250F : première course, première victoire
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250F : première course, première victoire
Chers amis passionnés par l’histoire de Maserati, je vais vous relater ici des faits qui fêteront leurs 70 ans la semaine prochaine !
La sublime Formule 1 Maserati 250F débuta en effet sa carrière au Grand Prix d’Argentine le 17 janvier 1954 avec rien moins que Juan Manuel Fangio à son volant.
La sublime Formule 1 Maserati 250F débuta en effet sa carrière au Grand Prix d’Argentine le 17 janvier 1954 avec rien moins que Juan Manuel Fangio à son volant.
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Re: 250F : première course, première victoire
La Formule 1 inaugurait cette année-là un nouveau réglement avec la cylindrée atmosphérique portée à 2.5 litres après deux saisons courues en 2 litres (en fait ces 2 litres étaient des Formule 2 car il n'y avait pas suffisamment de concurrence en Formule 1 où la règle était 4.5 litres atmo ou 1.5 litres compresseur). C'est Alberto Ascari qui avait remporté ces deux championnat de Formule 1 en 1952 et 1953 sur la Ferrari 500 (cylindrée unitaire du 4 cylindres Ferrari soit deux litres).
Juan Manuel Fangio avait terminé second du championnat 1953 sur Maserati A6GCM Interim 6 cylindres 2 litres. Ci-dessous victoire de Fangio au Grand Prix d’Italie à Monza en 1953 sur A6GCM Interim :
Pour 1954, Fangio avait signé chez Mercedes mais, la voiture allemande ne pouvant être prête avant le mois de juin 1954 et Fangio entretenant d’excellents rapports avec la famille Orsi propriétaire de Maserati, il put disposer de la toute nouvelle Formule 1 usine 250F pour le début de la saison 1954.
L’information du changement de règlement concernant la cylindrée était tombée assez tard à l’automne 1953 et, dans les usines, c’était vraiment la course contre la montre pour réussir à produire rapidement un moteur 2.5 litres performant. Les écuries anglaises avaient du retard, Lancia avec sa future D50 et Mercedes n’annonçaient rien avant la fin du printemps 1954, laissant le champ libre du début de saison aux écuries les plus réactives notamment Gordini, Maserati et Ferrari, ce dernier produisant très vite à partir de la 500 championne du monde, une redoutable 4 cylindres 625 (toujours la cylindrée unitaire contrairement à Maserati). En décembre 1953, on travaillait comme des fous dans les usines de Maranello et de Modène même les dimanches et même le jour de Noël !
Ci-dessous Ermanno Cozza et Antonio Reggiani règlent la carburation et l’allumage du 6 en ligne Maserati de Formule 1 au banc d’essai, comme c’était l’usage à l’époque, en mesurant au dynamomètre à chaque étape des réglages carbu et avance, la puissance obtenue :
Juan Manuel Fangio avait terminé second du championnat 1953 sur Maserati A6GCM Interim 6 cylindres 2 litres. Ci-dessous victoire de Fangio au Grand Prix d’Italie à Monza en 1953 sur A6GCM Interim :
Pour 1954, Fangio avait signé chez Mercedes mais, la voiture allemande ne pouvant être prête avant le mois de juin 1954 et Fangio entretenant d’excellents rapports avec la famille Orsi propriétaire de Maserati, il put disposer de la toute nouvelle Formule 1 usine 250F pour le début de la saison 1954.
L’information du changement de règlement concernant la cylindrée était tombée assez tard à l’automne 1953 et, dans les usines, c’était vraiment la course contre la montre pour réussir à produire rapidement un moteur 2.5 litres performant. Les écuries anglaises avaient du retard, Lancia avec sa future D50 et Mercedes n’annonçaient rien avant la fin du printemps 1954, laissant le champ libre du début de saison aux écuries les plus réactives notamment Gordini, Maserati et Ferrari, ce dernier produisant très vite à partir de la 500 championne du monde, une redoutable 4 cylindres 625 (toujours la cylindrée unitaire contrairement à Maserati). En décembre 1953, on travaillait comme des fous dans les usines de Maranello et de Modène même les dimanches et même le jour de Noël !
