance haute pression Citroën de la direction et des freins. A la différence du pont arrière rigide (qui donnait satisfaction car bien réglé au niveau suspension) des Ghibli I et Indy, la Khamsin inaugura les suspensions arrière à roues indépendantes assurant une nette amélioration dans la facilité de conduite.

ça me dirait bien d'être le propriétaire de ce carnet et ... surtout de ce qui va avec !

Les belles jantes Compagnolo sont communes aux Ghibli I, aux dernières Mexico et Indy ainsi qu'au prototype Quattroporte II de Frua destiné à l'Aga Khan (alors que celui destiné au roi d'Espagne Juan Carlos a des jantes type premières Indy ou Biturbo) :

Mexico :



Indy :



La Quattroporte II Frua de l'Aga Khan :




La Quattroporte II Frua de Juan Carlos :

Cletto Grandi essaye la Khamsin :




Avec seulement 430 exemplaires produits de 1974 à 1982 (à comparer aux 1280 Ghibli I), la Khamsin, dernière création de « l’ingeniere » Giulio Alfieri pour Maserati, ne connut pas un grand succès. Elle fut le dernier des « monstres sacrés » de la firme du trident, celui qui naquit au plus mauvais moment, la crise pétrolière de 1973 suivie de peu par la mise en liquidation judiciaire de Maserati en 1975.



Cette œuvre d'art qu’est la Khamsin, car il s'agit bien ici d'art, demeure délaissée par rapport à la Ghibli I et donc encore sous-cotée. Elle constitue ainsi (et peut-être heureusement) une excellente opportunité mais qui est déjà en train de s'effriter, méritant une attention particulière de la part des connaisseurs avisés car elle est sans doute appelée à un très bel avenir en collection.

J'aime vraiment beaucoup la Khamsin et m'immerger dans ses courbes et ses arrêtes est un vrai régal :

curieuse idée que de peindre en orange le tour de la doublure des échappements (ah les années 70 et leur recherche constante de l'originalité !). Cette couleur orange était présente sur les premiers exemplaires ayant servi pour la pochette publicitaire :

Ah le temps des phares rétractables !

Les roues (pas les jantes) sont grandes sur la Khamsin et participent beaucoup à l'aspect dynamique du bolide

exquise et audacieuse asymétrie !


Le moteur, archi connu depuis 1957, ne réserve aucune mauvaise surprise et est d'une grande fiabilité, d'autant plus qu'il n'est pas utile de monter dans les tours pour faire parler la poudre !

Ciao bella !

La Bora avec son toit inox pose à côté de la Khamsin. Vous vouliez le V8 devant ? Pas de problème ! Vous le préfériez derrière ? On avait ça aussi chez Maserati à l'époque !

Allez, lâchons-nous, plongeons dans ces images de Khamsin jusqu'à l'ivresse ! Plongeons dans le grand bleu !

A noter que les lamelles de prise d'air au dessus du pare-chocs avant ne sont pas présentes sur toutes les Khamsin