La A6 1500 GT

[maseramo]

La A6 1500 GT : 61 exemplaires de 1947 à 1950

Pour bien commencer l’année 2014, voici l’histoire d’une voiture qui inaugura en 1947 une nouvelle page de la longue épopée Maserati.

La A6 1500 GT (A en hommage à Alfieri Maserati fondateur de la marque, 6 cylindres en ligne) est une voiture très importante dans l’histoire de Maserati. D’abord parce qu’elle est la première vraie Maserati de route, conçue d’emblée pour le tourisme et non pour la course. Ensuite parce qu’elle est à l’origine, de par son châssis (tubulaire) et son moteur (6 en ligne), de toute une lignée glorieuse de Maserati de route mais aussi de course (la famille des A6).

La carrosserie PininFarina, ici dans sa troisième évolution avec l’arrière plongeant, est pour 1947 magnifique d’élégance et de sobriété.









Le pare-brise est en deux parties planes, plus faciles à usiner.

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La A6 1500 GT était en son temps extrêmement raffinée et d’ailleurs fort chère. Notez le rétroviseur intérieur posé sur le tableau de bord grâce à un joli support inox, les pédales marquées du trident






Le 6 cylindres en ligne de 1.5 litres à simple arbre à cames en tête est ici dans une version tardive, alimentée par trois carburateurs et délivrant 90 cv.

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La genèse de la A6 1500 GT débuta dès le milieu de la guerre, malgré l’interdiction de circuler en voiture individuelle, sans doute pour palier à la morosité de cette triste époque et soutenir le moral des ingénieurs en attendant des temps meilleurs. Le moteur était un 6 cylindres en ligne de 1500 cc à culasse séparée classique (Testa Riporta), à simple arbre à cames en tête, sans compresseur et avec un seul carburateur Weber 36 DCR . La puissance était modeste avec 65 cv mais, l’auto pesant entre 800 et 950 kg selon les carrosseries, elle pouvait atteindre 150 km/h.

On accédait par un capot à ouverture latérale au 6 en ligne initial simple carbu


Ce moteur tout simple sera pourtant à l’origine d’une lignée très noble de 6 cylindres en ligne de plus en plus puissants qui s’illustrèrent sur route autant qu’en course jusqu’à aboutir à l’extraordinaire 250 F championne du monde de formule 1 en 1957, étonnamment en filiation directe avec la modeste A6 1500 GT 1947 !

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Le « grand » Giovanni Battista Farina, dit « Pinin » parce qu’il était petit de taille et ressemblait à son père Giuseppe, n’avait pas encore « soudé » son surnom à son nom de famille. Il commit pour la A6 1500 GT une très belle carrosserie très sobre, très pure avec son long capot, qui permit à ce premier beau coupé de remporter le concours d’élégance de Monaco 1947. Le prototype disposait de phares cachés, mécaniquement découvrables. C’est le premier dessin A6.

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Les premiers modèles « de petite série » furent des tricorps à l’habitacle assez reculé, comme le prototype, mais avec l’arrière vitré. Les phares étaient conventionnels. C’est le second dessin A6.

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Très vite, le style évolua vers sa forme définitive et bien connue, le troisième dessin avec l’arrière plongeant et la disparition des trois ouïes d’extraction d’air chaud et du pli de carrosserie sur les flancs avant.


Un bel exemplaire A6 1500 GT avec son arrière plongeant très prisé à la fin des années 40. Au second plan, une A6 1500 GT Zagato :

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A noter que Zagato s’essaya à un relooking personnel de la A6 1500 GT, à l’habitacle relevé très lumineux avec des vitres courbes dans leur partie supérieure, qui ne pouvaient pas coulisser vers le bas (la partie antérieure, à l’emplacement des déflecteurs, glissait vers l’arrière).




A vocation plus sportive, le coupé Zagato n’avait pas de malle. On posait ses sacs à l’arrière par l’intérieur de l’habitacle








Le "3 carbus 90 cv" s'impose pour la A6 1500 GT Zagato :

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Le châssis de la A6 1500 GT était très moderne pour l’époque car tubulaire, comme celui de la 4 CLT, (T pour « Tubolare ») ce qui était exceptionnel sur une auto de tourisme. En fait, ce châssis était un peu démesuré de technologie pour une voiture aux performances modestes à nos yeux actuels mais enthousiasmantes à l’époque où on était déjà excité de « filer à plus de 100 à l’heure » !




