Maseratitude

Chers amis Biturbistes de cœur, voici donc le septième article du gros dossier Biturbo qui comprendra 20 articles au total :

http://www.maseratitude.com/viewtopic.p ... 92#p193592


Comme d'habitude pour les sujets de ce dossier Biturbo, je commence par vous poster l'article que Classiche Masters m'a commandé pour leur forum :





La Karif


Alejandro De Tomaso fit placer, pour voir, le nouveau moteur 2.8 litres 255 cv de la 228 (couplé heureusement au différentiel Ranger) dans le Spyder Zagato qui, contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, ne s'avéra pas totalement inconduisible, bien au contraire ! En théorie, il était vrai que la conjonction d'un châssis court (donc plus instable), d'une carrosserie ouverte (donc moins rigide), d'un poids réduit et d'un moteur survolté débordant de couple aurait pu donner un mélange intenable en virage. Eh bien non ! La mayonnaise prenait assez bien, à tel point que Alejandro De Tomaso, toujours en quête d'un scoop médiatique, eut l'idée de produire un coupé léger et très court sur la base du Spyder, une sorte de petite "super car" avant l'heure. Ainsi naquit la Karif, coupé compact présenté au salon de Genève 1988.
Oh ce ne fut guère compliqué à réaliser au niveau carrosserie : il avait suffi de souder un toit rigide sur le Spyder Zagato et le tour fut joué. Par contre, la suspension avant fut retravaillée en profondeur et bénéficia de la nouvelle géométrie "Mecannica Attiva", déjà présente sur la 430.
Pour la première fois, une Biturbo portait un nom de vent dans la plus pure tradition Maserati inaugurée par la Mistral en 1963. Karif est le nom d'un vent du Golfe d'Aden et les turbos soufflaient fort sous le capot de la dernière-née de Modène : 1 bar, ce qui était considérable à l‘époque.
Quand on regarde cette auto toute courte et carrée de partout, on a du mal à réaliser qu'elle a les performances d'une Ferrari 348 en accélération (5.6 secondes du 0 à 100 Km/h) mais elle atteint "seulement" 240 km/h en vitesse de pointe du fait de son aérodynamique médiocre. Par contre, avantages sur la Ferrari, deux places symboliques étaient conservées à l'arrière et le coffre offrait un volume assez correct pour voyager à deux en emportant un peu plus qu'une trousse de toilette et un étui à lunettes !
L'excellente base Karif servira au "vrai" cabriolet Spyder 2.8 litres qui sortira en 1989 et ce châssis court Karif donnera encore des idées de développement aux ingénieurs de Maserati et à leur patron omniprésent et débordant d'enthousiasme et d‘inventivité ... puisqu'il servira de base à la Shamal !


Specifications

Body
two doors, 2+2 coupé, wheel base 2.40 m , monocoque designed by Zagato and Pierangelo Andreani, modificated by Marcello Gandini.

Engine
La Karif reçut le moteur 2.8 litres étrenné sur la 228. Ce moteur biturbo à 3 soupapes par cylindre et injection développait 255 chevaux initialement, puis 225 chevaux ensuite à partir de mars 1990 du fait de l’introduction des catalyseurs, mais avec quasiment pas de perte de couple (37.7 à 36.2 mkg).

Karif : V6 2.8 liters 2 intercoolers injection 255 puis 225 hp 240 230 kph 221 coupés de 1988 à 1991

Competitors
La Karif constitua jusqu’à l’arrivée de la Shamal le sommet de la gamme Maserati en terme de tarif. Elle était 30 % plus chère que la 222 E équipée du même moteur et plus habitable, 25 % plus chère que le Spyder 2.8 qui offrait en plus la possibilité de rouler cheveux au vent et 15 % plus chère que la 430 pourtant plus complexe à produire. Cela peut expliquer sa rareté.

Nous en arrivons au complément Maseratitude / Classiche Masters !

La Karif appartient à la seconde génération des Biturbo caractérisée par un avant affiné par Marcello Gandini :
Claudio Ivaldi, le président du Maserati Club Italia et probablement le plus grand connaisseur mondial de Biturbo, nous a appris que Maserati avait réalisé un unique prototype (rouge) de Karif dont le moteur 2.8 litres 3 soupapes par cylindre avait été poussé à 285 cv. On voit ce prototype (sans rétroviseur côté passager) sur la photo ci-dessous due à Claudio :
Ce prototype vitaminé avait été confié, un peu avant la présentation de la Karif au salon de Genève en mars 1988, aux essayeurs de la revue Autocapital qui l’avaient trouvé ahurissant de vivacité mais difficile à maintenir sur la route par un conducteur moyen. L’usine Maserati en vint aux mêmes conclusions et équipa la Karif de série du même moteur 255 cv que la 430 ou la 222 E, ce qui évitait en plus de couteuses modifications sur la chaîne de production des moteurs. Cependant l’article d’Autocapital avait parlé de 285 cv et cette puissance avait déjà été imprimée sur les premières plaquettes publicitaires officielles Maserati, de sorte que l’on trouve écrit un peu partout que la Karif faisait 285 cv ce qui est faux : c’était là la puissance du seul prototype.

