La 4CL Streamliner

[maseramo]

La 4CL Streamliner avec Luigi Villoresi au volant :

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Ci-dessous la 4CL « normale » avec toujours Luigi Villoresi au volant, Tazio Nuvolari en blanc mains dans les poches et le jeune Omer Orsi, le fils du propriétaire de Maserati, tout à gauche :

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Début 1939, Maserati présenta sa 4CL 1500 qui vint remplacer la 6CM dans cette catégorie très prisée des monoplaces de course de 1500 cc avec compresseur. Une 4 cylindres qui remplaçait une 6 cylindres, ce n’était pas banal !

Ernesto Maserati opta en effet pour un retour au 4 cylindres en ligne, plus léger, plus coupleux à bas régime, plus facile à entretenir et à régler par les clients privés et strictement carré avec des cotes 78 X 78. De plus, le généreux alésage permettait l’installation de la très grande nouveauté de l’auto : les 4 soupapes par cylindres, caractéristique rare à l’époque ! Autre particularité de ce moteur, le L de 4 CL signifiait « Linguette », petite pièce intercalée entre la came et la tige de soupape et diminuant les efforts latéraux sur les soupapes. Ces « Linguette » poursuivirent leur carrière sur les Osca des fratelli Maserati après guerre et même jusqu’à la 250F chez Maserati.

On voit le gros compresseur Roots en bas en avant et l’admission par la droite sans échangeur de température.

Avec ses 1500 cc, ses seize soupapes, son compresseur Roots, ses deux bloc-culasse d’un seul tenant de 2 cylindres, ses deux arbres à cames en tête et ses huit sorties d’échappement (une par soupape), cette pièce d’orfèvrerie concrétisait tout le savoir-faire de Maserati, ravissait les puristes et délivrait 220 cv à 6600 tr/mn, catapultant la très légère 4 CL de 630 kg à 250 km/h. Aux mains du client-pilote anglais John Peter Wakefied, ce bijou mécanique remporta la coupe « Princesse du Piémont » et le Grand Prix d’Albi 1939, puis eut juste le temps de remporter la Targa Florio 1940 avec Luigi Villoresi à son volant avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale.

[maseramo]

Mais revenons à 1939 et plus particulièrement à la « streamliner », ici carénée aux 4 roues.

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Estampillée #1565, elle fut la seconde des quinze 4CL construites, posée sur un châssis neuf mais de type 6CM. C’est la carrozzeria Farina à Turin (future Pininfarina) qui dessina et réalisa la carrosserie expérimentale aérodynamique toute en aluminium. Le moteur est celui de la 4CL « normale ». Les images suivantes, avec la carrosserie en aluminium non encore peinte, ont été prises le 18 avril 1939 lors d’essais sur l’autoroute Firenze-Mare (Actuelle A 11). A l’époque, pour les tests de marques automobiles prestigieuses, on pouvait « privatiser » pour une journée cette toute nouvelle autoroute, orgueil du régime mussolinien.

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A noter l’échappement tronqué après la roue avant et le transporteur Fiat 621.

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[maseramo]

Guerino Bertocchi, en casquette, ne fait pas que le plein, il a aussi assuré la mise au point châssis-suspensions (collaudo) comme pour toutes les Maserati depuis 1936. Luigi Villoresi peut partir tranquille pour ses essais de vitesse :

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Curieusement, c’est la roue avant qui est carénée et pas l’arrière. Bon, sur l’autoroute, ça ne doit pas tourner sec.

Et, les essais de vitesse terminés, on recharge la streamliner pour la ramener à l’usine avant son transfert vers Tripoli :

On remarquera l’ouverture variable de la calandre en fonction de la température extérieure. Ci-dessous le 7 mai 1939 à Tripoli où il fait plus chaud :

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[maseramo]

La « streamliner » a reçu une peinture rouge, la calandre béante et le numéro 38 pour la course. Notez le démarreur électrique externe :

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Mais une manivelle pouvait aussi être appliquée.




La Lybie était italienne depuis bien avant Mussolini, en fait depuis une courte invasion militaire en 1911 où l’Italie avait ravi la Lybie à l’Empire Ottoman. Ce printemps 1939, tout avait été organisé pour qu’une voiture italienne remporte l’épreuve à Tripoli et compense la suprématie habituelle des voitures allemandes en classe 3 litres. Ainsi, on pouvait noter à ce Grand Prix de Tripoli les faits suivants : cylindrée des voitures participantes limitée à 1.5 litres, présence de nombreuses Alfa Romeo et Maserati et de seulement trois Mercedes W165.

[maseramo]

Les choses commencèrent très bien pour Maserati avec la pole position réalisée par Luigi Villoresi sur la 4CL Streamliner à la moyenne ahurissante de 215 km/h.

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Il ne devait pas y avoir trop de virages lents sur ce long circuit de la Mellaha (13 kilomètres) car les roues avant sont toujours carénées !

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Tous les espoirs étaient donc permis pour la course de notre belle streamliner, la seule auto carénée. Mais malheureusement, quelque chose clocha très vite (boite de vitesse défectueuse ?), la 4CL Streamliner perdant trois places dès le départ :

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A noter les deux Mercedes « flèches d’argent» d’Hermann Lang et de Rudolf Carraciola qui démarent en tête suivies à droite de l’image par l’Alfa Romeo de Nino Farina et à gauche de l’image par la Maserati Streamliner de Luigi Villoresi qui devra abandonner assez vite sur problèmes mécaniques (fuite d’huile moteur et boite de vitesse défaillante).

