Merci Philippe de nous avoir éclairé sur Edmond Pery que je ne connaissais pas sauf pour avoir lu son nom dans l'histoire de la Birdcage 63 à moteur V12 du Mans.
Effectivement son travail est superbe.
Par contre, sa reconstruction de Birdcage Tipo 63 à moteur V12 ayant terminé 4ème au Mans 1961 n'est pas la bonne, bien qu'il était de bonne foi en l'affirmant. Willem Oosthoek, le "pape" des Birdcage, en parle dans son livre "Birdcage to supercage".
En résumé, voici l'histoire :
63 002 SWB (Short Wheel Base) appartint à l'équipe de l'importateur Maserati pour les USA (Briggs Cunningham) et fut engagée au Mans 1961. On la voit ci-dessous au Mans 1961 où elle termina 4ème aux mains de Dick Thompson et Augie Pabst :
63 002 SWB ne connut pas d'autres courses après Le Mans 1961. Elle ne retourna pas aux USA mais à Modène où elle fut reprise par l'usine contre l'achat d'une autre Birdcage par Briggs Cunningham (63 002 LWB). Privée de son moteur qui fut récupéré pour 63 002 LWB, 63 002 SWB fut stoquée dans de très mauvaises conditions à l'usine viale Ciro Menotti : comme dans une casse, avec la carrosserie 151 empilée par dessus ! Elle resta là pendant 29 ans jusqu'à ce que Guido et Franco Artom, de Milan, ne l'échange en 1990 contre une monoplace Maserati 6C34 d'avant guerre pilotée par Philippe Etancelin et Giuseppe Farina en très bon état (celle qui est toujours dans la collection Panini qui reprit le "fond" Maserati en 1999).
De 1990 à 2000, les frères Artom se lancèrent dans une restauration complète de 63 002 SWB avec plus de 4000 heures de travail. De nombreux panneaux de carrosserie durent être refaits car trop abîmés par les mauvaises conditions de stockage et, faute de mieux, l'auto reçut un V12 Maserati de Formule 1 Cooper-Maserati de 1966. Chouette, 360 cv au lieu des 320 d'origine !
Ci-dessous 63 002 SWB de nos jours :
On a vu que, quand Briggs Cunningham avait ramené 63 002 SWB à l'usine après Le Mans 1961, il l'avait échangée contre une neuve qui reprit son moteur et fut appelée aussi 63 002 mais LWB (Long Wheel Base). Cependant "LWB" n'était pas précisé sur le châssis pour éviter des taxes de la Fédération Internationale sur les écuries, taxes établies en fonction du nombre de voitures des écuries afin de favoriser les petites écuries. Briggs Cunningham faisait courir de nombreuses voitures de marques différentes. Il avait largement les moyens de payer les droits de course pour un châssis ou deux ou trois de plus. Mais cet échange des numéros de châssis était plus un jeu intellectuel, une fraude pour le plaisir qui donna cependant la migraine à bien des historiens de Maserati 30 ans plus tard !
63 002 LWB naquit avec le nez long, le moteur V12 qui avait couru Le Mans (récupéré sur 63 002 SWB) et un arrière en une seule pièce à charnière postérieure. Ainsi, elle n'eut jamais les échappements "mitragliatrice" de ses sœurs V12.
Notre 63 002 LWB finit 9ème du Road America 500 le 10 septembre 1961 (numéro 62 pilotée par Thompson, Kimberly et Cunningham "himself" !) :
En octobre 1961, 63 002 LWB "offre" à Riverside son moteur à une autre Birdcage Tipo 63 de Cunningham (63 010) et ne sera remotorisée qu'en mars 1962, avec un V12 également. En octobre 1962, Briggs Cunningham la vend à Harry Finer qui ne pourra la qualifier ni à Riverside, ni à Laguna Seca.
Elle passa ensuite de mains en mains, notamment entre celles d'Edmond Pery, le constructeur de voitures de sport Apal, qui la restaura totalement dans ses ateliers en 1980. De ventes en reventes, comme le numéro de châssis était 63 002 (sans précision LWB), les vendeurs prirent l'habitude de dire que c'était là la voiture qui avait fini 4ème au Mans 1961. Comme la vraie 63 002 SWB du Mans dormait à cette époque viale Ciro Menotti sous la poussière (et sous la carcasse de la Tipo 151) et qu'aucun démenti ne vint de Modène, tout le monde considéra cette voiture comme celle du Mans où elle n'avait pourtant jamais mis une jante !
La controverse éclata en 1997 quand 63 002 LWB fut mise aux enchères par Coys à Londres avec comme pédigrée "4ème au Mans 1961". Les frères Artom se manifestèrent : "la vraie Birdcage du Mans, c'est nous qui l'avons " ! Expertises, procès à l'encontre des vendeurs précédents de 63 002 LWB : la vérité fut rétablie mais la justice considéra que les vendeurs successifs avaient été de bonne foi et n'avaient pas consciemment trompés les acheteurs sur le palmarès de l'auto ! Le dernier propriétaire recensé par Willem Osthoek en 2002 est Onofrio Triarsi dans le New Jersey. Ci-dessous 63 002 LWB à Peeble Beach :
Le reconstruction "Edmond Pery" est, effectivement, superbe !
Plus de précisions sur l'histoire des Birdcage à moteur central (vous verrez qu'il y a eu de nombreuses reconstructions partielles) :
http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=12&t=3836