Ci-dessous (photo Claudio Ivaldi) la Karif est présentée sur le généreux stand Maserati au salon de Genève 1988. Elle est noire, tout à droite à côté du Trident avec derrière elle une 430 grise. La rouge est une 222 E avec derrière elle une 228. Le Spyder est un 2.8 litres. Toutes ces voitures ont le même moteur, alors de 255 cv. Plus à gauche une Si 2500 grise invendue dont la production est achèvée et une De Tomaso Pantera.

Sur cette photo de strict profil, on a la nette impression que la Karif est un Spyder équipé d’un Hard Top pour l’hiver :
Mais sur les images de ¾, la Karif révèle une personnalité propre, celle d’un coupé tricorps très court et très classique :
Avec un petit quelque chose de la Lancia Fulvia dans la lunette arrière :
A noter que la Karif inaugure ce petit carrénage grillagé entre les doubles échappements mais conserve les parechocs échancrés avant et arrière des premières Biturbo. Maserati n’ayant officiellement apporté aucune modification durant la production (confidentielle avec 221 exemplaires et brève de 1989 à 1991), les parechocs enveloppants que l’on trouve sur certaines Karifs semblent avoir été installés secondairement et non à l’usine, ce que nous confirme Claudio Ivaldi. Mais avec Maserati, il peut y avoir eu des exceptions …

Une Karif avec les parechocs enveloppants type 222 SE ou 2.24v :
Il s'agit assez probablement d'une adaptation secondaire facile car les faces avant et arrière de la Karif sont exactement les mêmes que sur les autres Biturbo.

Voici un très bel exemplaire avec sa peinture biton et ses extracteurs d’air sur le capot, bien connus depuis la 222 E :
Les jantes presque pleines avaient été inaugurées sur la 228 puis la 430 :
Le petit sabot derrière la roue arrière m’a toujours attendri ! Le discret rehaussement de la ligne de caisse au dessus de la roue arrière, aussi ! Le double double échappement est superbe :
Allons un peu voir l’habitacle que l’on devine par la lunette …

C’est l’intérieur standard des Biturbo 2.8 litres de cette génération, également commun à la 2.24v, avec l’alcantara sur les côtés et le cuir au milieu. Seules les 222 de 2 litres avaient un tout velours spécifique.
J’adore les fonds de cadrans bleus, présents depuis les débuts de la Biturbo. Les places arrière existent car, par rapport au spyder, on gagne sur la Karif la place de rangement de la capote. Mais ces places sont symboliques et utilisables seulement par de jeunes enfants si les parents acceptent d’avancer un peu les sièges :
On retrouve cette moquette gris-vert sur les Biturbo jusqu’à la Ghibli II non ABS incluse.

Le moteur de la Karif est le bien connu et très fiable 2.8 litres 3 soupapes par cylindre. La Karif fut présentée en mars 1988, mais la production ne démarra qu’en mars 1989 avec ce moteur sans catalyseur qui développait 250 à 255 cv selon les sources. Mais en mars 1990, l’installation d’un catalyseur baissa la puissance à 225 cv. Seule la première année de production est à 255 cv.

Les (rares) clients intéressés par la Karif avaient du attendre un an pour que la production démarre en mars 1989 et, quelques mois après en décembre 1989 on leur annonçait l’arrivée de la Shamal autrement plus aléchante ! Les hésitants se sont dit : j’attends la Shamal ! Pas étonnant qu’elle se soit mal vendue cette Karif !

Des journalistes anglais ont pu écrire que c’était la moins jolie des Maserati, toute époque confondue.