Raté pour l’Italie, les deux Mercedes réaliseront un doublé devant l’armada des Alfa et Maserati.

[maseramo]

Il y a sans doute eu casse moteur sur la Streamliner car #1565 a reçu dès le retour de Tripoli un nouveau moteur de 6CM et une carrosserie normale à roues découvertes. Ces adaptations étaient faciles puisque son châssis était de type 6CM. Je ne sais pas ce qu’est devenue la belle carrosserie aérodynamique en aluminium.


Eh bien voilà, chers amis, les infos que j’ai pu retrouver sur cette unique et éphémère Maserati 4CL Streamliner dont vous avez ici un beau dessin possiblement d’époque :

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[Lodein]

Merci beaucoup pour ce sujet, toujours au top

Lodein

[plm]

Passionnant comme d'hab'. Aurais tu une image du principe des linguettes? Pas trouvé sur internet.
Je ne vois pas le principe (une cale qui amortirait?). En général il y a les godets (bicchiere) cylindriques qui chapeautent les queues de soupapes,
et sur lesquels appuient les cames. Le jeu se réglant par des fines cales placées sous ces godets, entre le chapeau et la tige de soupape.

[maseramo]

Ciao Pierre, j’avais cherché il y a déjà quelques années à quoi ressemblent ces linguette dont on parle partout. Je n’avais pas trouvé d’images ni de dessin. J'ai recherché à nouveau aujourd'hui sur Internet, toujours pas d'image. La seule chose que j'ai trouvée, c'est un dessin qui faisait partie de ma documentation sur la 4CL quand j'écrivais La Storia 1 en 2013 ! Je ne me souviens plus du tout où j'avais déniché ces plans mais ils étaient en relation avec la 4CL. Sur les dessins en B, je pense que les linguettes peuvent être ces 3 colonnes latérales qui répartissent la pressions du "bicchiere" comprimé par la came sur la périphérie de la goupille de ressort qui appuie sur la queue de soupape au centre :

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A moins qu'il ne s'agisse d'un outil pour démonter les ressorts ? J'avoue ne pas savoir.

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[maseramo]

Sinon j'ai trouvé des photos colorisées de la 4CL Streamliner :

[CBi]

Avec une colorisation Pirelli bleue sur blanc assez improbable, bien qu'il y ait eu dans les années 30 l'arrivée de la gamme sportive Stella Bianca, pour laquelle Pirelli s'était écarté de ses couleurs habituelles.

[SMART]

...
A moins qu'il ne s'agisse d'un outil pour démonter les ressorts ? J'avoue ne pas savoir.
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Oui, je pense que ce sont des outillages pour la dépose/pose...

Au vue de cette planche la queue de soupape ne semble pas guidée jusqu'au bout, donc il faut interposer une pièce entre la came et la soupape pour ne pas transmettre les effort latéraux et risquer d'user rapidement le guide et/ou tordre la queue.

Ca existe encore aujourd'hui, on appelle cela un culbuteur ou un linguet.

Donc ces linguets devaient ressembler peu ou prou à un "levier oscillant" comme ici...

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L'autre solution qui est devenue par la suite un standard sur les moteurs italiens à arbres à came en tête, c'est la commande par poussoir.

La pièce qui reprend les efforts latéraux de la came est un piston qui coulisse dans un alésage usiné dans la culasse et qui permet a la queue de soupape de ne subir que les efforts axiaux de la came.

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[maseramo]

Merci Smart pour ces précisions très utiles et claires. En effet, les linguette doivent ressembler à ton dessin.

Cordiali saluti

[Princedead]

Merci Maseramo pour cet excellent sujet ! Je me suis permis de copier les images pour nourrir mob petit musée
Je vous livre donc la version 1/43 de cette 4CL Streamliner, peinte en rouge, donc en livrée GP de Tripoli, sur la remorque tractée par le Fiat 621

[maseramo]

Splendide ! Il es a presque toutes, les Maserati, Princedead ! Même les exemplaires uniques et éphémères comme celui-là, et même le transporteur adéquat ! C'est absolument dingue et unique au monde. On a de la chance de l'avoir avec nous et au CMF. Je ne sais pas si les lecteurs se rendent compte du caractère vraiment exceptionnel mondialement du musée Maserati 143 ?

Ah depuis 4 ans que je cherche, je vais quand même lui faire un petit reproche à notre Dédé : le décor montagnard ne fait pas très Lybie

Quoi ? C'était dans les Apennins, le temps de prendre le bateau à Genova pour Tripoli ? Grrrrr, je l'aurai, je l'aurai

[PR1NC3D34D]

Splendide ! Il es a presque toutes, les Maserati, Princedead ! Même les exemplaires uniques et éphémères comme celui-là, et même le transporteur adéquat ! C'est absolument dingue et unique au monde. On a de la chance de l'avoir avec nous et au CMF. Je ne sais pas si les lecteurs se rendent compte du caractère vraiment exceptionnel mondialement du musée Maserati 143 ?

Ah depuis 4 ans que je cherche, je vais quand même lui faire un petit reproche à notre Dédé : le décor montagnard ne fait pas très Lybie

Quoi ? C'était dans les Apennins, le temps de prendre le bateau à Genova pour Tripoli ? Grrrrr, je l'aurai, je l'aurai

En effet mon ami, le fond de décor est un paysage d’Emilie Romagne