Maseratitude

La Maserati 3200GT : 4795 exemplaires de 1998 à 2001

Chose promise, chose due !
Cet article devrait vous mettre l'eau à la bouche ! Il a été réalisé tel un abstract, un tout petit échantillon du livre sur la 3200GT que nous avons co-écrit, Maseralfa, Gemini, Philippe, Cedfred et moi-même, livre qui devrait sortir en librairie vers la fin de l'année si tout va bien. Sans trop dévoiler le sujet, juste ce qu'il faut pour aiguiser l'appétit, bonne dégustation les amis !



(avec l'aimable autorisation d'Andrè d'Alessandro, Maserati spa)



- C'est laquelle votre Maserati ?
- La 3200GT.
- ???? Connais pas !
- Vous savez, la Maserati avec les feux "boomerang".
- Ah oui ! Très belle !





("Boomerang" de Maseralfa, que l'on retrouvera sur de nombreux clichés de cet article car sa couleur Grigio Touring met bien en valeur les moindres variations de courbures de la carrosserie)


Ces fameux feux boomerang qui sont devenus mythiques sont vraiment l'élément personnificateur de la Maserati 3200GT. Ils sont chez elle et nulle part ailleurs. Mais si vous croisez Giorgetto Giugiaro, qui a signé cette sublime voiture, ne lui parlez pas trop de ces feux, ça l'énerve un peu car c'est l'un de ses collaborateurs qui lui avait proposé cette trouvaille géniale !

Malgré des qualités intrinsèques indéniables et une grande fiabilité, la Ghibli II qui précéda la 3200GT avait beaucoup de mal à s'imposer commercialement. Souvenirs de la mauvaise réputation des premières Biturbo, lecture de la beauté de la carrosserie non évidente et nécessitant une certaine culture Maserati, la Ghibli ne fut pas en matière de ventes la "mangeuse" de Porsche 911 qu'elle aurait fort bien pu être.


(ghibli II de Maseramo)

Il fallait pour sa remplaçante une carrosserie déclenchant une émotion esthétique évidente pour tous dès le premier regard. C'est exactement ce que l'on avait demandé au grand Giorgetto Giugiaro : forcer son immense talent et créer ni plus ni moins qu'un chef d'œuvre qui permettrait de sauver Maserati dont le niveau de production était devenu "confidentiel" en 1996 et 1997. On peut dire que Giorgetto Giugiaro a réussi son coup, la 3200GT est sublime de finesse et d'élégance :

(avec l'aimable autorisation d'André d'Alessandro, Maserati spa)






("Boomerang" de Maseralfa)



La Maserati 3200GT est la première Maserati sortie sous l'ère Ferrari qui possédait la firme au Trident depuis 1997 (les deux société appartenant de toute façon à Fiat).

Ci-dessous les maitres d'oeuvre de la 3200GT, Luca Cordero di Montezemolo (président à la fois de Ferrari et de Maserati) et Giorgetto Giugiaro (Designer, président d'ItalDesign) dévoilent ensemble leur merveille aux yeux du public privilégié du "Foro Boario" à Modène, le 8 septembre 1998, en avant première de la présentation au grand public au salon de Paris le 29 septembre 1998 :

Avec ses phares carénés et sa calandre oblongue, la 3200GT évoque les barquettes S des années 50. Ci-dessous Juan Manuel Fangio sur 450S :





Maseralfa m'avait prêté sa belle 3200GT pour me rendre à une réunion du Maserati Club Italia à la Villa Tuscolana près de Rome en octobre 2019. La classe folle de cette GT se marie fort bien au charme de ce palais Renaissance. Ah, l'esthétisme italien perdure à travers les siècles !





Le magnifique cuir Cartier (Connoly comme pour toutes les 3200GT) garnit l'intérieur de la 3200GT de Maseralfa. C'est le centre de style Lancia qui a dessiné l'intérieur de la 3200GT.



Les versions plus tardives n'ont plus le bois sur la console centrale (sauf en option) et disposent d'une horloge plus ovale :



Par rapport à la Ghibli II, la 3200GT a perdu le manomètre de pression de l'air turbocomprimé :



L'habitabilité arrière de la 3200GT est excellente pour le gabarit et humiliante pour une Porsche 911 :

(intérieur de la 3200GT Assetto Corsa de Gemini)

Si la corrosserie de la 3200GT, toute en courbes douces, est en rupture complète avec les Maserati de la génération Biturbo, sa motorisation est par contre l'évolution ultime de l'épopée Biturbo débutée en V6 de 2 litres et 180 cv en 1981. Voici ci-dessous la généalogie plus rapprochée du moteur de la 3200GT.