Ben, malgré tout je l’aime bien, la Karif. Elle est compacte, sérieuse, habitable, discrète. Plus généreuse que prétentieuse, elle offre bien plus que l’on pourrait penser en la regardant. Et puis, pensant non plus au passé ou au présent mais à l'avenir, elle est très exclusive en collection …

Grazie mille Maseramo La rouge bi-ton est très sympa

Merci Maseramo pour ce super article

Clairement, la Karif est la Biturbo que j'aime le moins

Lodein

Lodein a écrit : Clairement, la Karif est la Biturbo que j'aime le moins

Tu n'es pas le seul.
Toute intéressante qu'elle soit en termes de techno et de qualité, son design de "coupé" est parmi les plus ratés que je connaisse (ce n'est que mon opinion)
Ce n'est sans doute pas étranger à son tout petit succès...
Alors que le design râblé de la biturbo dont elle est dérivée a du caractère. Tant mieux pour Maserati qui a ainsi pu en vendre des dizaines de milliers!

merci Alido,
toujours de la matière rare « moulée à la louche ». Bcp d’infos de première bourre.

Je rajoute quelques illustrations.
Mais surtout les données techniques du mode d emploi.

Il indique en fait 3 versions.
250 cv, 285 cv et version cat 225.

Tu peux demander à Claudio, pourquoi? C est quand même étonnant.

Ciao Alain,
Merci pour les dimensions, le Ranger et la géométrie meccanica attiva de la suspension avant.

Pour les puissances :

proto de 1988 : 285 cv
première année de production (mars 1989 à mars 1990) : 250 cv
fin de production avec catalyseur : 225 cv

Ce prototype vitaminé (285 cv) avait été confié, un peu avant la présentation de la Karif au salon de Genève en mars 1988, aux essayeurs de la revue Autocapital qui l’avaient trouvé ahurissant de vivacité mais difficile à maintenir sur la route par un conducteur moyen. L’usine Maserati en vint aux mêmes conclusions et équipa la Karif de série du même moteur 255 cv que la 430 ou la 222 E, ce qui évitait en plus de couteuses modifications sur la chaîne de production des moteurs. Cependant l’article d’Autocapital avait parlé de 285 cv et cette puissance avait déjà été imprimée sur les premières plaquettes publicitaires officielles Maserati, de sorte que l’on trouve écrit un peu partout que la Karif faisait 285 cv ce qui est faux : c’était là la puissance du seul prototype.

maseramo a écrit :Ciao Alain :

proto de 1988 : 285 cv
première année de production (mars 1989 à mars 1990) : 250 cv
fin de production avec catalyseur : 225 cv

Ce prototype vitaminé (285 cv) avait été confié, un peu avant la présentation de la Karif au salon de Genève en mars 1988, aux essayeurs de la revue Autocapital qui l’avaient trouvé ahurissant de vivacité mais difficile à maintenir sur la route par un conducteur moyen. L’usine Maserati en vint aux mêmes conclusions et équipa la Karif de série du même moteur 255 cv que la 430 ou la 222 E.

Dictionnaire: lettre M: Maserati biturbo: Définition:
Nom féminin.
Véhicule furieux pour en découdre avec tous ce qui roule

Verbe transitif.
Principe consistant à installé le meilleur v6 qu'on possède, dans un châssis des années 1980, et surtout, l'agrémenter de deux turbos.

Et donc les pare-chocs enveloppant, ce sont des modifs ultérieures. Je me suis toujours posé la question. Merci pour l'info.

Le profil de la karif est très difficile, de face, de dos et de 3/4, ça va quand même je trouve.

En fait, en sombre, avec les jantes qui vont bien, ça passe tout de même largement, et clairement, peu de chance de se retrouver à deux avec la même voiture quel que soit le rassemblement.
Les prix des modèles en vente vont dans tous les sens pour le moment.

Pas mal de photo sympa ici :
https://themarket.bonhams.com/us/listin ... =1&slide=3

Salut Alido,
Merci pour ce bel article!

La Karif est une voiture qui m'intrigue et qui ne me laisse pas indifférent !

Pour les parechocs englobants, tu es certain qu'ils ne sont pas d'origine sur certains modèles ?... en 91, ils sortaient des spyder avec le parechoc englobant, enfin quand c'était le premier dispo sur l'étagère! Le mien en a un d'origine... mais à l'arrière uniquement !

Ciao Les amis, merci pour vos messages.

Claudio Ivaldi est assez formel : aucune modification pendant la production donc a priori pare-chocs échancrés jusqu’à la fin. Mais c’est impossible de vraiment savoir. Connaissant mieux l’état d’esprit de De Tomaso depuis la conférence des 40 ans de la Biturbo, il a du placer des échancrés tant qu’il en avait !

Au maserati Day de l’année dernière je crois, il y en avait 4.

C’est fou 4 Karif ensemble. Aucune aux 40 ans de la Biturbo.