La 6C 34 : 6 exemplaires de 1934 à 1935.
Ci-dessous celui du musée Panini entre une Mistral et la Tipo 124 :
Cette superbe 6C 34 du musée Panini (#3025 de 1935) illustrera abondamment ce dossier.
La 6C 34 (pour 6 cylindres, créée en 1934) est une monoplace de Grand Prix, c'est à dire l'équivalent d'une Formule 1 actuelle ! Le terme et le championnat de "Formule 1" ne furent créés qu'en 1950 mais c'est bien de cela qu'il s'agit quand on parle de monoplaces de Grand Prix d'avant guerre. C'était la plus haute catégorie de voitures de course à l'époque.
Notez le radiateur d'huile et les bielles de direction hors fuselage. Notez également la "Drogo" du musée Panini au second plan.
La 6C 34 est une voiture importante car elle fut la toute première Maserati à 6 cylindres en ligne. Auparavant, toutes les Maserati furent soit des 8 cylindres en ligne, soit des 4 cylindres en ligne pour les petites cylindrées. Comme vous le savez, toutes les Maserati d'avant guerre furent "à compresseur", la 6C 34 n'échappant pas à cette règle.
Le compresseur est en avant du moteur. Notez les deux arbres à cames en tête, le refroidissement individuel des cylindres entre les arbres à cames, la colonne de direction arrivant au boitier au dessus des pieds du pilote. Puis la commande passe de part et d'autre à l'extérieur du fuselage pour contourner le moteur.
Le levier de vitesse sort entre les genoux du pilote, l'arbre de transmission passe sous le siège.
La 6C 34
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Re: La 6C 34
Mais revenons un peu en arrière, avant la 6C 34, afin de comprendre pourquoi est née cette voiture 6 cylindres.
Maserati avait remporté des Grand Prix avant 1934 :
- Grand Prix de Tripoli 1930 avec Baconin Borzacchini sur V4
- Grand Prix d'Italie à Monza en 1930 (avec un doublé sur Tipo 26 M avec Achille Varzi devant Luigi Arcangeli)
- Grand Prix d’Espagne 1930 à San Sebastian (nouveau doublé sur Tipo 26 M avec Varzi devant Aymo Maggi)
- Grand Prix d'Italie 1931 à Monza avec Luigi Fagioli sur Tipo 8C 2800
- Grand Prix d'Italie 1932 à Monza avec Luigi Fagioli sur V5
- Grand Prix de France 1933 à Montlhéry avec Giuseppe Campari sur 8C 3000
- Grand Prix de Belgique 1933 à Spa avec Tazio Nuvolari sur 8 CM
Ci-dessus Tazio Nuvolari remporte le Grand Prix de Spa 1933 sur Maserati 8 CM 3 litres
Tazio Nuvolari fut l’un des pilotes les plus éblouissants des années 30, le seul à avoir pu, avec des armes inférieures, rivaliser quelque peu avec l’armada allemande après l’année 1934. Il porte ici son mythique Jerzey jaune avec ses initiales brodées. Au cou, la tortue en or porte bonheur offerte ironiquement par l’écrivain-aviateur Gabriele d’Annunzio.
Avec la 8 CM de 3 litres à compresseur 240 cv, Maserati disposait d'une très bonne Monoplace de Grand Prix en 1933.