Le V6-4AC-24 (ouvert à 90 degrés, deux litres, 24 soupapes, 245 cv) de la 2.24v :




Le V8 de la Shamal (3.2 litres pour 326 cv) nait en 1989 et possède les mêmes caractéristiques que le V6 (ouverture à 90 degrés, courroie crantée entraînant l'arbre à cames d'échappement qui entraine par une chaînette à l'arrière l'arbre à came d'admission, même disposition des accessoires) :





En 1996, le V8 Biturbo Maserati prend place dans la Quattroporte IV (3.2 litres 335 cv) mais avec un vilebrequin en croix exempt de vibrations alors que celui de la Shamal était à plat. En 1998, ce même moteur avec vilebrequin en croix va mouvoir la 3200GT :

(avec l'aimable autorisation d'Andrè d'Alessandro, Maserati spa)


Le moteur cube toujours 3.2 litres dans la 3200GT et donne 370 cv. Ses tubulures d'amission plus longues améliorent le couple à bas régime alors que des ailettes de compressions différentes sur les turbos diminuent de 20 % le temps de réponse déjà très bas :

Faisons un peu le point au sujet de la 3200GT. Carrosserie entièrement nouvelle et inaugurant une veine esthétique, moteur découlant directement de l'épopée Maserati Biturbo, reste à voir les trains roulants de la 3200GT : ce sont ceux de la Ferrari Maranello avec de très efficaces triangles superposés en aluminium :


pour le train avant, l'amortisseur passe dans le triangle supérieur

(avec l'aimable autorisation d'Andrè d'Alessandro, Maserati spa)


Les petits moteurs rouges en haut des amortisseurs trahissent l'option Skyhook (amortisseurs réglables)

La 3200GT disposait d'une boite manuelle Getrag 6 vitesses accolée au moteur. La 3200GTA était équipée d'une boite automatique à 4 vitesses BTR d'origine australienne. Bien que classique à convertisseur de couple, cette boite était fort bien gérée électroniquement, son boitier de commande correspondant avec les unités de gestion moteur et suspensions. 44 % des 3200 furent équipées de cette brillante boite automatique qui ne castrait pas le bolide. C'était presque le contraire pour un pilote peu chevronné qui se trouvait libéré des passages de vitesses ultrarapides et autres rétrogradages talon-pointe : la GTA améliorait ses performances de pilotage par rapport à la GT, chrono en main !

Les jantes de série :



Les jantes optionnelles dès le début (ci-dessous sur celle de Maseralfa), seront livrées en série sur l'Assetto Corsa :







Présentée en 2001, l'Assetto Corsa ("réglages courses") sera la seule variante de la 3200GT durant sa brève carrière. Le moteur est inchangé par rapport à la 3200GT "de base", seuls les trains roulants sont modifiés : assiette abaissée de 10 mm devant, de 8 mm derrière, ressorts plus durs, barres anti-roulis plus larges, pneus Pirelli P Zero Corsa à l’adhérence phénoménale sur le sec :



(avec l'aimable autorisation d'Andrè d'Alessandro, Maserati spa)


163 Assetto Corsa furent livrées en boite mécanique et 96 en boite automatique (259 exemplaires au total).

En 2001 également, fut réalisé un exemplaire unique barquette 320S, reprenant l'appellation des barquettes Sport des années 50. La mécanique restait exactement la même que celle de la 3200GT avec la boite mécanique Getrag 6 vitesses accolée au moteur. Le châssis fut cependant raccourci avec empattement passant de 266 à 244 cm. Il était initialement prévu de réaliser une quinzaine d'exemplaires de cette barquette de course afin d'organiser un championnat international monotype, mais ce projet fut suspendu et la 320S resta un exemplaire unique. Cette étude servit cependant à mettre au point le châssis du Spyder 4200 qui sortit en 2002 avec le même empattement que la 320S, soit 244 cm.


Dans les stands de l'Autodromo di Modena en 2012 pour les commémorations des 30 ans de la Maserati Biturbo, Marcello Candini est au volant de la 320S, son père Giuseppe (casquette et lunettes) pousse, Claudio Ivaldi (en polo bleu, secrétaire du Maserati Club Italia) regarde. La famille Candini possède actuellement la 320S.(cliché Barth Lafont).