Cette première Maserati GT connut une diffusion honnête (compte tenu de l’époque d’après guerre et du prix élevé) avec 61 exemplaires de A6 1500 GT réalisés de 1947 à 1950, les derniers recevant une alimentation à triple carburateur (90 cv). A noter que deux cabriolets A6 1500 furent réalisés dont l’un destiné à Eva Peron, l’épouse du chef d’Etat argentin, le général Juan Peron.

[maseramo]

Bien qu’elle ne soit pas née pour la course, la A6 1500 GT a tout de même de belles aptitudes grâce à son châssis tubulaire rigide et léger et grâce à un bon équilibre général avec son moteur reculé en central-avant, dispositions naturelles agrémentées par le punch honnête de son 6 cylindres quand il est en version trois carburateurs 90 cv autorisant alors 175 km/h.

[maseramo]

Comme d'habitude chez Maserati : sportif et luxueux à la fois !

[maseramo]

Le châssis tubulaire et le 6 cylindres en ligne constituèrent d’excellentes bases de développement et la petite A6 1500 GT donna naissance à deux lignées absolument prestigieuses :

- L’une routière avec la A6 2000 GT (2 litres, 1 ACT, 100 cv) puis la A6 G 54 (2 litres, 2 ACT, 150 cv)
- L’autre de course avec la « monofaro » (2 litres, 1 ACT, 130 cv) puis la A6GCS/53 (2 litres, 2 ACT, 170 cv) puis la A6 GCM monoplace de Formule 2 puis la 250 F de formule 1 !!!

[maseramo]

Parmi les A6 routières, la A6 2000 GT PininFarina de 1950 est un peu massive :






La A6 G 1954 de Zagato est par contre l’une des Maserati les plus désirables de tous les temps :

[maseramo]

Frua a créé des spyders de rêve sur base A6 :

(le phare dans la calandre rappelle la "monofaro" de course)



Et Zagato un spyder unique magnifique :

[maseramo]

La « monofaro » inaugura la famille des A6 de course, ici devant une A6GCS/53 :



La A6GCS/53 connut un très grand succès auprès des « gentlemen drivers ». Ici Giorgio Scarlatti à la Targa Florio 1955 où il termina 8 ième du classement général :




La A6GCM, M pour Monoposto, était une Formule 2 qui concourût pour le titre de formule 1 en 1952 et 1953 car il n’y avait pas assez de concurrence en vraie Formule 1. Elle se classa d’ailleurs très honorablement 2ème du championnat de formule 1 1953 avec Fangio à son volant, derrière la Ferrari 500 d’Ascari.

On voit ici un autre grand champion argentin, Froilan Gonzales, toujours un peu bougon, dans une A6 GCM :


Et ici le même Froilan Gonzales en dérapage à Rouen en 1953 :

[maseramo]

Ici une des premières 250 F, la filiation avec la A6 GCM est évidente et elle n’a pas encore la prise d’air dynamique (pour les carbus à droite) des 250 F ultérieures :


L’une des dernières 250 F T2 (Telaio 2 : châssis 2 « lightweight ») au nez allongé et à l’habitacle abaissé :

Une version encore plus tardive de 250 F CM (construite par Cameron Millar uniquement avec des pièces de rechange Maserati 250 F rachetées à la Scuderia Centro Sud) sa prise d’air dynamique est encore plus efficace et effilée :

[maseramo]

Dire que c’est cette brave A6 1500 GT (top speed 95 mph soit 150 km/h, moins de la moitié de la vitesse d'une 250 F) qui est à l’origine de tout ça !

[MASERALFA]

Bonjour Maseramo et meilleurs voeux à toi.
Merci pour ce superbe reportage!!! La version Zagato est à tomber par terre.
Bien à toi.
Fred

[maseramo]

Ciao Maseralfa, grand merci et très bonne année 2014 à toi. Zagato aimait bien travailler sur le toit (bosses droites et gauches sur A6G 54, survitrage sur A6 1500 GT).

Je viens de m'appercevoir que Shamal avait déjà traité le sujet 1500 GT avec des détails supplémentaires intéressants :
http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=12&t=882

[Barth]

Merci Maseramo!

J'ai eu l'occasion de voir de très prêt le Spyder Zagato bleu. C'est une pure merveille d'équilibre et de design...

[fab]

On a ici peut être une vue de l'intérieur dans le film d'Antonioni Cronica di Amore de l'A6 1500

mais là plus sûrement

et là