Mais 1934 vit l’apparition d’une réglementation en Grand Prix très particulière : moins de 750 kg, aucune limitation de cylindrée !!! Pour Maserati, il fut très difficile de « faire maigrir » la 8 CM au châssis renforcé qui pesait 785 kg. Il n’y avait vraiment rien de trop. Finalement, la chose fut possible à force de remplacements de pièces en acier par des pièces en Elektron, cet alliage magnifique à base de magnésium produit par Isotta-Fraschini. Mais la cylindrée restait à 3 litres, l’accroître eut majoré le poids. Les allemands Mercedes et Auto-Union, financés largement par le régime nazi qui avait investi des sommes colossales dans la course automobile à but de propagande, réussirent à respecter ce poids maximal tout en bénéficiant de cylindrées généreuses de 3.7, puis 4.3, puis 4.7 et même 5 litres sur Auto-Union ! Ceci grâce à leur avance technologique dans le domaine des alliages légers. Les voitures de course allemandes étaient traditionnellement blanches (comme les françaises étaient bleues, les italiennes rouges et les anglaises vertes), mais Mercedes et Auto-Union économisèrent même sur le poids de la peinture pour passer juste sous les 750 kg : elles devinrent donc couleur aluminium, ce furent les fameuses flèches d’argent qui exercèrent une suprématie absolue en Grand-prix à partir de 1934.
C'est dans ce contexte que, fin 1934, Maserati sortit la 6C 34 qui, grâce à un inédit 6 cylindres en ligne 3.7 litres de 270 cv placé dans un ensemble châssis-carrosserie allégé de 8CM, réussit à résoudre l’équation d’une augmentation de cylindrée à 3.7 litres tout en limitant le poids à 750 kg. Grâce à 6 cylindres à la place de 8, la 6C 34 gagnait 0.7 litres de cylindrée et 30 cv par rapport à la 8 CM tout en pesant 13 kg de moins ! La 6C 34 emportait à 260 km/h son pilote avec 170 litres d'essence dans le dos ! Ci-dessous la #3025 Panini :
Ci-dessous la 6C 34 de Tazio Nuvolari au départ du Grand Prix de Monza 1934 (moteur 3701 dans châssis 8 CM #3018 : c'est la toute première 6C 34). Elle terminera 5ième derrière la Mercedes de Luigi Fagioli, l’ Auto-Union de Hans Von Stuck et les Alfa Romeo de Trossi et Chiron. Mis à part son moteur 6 cylindres de 3.7 litres, la 6C 34 était en tout point identique à la 8 CM.
Notez Guerino Bertocchi cheminant à la droite de Nuvolari.
Avec la 6C 34, le grand Tazio Nuvolari réussit à remporter deux Grand-Prix de 2ième catégorie sur le circuit de Modène et celui de Naples. Cependant, en 1935, la 6C 34 dut faire face à des Mercedes et Auto-Union qui avaient désormais 1 ou 1.3 litres de cylindrée de plus qu’elle. Elle fut ainsi abonnée aux places d'honneurs, mais pas aux victoires en Grand Prix de 1ère catégorie.
Tazio Nuvolari remporta en 1935 à Berlin (un comble qui n’était pas pour déplaire à ce Mantouan plein de hargne) le seul Grand-Prix de 1ère catégorie de ces années 1934-1935 qui échappa à une Mercedes ou à une Auto-Union, mais c’était sur Alfa-Romeo !
Malgré tout, la 6C 34 resta très compétitive assez longtemps dans des courses un peu moins prestigieuses. Ci-dessous Paul Pietsch à Fribourg en 1937 sur une 6C 34 évoluée avec carénage des bielles de direction :
Maserati avait remporté des Grand Prix avant 1934 :
- Grand Prix de Tripoli 1930 avec Baconin Borzacchini sur V4
- Grand Prix d'Italie à Monza en 1930 (avec un doublé sur Tipo 26 M avec Achille Varzi devant Luigi Arcangeli)
- Grand Prix d’Espagne 1930 à San Sebastian (nouveau doublé sur Tipo 26 M avec Varzi devant Aymo Maggi)
- Grand Prix d'Italie 1931 à Monza avec Luigi Fagioli sur Tipo 8C 2800
- Grand Prix d'Italie 1932 à Monza avec Luigi Fagioli sur V5
- Grand Prix de France 1933 à Montlhéry avec Giuseppe Campari sur 8C 3000
- Grand Prix de Belgique 1933 à Spa avec Tazio Nuvolari sur 8 CM
Ci-dessus Tazio Nuvolari remporte le Grand Prix de Spa 1933 sur Maserati 8 CM 3 litres
Tazio Nuvolari fut l’un des pilotes les plus éblouissants des années 30, le seul à avoir pu, avec des armes inférieures, rivaliser quelque peu avec l’armada allemande après l’année 1934. Il porte ici son mythique Jerzey jaune avec ses initiales brodées. Au cou, la tortue en or porte bonheur offerte ironiquement par l’écrivain-aviateur Gabriele d’Annunzio.