Barquette 320S et Ghibli open cup série 2 (cliché Sergio 222) :

Il est impossible de clore cet article succin sur la 3200GT sans évoquer une nouvelle 320S que nos amis sudistes Dominique Maldonado et Olivier Roux sont en train de réaliser à partir d'une 3200GT anglaise à conduite à droite. Cette nouvelle barquette 320S, appelée Vittoria, sera ainsi très respectueuse de la tradition des Maserati barquettes S des années 50 qui étaient à conduite à droite. La plupart des circuits tournant en sens horaire, le poids du pilote était le plus souvent à la corde du virage :





La transformation de cette 3200GT anglaise en barquette 320S se fait au lycée Frédéric Mistral de Marseille et, si un châpitre lui sera consacré dans le livre à paraitre sur la 3200GT, un livre entier que nous publierons sur Maseratitude sera dédié à toutes les péripéties du projet "Vittoria", bien bloqué depuis deux mois par la crise du coronavirus.

Toute l'histoire de Vittoria :
http://www.maseratitude.com/public_html ... =27&t=6938

La 3200GT est une "Diva" de très grande classe, l'une des plus belles Maserati de tous les temps. Comme beaucoup de "Divas", elle fait quelques caprices qu'elle sait se faire pardonner par sa beauté prodigieuse, ses vocalises sublimes et sa générosité sur scène ... euh sur route. Ces fantaisies concernent à 85 % l'accélérateur sans cable. En 1998, la Maserati 3200GT étrennait quasiment cette technique avec la Honda NSR et certaines Volvo. Autant le potentiomètre Bosch contre la pédale d'accélérateur que, à l'autre bout, le boitier papillon mécanisé électriquement Magnetti Marelli donnèrent des soucis. Ces éléments étaient "contact" avec un curseur courrant sur une piste en carbonne qui s'usait. Ils doivent être reconditionnés en "sans contact" (effet Hall magnétique). Une révision des connections électriques sous la boite à gants peut aussi être utile après quelques années de services pour fiabiliser votre sublime 3200GT.

La dernière Maserati à moteur Maserati (à ce jour) :






On ne se lasse jamais de la contempler sous tous les angles possibles.

Mais n'oublions pas la contribution de généreux donateurs :









La sublime d'Alexandre Lobo, ex-Charles Pföhl :


L’œil de Gemini saisit l'instant aux 20 ans de la 3200GT en Forêt Noire en 2018 :



Les icônes se rejoignent :

(cliché Patrick Violet)

Superbe hymne à la 3200GT Alido
Merci pour ces magnifiques photos mettant en scène ses lignes sublimes Signées Giugiaro
Fred

Ciao Fred, oui, c'est l'une des plus belles Maserati


La Maserati 3200GT termina un peu prématurément sa carrière en 2002, ses feux Boomerang ne passant pas les normes des USA et du Canada en matière de surface minimale de feux arrière. Impossible de sacrifier ces deux marchés primordiaux. La même carrosserie fut équipée de larges feux arrière triangulaires et motorisée par un V8 atmosphérique Ferrari de 4.2 litres entraînant une boite rejetée contre le différentiel arrière : ce fut la 4200 Coupé sur laquelle la "carrosserie 3200" vécut jusqu'en 2007 !





Mais là, c'est une autre histoire ...

Merci Alido, comme toujours on attend tes posts.

Je me rends compte que c est un peu cruel pour la 4200 d’être à côté de la 3200. L arrière change absolument tout.

Mais bon, la 4200 doit être une auto excellente également. Elle a juste basculé.... du côté.... de la Force.

Merci Alido!
Vivement qu’il sorte ce livre !!!

... je n’avais pas remarqué que la 4200 n’avait pas de catadioptre sur le pare-chocs ar!

Super, ça avance.

Bravissimo Alido

Mille mercis pour cet article, qui nous met l’eau à la bouche avant la sortie du livre

Super,erci pour cet apéritif avant la sortie du livre

Je viens de vivre ce premier WE de déconfinement en 3200 et 4200 et dans les deux cas le plaisir est différent mais total.
Vivement ce bouquin sur la 3200 car elle le mérite. Son moteur et son esthétisme en font une voiture d'exception et avec l'érudition de Maseramo et de quelques complices le Goncourt devrait être de circonstance.Merci pour votre temps.