La 228

[maseramo]

Chers amis Biturbistes de cœur, voici donc, après les premiers coupés Biturbo à Carburateur puis à injection, le troisième article du gros dossier Biturbo qui comprendra 20 articles au total :

http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=11&t=9754


Comme d'habitude pour les sujets de ce dossier Biturbo, je commence par vous poster l'article que Classiche Masters m'a commandé pour leur forum :

La 228

Alejandro De Tomaso désirait offrir à la gamme Maserati un grand coupé luxueux pour succéder à la Kyalami qui avait terminé sa carrière en 1982. Ce nouveau coupé d'apparat fut développé sur la base de la berline Biturbo 425 présentée en décembre 1983 en poussant son V6 Biturbo jusqu'à 2.8 litres, d'où l’appellation 228.

Le prototype 228, équipé d'un carburateur, fut présenté à l'usine de Modène le 14 décembre 1984 pour fêter les 70 ans de la firme Maserati. D'ailleurs, durant la période 1981-1992, De Tomaso présenta ses nouveaux modèles Maserati Biturbo tous les 14 décembre dans la cour de l’usine de Modène, présentations suivies d’une conférence de presse pour les journalistes automobiles et les bons clients à deux kilomètres de là, à l’hôtel Canalgrande (dans le vieux Modène) qui appartenait à De Tomaso et où ce dernier vivait dans une suite privée. De Tomaso pensait que Maserati avait été fondée le 14 décembre 1914, d’où la date fétiche pour les présentations. Mais il s’était trompé. Les Officine Alfieri Maserati ont été fondées le 1er décembre 14. De Tomaso avait du lire "december 14th" au lieu de "décembre 1914" !

Dans les annonces tapageuses du patron de Maserati, la 228 devait disposer de nouveaux turbos refroidis par eau, de deux bougies et de quatre soupapes par cylindre. Elle conservera ces nouveaux turbos qui seront généralisés à toutes les Biturbos en 1985 (Biturbo II), mais elle se contentera comme le reste de la gamme de l'époque d'une bougie et de trois soupapes par cylindre. La production de la néanmoins fort prestigieuse 228 ne débuta qu'en juillet 1987.


Specifications

Body
two doors, 2+2 coupé, wheel base 2.60 m , monocoque designed by Pierangelo Andreani.

Pierangelo Andreani dessina la 228 en augmentant les dimensions et en gommant les arêtes vives de la Biturbo originelle dont il était également l'auteur. Deux particularités de son design :
- le capot de la 228 remonte légèrement à la base du pare-brise pour cacher les essuie-glaces et diminuer les bruits d'air à grande vitesse
- des prises d'air pour le compartiment moteur prennent place sous les quatre phares carrés.

La 228 reprend l'intérieur Biturbo classique avec, notamment, la montre Lassale ovale et dorée. On note cependant encore deux petites particularités : les franges sur les contre-portes et le bois entre les cadrans du tableau de bord. La 228 et la Quattroporte IV, qui apparaîtra en 1994, sont les seules Biturbos à avoir du bois entre les cadrans.

Engine

La 228 inaugura le moteur 2.8 litres 3 soupapes par cylindre injection de 255 chevaux initialement, qui a évolué vers 225 chevaux ensuite à la fin des années 80 du fait de l’introduction des catalyseurs, mais avec assez peu de perte de couple de sorte que la voiture accélérait pratiquement de même en 225 cv qu'en 255 chevaux. Après la 228, ce noble et fiable 2.8 litres fut placé dans toutes les carrosseries de la gamme Biturbo (430, 222E, Spyder 2.8, Karif)

228 : V6 2.8 liters 2 intercoolers injection 255 puis 225 hp 235 225 kph 469 coupés de 1987 à 1991


Competitors

La 228 ne connut pas un grand succès commercial car elle était extrêmement chère et aussi parce que la clientèle dut attendre plus de 2 ans et demi entre sa présentation et sa commercialisation. Elle ne fut proposée qu’à partir de 1988 en France, au tarif de 432 000 francs français (équivalant à 108 000 euros actuels). La BMW 635 CSi (218 cv) était à 352 000 francs mais la M635 CSi (286 cv) à 460 000 francs, la Jaguar XJS V12 5.3 (295 cv) à 345 000 francs, la Lancia 8.32 à moteur Ferrari (215 cv) à 340 000 francs, la Mercedes 300 CE (188 cv) à 300 000 francs mais le gros coupé Mercedes 560 SEC (300 cv) atteignait les 645 000 francs.