Avec la 8 CM de 3 litres à compresseur 240 cv, Maserati disposait d'une très bonne Monoplace de Grand Prix en 1933.
Mais 1934 vit l’apparition d’une réglementation en Grand Prix très particulière : moins de 750 kg, aucune limitation de cylindrée !!! Pour Maserati, il fut très difficile de « faire maigrir » la 8 CM au châssis renforcé qui pesait 785 kg. Il n’y avait vraiment rien de trop. Finalement, la chose fut possible à force de remplacements de pièces en acier par des pièces en Elektron, cet alliage magnifique à base de magnésium produit par Isotta-Fraschini. Mais la cylindrée restait à 3 litres, l’accroître eut majoré le poids. Les allemands Mercedes et Auto-Union, financés largement par le régime nazi qui avait investi des sommes colossales dans la course automobile à but de propagande, réussirent à respecter ce poids maximal tout en bénéficiant de cylindrées généreuses de 3.7, puis 4.3, puis 4.7 et même 5 litres sur Auto-Union ! Ceci grâce à leur avance technologique dans le domaine des alliages légers. Les voitures de course allemandes étaient traditionnellement blanches (comme les françaises étaient bleues, les italiennes rouges et les anglaises vertes), mais Mercedes et Auto-Union économisèrent même sur le poids de la peinture pour passer juste sous les 750 kg : elles devinrent donc couleur aluminium, ce furent les fameuses flèches d’argent qui exercèrent une suprématie absolue en Grand-prix à partir de 1934.
C'est dans ce contexte que, fin 1934, Maserati sortit la 6C 34 qui, grâce à un inédit 6 cylindres en ligne 3.7 litres de 270 cv placé dans un ensemble châssis-carrosserie allégé de 8CM, réussit à résoudre l’équation d’une augmentation de cylindrée à 3.7 litres tout en limitant le poids à 750 kg. Grâce à 6 cylindres à la place de 8, la 6C 34 gagnait 0.7 litres de cylindrée et 30 cv par rapport à la 8 CM tout en pesant 13 kg de moins ! La 6C 34 emportait à 260 km/h son pilote avec 170 litres d'essence dans le dos ! Ci-dessous la #3025 Panini :
Ci-dessous la 6C 34 de Tazio Nuvolari au départ du Grand Prix de Monza 1934 (moteur 3701 dans châssis 8 CM #3018 : c'est la toute première 6C 34). Elle terminera 5ième derrière la Mercedes de Luigi Fagioli, l’ Auto-Union de Hans Von Stuck et les Alfa Romeo de Trossi et Chiron. Mis à part son moteur 6 cylindres de 3.7 litres, la 6C 34 était en tout point identique à la 8 CM.
Notez Guerino Bertocchi cheminant à la droite de Nuvolari.
Avec la 6C 34, le grand Tazio Nuvolari réussit à remporter deux Grand-Prix de 2ième catégorie sur le circuit de Modène et celui de Naples. Cependant, en 1935, la 6C 34 dut faire face à des Mercedes et Auto-Union qui avaient désormais 1 ou 1.3 litres de cylindrée de plus qu’elle. Elle fut ainsi abonnée aux places d'honneurs, mais pas aux victoires en Grand Prix de 1ère catégorie.
Tazio Nuvolari remporta en 1935 à Berlin (un comble qui n’était pas pour déplaire à ce Mantouan plein de hargne) le seul Grand-Prix de 1ère catégorie de ces années 1934-1935 qui échappa à une Mercedes ou à une Auto-Union, mais c’était sur Alfa-Romeo !
