Mais 1934 vit l’apparition d’une réglementation en Grand-Prix très particulière : moins de 750 kg, aucune limitation de cylindrée ! Pour Maserati, il fut très difficile de « faire maigrir » la 8 CM au châssis renforcé qui pesait 785 kg. Il n’y avait vraiment rien de trop mais, finalement, la chose fut possible à force de remplacements de pièces en acier par des pièces en Elektron, cet alliage magnifique à base de magnésium produit par Isotta-Fraschini (la firme qui avait formé les frères Maserati à la mécanique et avec laquelle ils avaient gardé de très bon contacts). Mais la cylindrée restait à 3 litres, l’accroître eut majoré le poids. Les allemands Mercedes et Auto-Union, financés largement par le régime nazi qui avait investi des sommes colossales dans la course automobile à but de propagande, réussirent à respecter ce poids maximal tout en bénéficiant de cylindrées généreuses de 3.7, puis 4.3, puis 4.7 et même 5 litres sur Auto-Union ! Ceci grâce à leur avance technologique dans le domaine des alliages légers. Les voitures de course allemandes étaient traditionnellement blanches (comme les françaises étaient bleues, les italiennes rouges et les anglaises vertes), mais Mercedes et Auto-Union économisèrent même sur le poids de la peinture pour passer juste sous les 750 kg : elles devinrent donc couleur aluminium, ce furent les fameuses flèches d’argent qui exercèrent une suprématie absolue en Grand-prix à partir de 1934. Selon les spécialistes, l'estimation du budget course de chacune de ces marques allemandes était de l'ordre de 100 fois celui de Maserati !
Même le très subtil pilotage de Tazio Nuvolari ne permettait de dépasser en Grand-Prix les autos allemandes surpuissantes et la 8 CM fut abonnée aux places d’honneur, assez souvent devant les Alfa-Romeo. Fin 1934, Maserati sortit la 6 C 34 (pour 6 cylindres, sortie en 1934) qui, grâce à un inédit 6 cylindres en ligne de 270 cv placé dans une coque de 8 CM, réussit à résoudre l’équation d’une augmentation de cylindrée à 3.7 litres tout en limitant le poids à 750 kg. Avec elle, le grand Tazio réussit à remporter deux Grand-Prix de 2ième catégories sur le circuit de Modène et celui de Naples. La 6 C 34 est une voiture importante car elle fut la toute première Maserati à 6 cylindres en ligne. Cependant, en 1935, elle dut faire face à des Mercedes et Auto-Union qui avaient désormais 1 ou 1.3 litres de cylindrée de plus qu’elle et elle fut, elle aussi, abonnée au mieux à la troisième marche du podium.
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La 6 C 34 de Tazio Nuvolari au départ du Grand Prix de Monza 1934. Elle terminera 5ième derrière la Mercedes de Luigi Fagioli, l’ Auto-Union de Hans Von Stuck et les Alfa Romeo de Trossi et Chiron. Blu Sera, je suis quasiment persuadé que celui qui marche en blanc et casquette à la droite de Nuvolari (à gauche de la 6 C 34 sur la photo) est Guerino Bertocchi !