[maseramo]

Nous en arrivons au complément Maseratitude / Classiche Masters !

Voici l’exemplaire blanc présenté en décembre 1984. Il a bien le moteur V6 biturbo avec la cylindrée « Exportation » passée pour la première fois de 2.5 à 2.8 litres, mais il reste à carburateur. Autres « stigmates Maserati » de cette époque qui ne se retrouveront pas sur la 228 de série qui sortira en 1987 : le cuir orangé et les jantes à 4 boulons qui deviendront des jantes à 5 boulons quand sera installée la nouvelle géométrie du train avant, plus précise et appelée « Meccanica Attiva » :

Le prototype 228 inaugure ces nouvelles jantes qui deviendront standard sur les Maserati 2.8 litres suivantes (222E, 430, Spyder série 2, Karif) puis même sur les 2 litres plus tardivement. Leur aspect plein pourrait faire craindre pour le refroidissement des disques mais les ailettes périphériques sont importantes et l'air circule mieux qu'on ne le supposerait. Leurs vertus aérodynamiques étaient mises en avant (c'était la mode des jantes presque pleines depuis la Porsche 959 de 1983).

le proto 228 n'a que l'échappement droit :

Ici photographié à l'usine Maserati :

[maseramo]

Si la 228 reprend en plus adoucies les formes de la Biturbo, elle est beaucoup plus grande. La photo ci-dessous est parlante, elle montre la 222 4v (carrosserie Biturbo Andreani « shamalisée » par Gandini) de notre ami Barth Lafont (qui a été longtemps le président de Maseratitude) à côté de la 228 de l’ingénieur Marco Bergamini :

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La 228 mesure 1.82 mètres de large (+ 12 cm par rapport à la Biturbo) et 4.46 mètres de long (+ 29 cm par rapport à la Biturbo). L’empatement de la 228 est celui de la berline 425 présentée en décembre 1983 (2.60 mètres soit + 9 cm par rapport au coupé Biturbo) :

[maseramo]

Le moteur de la 228 inaugure la nouvelle cylindrée de 2.8 litres. On le voit ici dans sa version de série, avec l’injection :

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C’est un excellent moteur qui équipera de nombreuses carrosseries de l’épopée Biturbo et qui connaitra très peu de problèmes de fiabilité (très rares descentes de sièges de soupapes). La cylindrée est identifiée sur le couvre-culasse droit :

La 228 est la seule Biturbo à avoir les vérins de capot dans cette position, accrochés à la traverse :

Sinon l’architecture du compartiment moteur est exactement la même que sur une Biturbo Si par exemple, avec les échangeurs air-air refroidissant l’air admis au moteur devant le radiateur d’eau.


La prise d’embonpoint de la 228 est de + 190 kg par rapport à une légérissime Biturbo Si 2 litres mais, à 1280 kg, ça reste très raisonnable et ce grand paquebot luxueux est quand même très dynamique avec moins de 6 secondes du 0 à 100 km/h grâce à ce moteur plein de couple et de fougue Biturbo :

Biturbo Si 1995 cc 220 cv (6350) 260 Nm (3200) 1090 kg 4.9 kg/cv 6 secondes 228 km/h

Biturbo Si 2491 cc 188 cv (5500) 327 Nm (300) 1170 kg 6.2 kg/cv 6.5 secondes 218 km/h

228 2790 cc 255 cv (5600) 38.2 mkg (3500) 1280 kg 5 kg/cv 5.8 secondes 245 km/h

228 catalyseur 2790 cc 225 cv (5600) 34 mkg (3500) 1280 kg 5.68 kg/cv 6 secondes 235 km/h



A 1290 kg la 228, ça fait quand même léger par rapport aux voitures actuelles de cette taille. Ces caisses n’étaient pas calculées pour les Crash Test comme aujourd’hui.