Malgré tout, la 6C 34 resta très compétitive assez longtemps dans des courses un peu moins prestigieuses. Ci-dessous Paul Pietsch à Fribourg en 1937 sur une 6C 34 évoluée avec carénage des bielles de direction :
Dernière modification par maseramo le lun. 21 mai 2018 09:59, modifié 5 fois.
"quando turbo spira ...", Dante Alighieri dans "La Divina Commedia"
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Re: La 6C 34
Luigi (Gino) Rovere, président d'honneur de l'entreprise Maserati, avec la 6C 34 #3023 en 1936 :
Toutes les photos suivantes concernent la 6C 34 du musée Panini (#3025) qui appartint à la "Scuderia Subalpina" de Gino Rovere qui fut un très grand mécène de Maserati, au point que les fratelli Maserati le nommèrent président de la firme à titre honorifique !
Deux super clichés de GranSport69 saisis en 2014 pour le centenaire :
Notez le levier de vitesse qui sortait entre les genoux du pilote puis obliquait vers sa main droite :
Une "Formule 1" des années 30 :
Les célèbres pilotes Philippe Etancelin et Giuseppe Farina tinrent ce volant. (Giuseppe "Nino" Farina était le neveu de Giovanni Battista "Pinin" Farina. Il sera le premier champion du monde de Formule 1 en 1950 sur Alfa Romeo)
Notez les énormes tambours de freins ventilés avec les prises d'air grillagées. Notez aussi la commande hydraulique des freins avant qui fut inaugurée sur Maserati 4 CM 1.1 litres puis 8 CM en 1932. Après Duesenberg imparfaitement dans les années 20, Maserati fut le premier constructeur de voitures de course à mettre cette commande hydraulique au point en 1932. (avant Bugatti, ce qui fit dire à Ettore Bugatti : "de toute façon un bon pilote n'a pas besoin de freins" !)
Notez le frein à main "hors fuselage".
A presto carina ...
Toutes les photos suivantes concernent la 6C 34 du musée Panini (#3025) qui appartint à la "Scuderia Subalpina" de Gino Rovere qui fut un très grand mécène de Maserati, au point que les fratelli Maserati le nommèrent président de la firme à titre honorifique !
Deux super clichés de GranSport69 saisis en 2014 pour le centenaire :
Notez le levier de vitesse qui sortait entre les genoux du pilote puis obliquait vers sa main droite :
Une "Formule 1" des années 30 :
Les célèbres pilotes Philippe Etancelin et Giuseppe Farina tinrent ce volant. (Giuseppe "Nino" Farina était le neveu de Giovanni Battista "Pinin" Farina. Il sera le premier champion du monde de Formule 1 en 1950 sur Alfa Romeo)
Notez les énormes tambours de freins ventilés avec les prises d'air grillagées. Notez aussi la commande hydraulique des freins avant qui fut inaugurée sur Maserati 4 CM 1.1 litres puis 8 CM en 1932. Après Duesenberg imparfaitement dans les années 20, Maserati fut le premier constructeur de voitures de course à mettre cette commande hydraulique au point en 1932. (avant Bugatti, ce qui fit dire à Ettore Bugatti : "de toute façon un bon pilote n'a pas besoin de freins" !)
Notez le frein à main "hors fuselage".
A presto carina ...
"quando turbo spira ...", Dante Alighieri dans "La Divina Commedia"
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Re: La 6C 34
Dis donc, le "beau au bois dormant", tu t'es endormi du 15 sept 2016 au 20 déc 2023...???
Quelle princesse surmotorisée t'as donc réveillé de ce long sommeil???
Quelle princesse surmotorisée t'as donc réveillé de ce long sommeil???
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Re: La 6C 34
A Bologna 2024, celle du musée Panini :
"quando turbo spira ...", Dante Alighieri dans "La Divina Commedia"