Mais revenons un peu en arrière, avant la 6C 34, afin de comprendre pourquoi est née cette voiture 6 cylindres.
Maserati avait remporté des Grand Prix avant 1934 :
- Grand Prix de Tripoli 1930 avec Baconin Borzacchini sur V4
- Grand Prix d'Italie à Monza en 1930 (avec un doublé sur Tipo 26 M avec Achille Varzi devant Luigi Arcangeli)
- Grand Prix d’Espagne 1930 à San Sebastian (nouveau doublé sur Tipo 26 M avec Varzi devant Aymo Maggi)
- Grand Prix d'Italie 1931 à Monza avec Luigi Fagioli sur Tipo 8C 2800
- Grand Prix d'Italie 1932 à Monza avec Luigi Fagioli sur V5
- Grand Prix de France 1933 à Montlhéry avec Giuseppe Campari sur 8C 3000
- Grand Prix de Belgique 1933 à Spa avec Tazio Nuvolari sur 8 CM

Ci-dessus Tazio Nuvolari remporte le Grand Prix de Spa 1933 sur Maserati 8 CM 3 litres

Tazio Nuvolari fut l’un des pilotes les plus éblouissants des années 30, le seul à avoir pu, avec des armes inférieures, rivaliser quelque peu avec l’armada allemande après l’année 1934. Il porte ici son mythique Jerzey jaune avec ses initiales brodées. Au cou, la tortue en or porte bonheur offerte ironiquement par l’écrivain-aviateur Gabriele d’Annunzio.
Avec la 8 CM de 3 litres à compresseur 240 cv, Maserati disposait d'une très bonne Monoplace de Grand Prix en 1933.
Mais 1934 vit l’apparition d’une réglementation en Grand Prix très particulière : moins de 750 kg, aucune limitation de cylindrée !!! Pour Maserati, il fut très difficile de « faire maigrir » la 8 CM au châssis renforcé qui pesait 785 kg. Il n’y avait vraiment rien de trop. Finalement, la chose fut possible à force de remplacements de pièces en acier par des pièces en Elektron, cet alliage magnifique à base de magnésium produit par Isotta-Fraschini. Mais la cylindrée restait à 3 litres, l’accroître eut majoré le poids. Les allemands Mercedes et Auto-Union, financés largement par le régime nazi qui avait investi des sommes colossales dans la course automobile à but de propagande, réussirent à respecter ce poids maximal tout en bénéficiant de cylindrées généreuses de 3.7, puis 4.3, puis 4.7 et même 5 litres sur Auto-Union ! Ceci grâce à leur avance technologique dans le domaine des alliages légers. Les voitures de course allemandes étaient traditionnellement blanches (comme les françaises étaient bleues, les italiennes rouges et les anglaises vertes), mais Mercedes et Auto-Union économisèrent même sur le poids de la peinture pour passer juste sous les 750 kg : elles devinrent donc couleur aluminium, ce furent les fameuses flèches d’argent qui exercèrent une suprématie absolue en Grand-prix à partir de 1934.
C'est dans ce contexte que, fin 1934, Maserati sortit la 6C 34 qui, grâce à un inédit 6 cylindres en ligne 3.7 litres de 270 cv placé dans un ensemble châssis-carrosserie allégé de 8CM, réussit à résoudre l’équation d’une augmentation de cylindrée à 3.7 litres tout en limitant le poids à 750 kg. Grâce à 6 cylindres à la place de 8, la 6C 34 gagnait 0.7 litres de cylindrée et 30 cv par rapport à la 8 CM tout en pesant 13 kg de moins ! La 6C 34 emportait à 260 km/h son pilote avec 170 litres d'essence dans le dos ! Ci-dessous la #3025 Panini :
Ci-dessous la 6C 34 de Tazio Nuvolari au départ du Grand Prix de Monza 1934 (moteur 3701 dans châssis 8 CM #3018 : c'est la toute première 6C 34). Elle terminera 5ième derrière la Mercedes de Luigi Fagioli, l’ Auto-Union de Hans Von Stuck et les Alfa Romeo de Trossi et Chiron. Mis à part son moteur 6 cylindres de 3.7 litres, la 6C 34 était en tout point identique à la 8 CM.

Notez Guerino Bertocchi cheminant à la droite de Nuvolari.
Avec la 6C 34, le grand Tazio Nuvolari réussit à remporter deux Grand-Prix de 2ième catégorie sur le circuit de Modène et celui de Naples. Cependant, en 1935, la 6C 34 dut faire face à des Mercedes et Auto-Union qui avaient désormais 1 ou 1.3 litres de cylindrée de plus qu’elle. Elle fut ainsi abonnée aux places d'honneurs, mais pas aux victoires en Grand Prix de 1ère catégorie.
Tazio Nuvolari remporta en 1935 à Berlin (un comble qui n’était pas pour déplaire à ce Mantouan plein de hargne) le seul Grand-Prix de 1ère catégorie de ces années 1934-1935 qui échappa à une Mercedes ou à une Auto-Union, mais c’était sur Alfa-Romeo !
Malgré tout, la 6C 34 resta très compétitive assez longtemps dans des courses un peu moins prestigieuses. Ci-dessous Paul Pietsch à Fribourg en 1937 sur une 6C 34 évoluée avec carénage des bielles de direction :