[maseramo]

Et voici la 228 prête à la production, en 1987, avec ses rétroviseurs profilés que l’on retrouvera bientôt sur toute la gamme Biturbo :

Elle a les jantes 5 trous qui vont de paire avec le nouveau système Meccanica Attiva qui permet de garder les roues avant en contact perpendiculaire avec le sol quel que soit l’angle de braquage :

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Ce système sera généralisé progressivement à toute la gamme Biturbo.

A l’arrière, c’est pas mal non plus avec le nouveau différentiel Ranger installé aussi sur la 430 puis toutes les Biturbo 2.8 litres :

Si la gestation de la 228 fut très longue, parallèle à celle de sa jumelle 4 portes (la 430), le résultat final est excellent avec deux très bons numéros de Biturbo !

[maseramo]

La finition intérieure est luxueuse, délaissant les sièges « pétales » des coupés, la 228 de série adopte les même larges fauteuils que la 430 :

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L’alcantara plissé sur les contre-portes et le bois entre les cadrans sont spécifiques à la 228.

La Quattroporte IV sera la seule autre Biturbo à disposer de bois entre les cadrans.

Disposant du même empattement de 2.6 mètres que la Berline Biturbo, la place pour les jambes à l’arrière de la 228 est généreuse :

Le levier de frein à main est en bois pour la première fois dans l'épopée Biturbo :

Les premières 228, même de série, n’avaient pas le volant en bois :

Celle-ci, curieusement, a la console centrale en cuir :

On ne peut jamais dire toujours ni jamais chez Maserati ! ça dépendait de ce qui trainait sur l’étagère !

En tout cas, je n’ai jamais vu de 228 sans l’alcantara des portes plissé en franges :

[maseramo]

Si son luxe et son dynamisme font l’unanimité, les avis sont partagés sur la beauté de cette 228. On lui a reproché une calandre trop grande et chromée :

Mais ça va bien avec le côté statutaire de l’auto :

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Certains se sont amusés à « sportiver » la 228 et, ma foi, elle se dévergonde fort plaisamment :

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En fait, quand la calandre chromée est proche de la couleur de la carrosserie, ça passe bien je trouve comme sur la blanche de notre sympathique ami Marco Bergamini qui était ingénieur « Froid » chez Maserati à la fin des année 80 – début des années 90 (il s’occupait des trains roulants, de ce qui ne chauffait pas !) :

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Votre serviteur avec Marco en 2018 :

[maseramo]

Quelques photos supplémentaires pour vous faire une idée plus précise sur le vaisseau amiral des Biturbo en 1987 :

[maseramo]

Et encore :

A partir de 1988, la 228 reçut deux échappements doubles.

Alors, qu’en dites vous ?

Bon, c’est une voiture pour passionnés de la marque Maserati et des Biturbo en particulier, pour des personnes qui savent sa valeur dans l’histoire Maserati et l’apprécient pour son exclusivité, pour quelques rebelles aussi qui l’aiment parce que l’on ne l’aime pas toujours beaucoup !


La 228 me renvoie personnellement à l’esprit tant d’éléments de l’épopée Biturbo qu’elle me touche. J’ai une belle tendresse pour cette grande dame distinguée et un peu délaissée. Laissez-la vous parler délicatement de sa jeunesse, vous ne vous ennuierez pas, elle est captivante !

[maseramo]

Le prochain article du dossier Biturbo portera sur une vraie petite « sous famille » parmi les Biturbo, ce sont les 222 …

[Gilles l’helvète]

Je me délecte, me régale, bois du petit lait. Merci Alido.

Et si je croyais à la coïncidence, je contacterai le vendeur suisse de la 228 noire.

[Lodein]

Merci beaucoup pour cet article top

J'adore les Biturbo, c'est une de mes cibles, mais par contre je n'aime pas le design de la 228 que je trouve moins équilibré que les autres Biturbo. Suivant les couleurs cela me choc plus ou moins, mais je trouve que sur le dessin coté c'est flagrant, mais ce n'est que mon avis...

Lodein

[Konimino2]

Trop trop trop.

On attend que Gemini, s y mette.


Mais peut être Gille alors…

[Gianni]

Merci infiniment Maseramo pour ce bel article. La 228 est mal-aimée, mais tu as dégoté quelques photos qui la rendent tout de même fort désirable

[abba]

Super travail comme d'habitude
merci pour ce sujet passionnant

[Gilles l’helvète]

Merci infiniment Maseramo pour ce bel article. La 228 est mal-aimée, mais tu as dégoté quelques photos qui la rendent tout de même fort désirable

C’est pas une calandre de 228 qui orne illustre le forum?

[maseramo]

Merci les amis pour vos messages sympathiques, je suis content que l'article vous plaise.

Ah sur le bandeau du forum Maseratitude, c'est la calandre d'une 222 ou Spyder série 2 ou Biturbo des années 1988-1991 (la seconde période Biturbo, avant la troisième période qui fut la "Shamalisation" de la gamme). La calandre est plus fine que celle de la 228. C'est Marcello Gandini qui a retouché le dessin originel d'Andreani avec cette calandre "seconde série" plus arrondie, projetée en avant et légèrement vers le bas. Il s'est sans doute un peu inspiré en plus fin de la 228 qui a décidément ouvert bien des voies et inauguré bien des techniques qui furent diffusées ensuite à toute la famille Biturbo :

- calandre avancée
- rétroviseurs profilés
- cylindrée 2.8
- Turbos refroidis par eau
- Meccanica Attiva du train avant
- jantes lissées
- différentiel Ranger
- levier du frein à main en bois

Ce fut un laboratoire entre la première et la seconde série de Biturbo, cette 228, c'est pour cela qu'elle ne laisse pas indifférent un connaisseur de ces autos.

[CBi]

Ah sur le bandeau du forum Maseratitude, c'est la calandre d'une 222 ou Spyder série 2 ou Biturbo des années 1988-1991 (la seconde période Biturbo, avant la troisième période qui fut la "Shamalisation" de la gamme).

C'est bien cette calandre, mais d'après mes archives il s'agit d'une 430 de 1992.
Malheureusement pas de 228 parmi les membres du Club Japon... mais une 228 en triste état actuellement proposée aux enchères pour pièces...

[maseramo]

Ciao CBi, cette 228 pour pièce peut être très précieuse car, bien-sûr, les pièces de carrosserie et d’accastillage de la 228 sont quasiment introuvable. Ce ne serait pas idiot pour un propriétaire de 228 de l'acquérir si il a la place de la maintenir au sec.

En 1992, c'était la 430 4v qui était fabriquée. La 430 du bandeau Maseratitude a été immatriculée en 1992 mais n'a-t-elle pas été fabriquée en 1991 ? ça arrivait souvent.

Si tu as le ZAM, la lettre suivant juste après BOO, indique l'année de fabrication :
C pour 1882
D pour 1983
E pour 1984
F pour 1985
G pour 1986
H pour 1987
J pour 1988
K pour 1989
L pour 1990
M pour 1991
N pour 1992
P pour 1993
R pour 1994

ça me fait penser que les 228 faisaient partie des rares Biturbo entièrement assemblées à Modène. La lettre qui suit l'année de production est un A pour la 228, comme pour les Spyder (sauf les 100 premiers assemblés chez Zagato) et les Karif et les Shamal. C'est un B pour les autres assemblées à l'usine Lambrate près de Milan. Par contre tous les moteurs ont toujours été fabriqués à Modène.
Après 1994, l'usine de Lambrate a fermé et toutes les Maserati Ghibli, Quattroporte IV et 3200GT ont été assemblées à Modène.

[joeley]

Bizarrement (moi qui n'aime pas les biturbo), elle est pas mal cette 228.