Ci-dessous Ermanno Cozza et Antonio Reggiani règlent la carburation et l’allumage du 6 en ligne Maserati de Formule 1 au banc d’essai, comme c’était l’usage à l’époque, en mesurant au dynamomètre à chaque étape des réglages carbu et avance, la puissance obtenue :
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Re: 250F : première course, première victoire
Ermanno Cozza et son mentor Antonio Reggiani assurèrent ainsi le réglage et le début de rodage du moteur de la première 250F au banc d’essai le jour de Noël, le matin du 25 décembre 1953. Puis le moteur fut monté dans l’auto # 2505 l’après midi du 25 décembre. Il faut préciser que les 250F portant les numéros 2501 à 2504 sont des A6GCM interim transformées en 250F. La première vraie 250F est la # 2505. Les toutes premières mises au point châssis-suspension de ce nouveau bolide furent effectuées par le fameux « collaudatore » (pilote d’essai) Guerino Bertocchi sur l’Aerautodromo di Modena le 26 décembre 1953, jour de la San Stefano qui est habituellement férié en Italie :
Les réglages étaient assez différents de ceux de l’A6GCM Interim 2 litres car la nouvelle 250F disposait d’une boite de vitesse accolée au pont arrière De Dion alors que l’A6GCM avait sa boite contre le moteur. Et voici ci-dessous #2505 prête à partir pour l’Argentine :
Les réglages étaient assez différents de ceux de l’A6GCM Interim 2 litres car la nouvelle 250F disposait d’une boite de vitesse accolée au pont arrière De Dion alors que l’A6GCM avait sa boite contre le moteur. Et voici ci-dessous #2505 prête à partir pour l’Argentine :
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Re: 250F : première course, première victoire
Juan Manuel Fangio prit en main cette auto aux essais du Grand Prix de son Argentine natale les 15 et 16 janvier 1954. La saison de Formule 1 débutait à l’époque traditionnellement en Argentine car, dans l’hémisphère Sud, c’était l’été alors que la meteo ne permettait pas les courses en hiver en Europe. Il s’avéra que la nouvelle 250F avait tendance à surchauffer, au niveau de l’huile et de l’eau moteur, ce qui était passé inapperçu sur l’Aerautodromo di Modena en décembre. Fangio au volant de la première 250F avec ses diverses écopes :
Des ouvertures supplémentaires furent en effet pratiquées en urgence au dessus et au dessous de la calandre, plus une latérale sur le flanc droit de la calandre afin de refroidir le réservoir d’huile (obligatoire avec le carter sec) qui était situé, comme sur l’A6GCM, sous les carburateurs. Mais le 2.5 litres de la 250F dégageait beaucoup plus de chaleur que le 2 litres de l’A6GCM et le réservoir d’huile, situé trop près du moteur, surchauffait sur la 250F.
Par la suite de la saison 1954, l’ingénieur Giulio Alfieri transferra le réservoir d’huile le plus loin possible du moteur, dans la queue du bolide, en arrière du réservoir d’essence, et il n’y eu plus de problème de surchauffe de l’huile.
Mais au Grand Prix d’Argentine en janvier 1954, il fallait faire avec les moyens du bord (les écopes) et surveiller en permanence les températures d’huile et d’eau, Fangio devant lever le pied quand ça chauffait trop. Il ne pouvait utiliser pleinement à sa guise les 250 cv à 7200 tr/mn de son auto qui propulsaient les 640 kg de l'engin à 290 km/h.
La toute première 250F a ainsi perdu sa grille de calandre et même son écusson tridenté pour laisser place à l’écope supérieure. On voit bien les radiateurs d’eau et d’huile :
Des ouvertures supplémentaires furent en effet pratiquées en urgence au dessus et au dessous de la calandre, plus une latérale sur le flanc droit de la calandre afin de refroidir le réservoir d’huile (obligatoire avec le carter sec) qui était situé, comme sur l’A6GCM, sous les carburateurs. Mais le 2.5 litres de la 250F dégageait beaucoup plus de chaleur que le 2 litres de l’A6GCM et le réservoir d’huile, situé trop près du moteur, surchauffait sur la 250F.
Par la suite de la saison 1954, l’ingénieur Giulio Alfieri transferra le réservoir d’huile le plus loin possible du moteur, dans la queue du bolide, en arrière du réservoir d’essence, et il n’y eu plus de problème de surchauffe de l’huile.
Mais au Grand Prix d’Argentine en janvier 1954, il fallait faire avec les moyens du bord (les écopes) et surveiller en permanence les températures d’huile et d’eau, Fangio devant lever le pied quand ça chauffait trop. Il ne pouvait utiliser pleinement à sa guise les 250 cv à 7200 tr/mn de son auto qui propulsaient les 640 kg de l'engin à 290 km/h.
La toute première 250F a ainsi perdu sa grille de calandre et même son écusson tridenté pour laisser place à l’écope supérieure. On voit bien les radiateurs d’eau et d’huile :
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Re: 250F : première course, première victoire
Chose étonnante : lors des essais, Fangio trouva le châssis de sa 250F trop rigide ! Deux barres tubulaires du châssis furent enlevées ce qui améliora curieusement le comportement mais les Ferrari restaient imbatables :
Nino Farina et Froilan Gonzalez, tous deux sur Ferrari, signèrent la pole et le second temps des essais, Fangio le troisième et Mike Hawthorn, également sur Ferrari, le quatrième.
Le jour du Grand Prix, le 17 janvier 1954 devant 300 000 spectateurs, Fangio gagna une place grâce à un bon départ et se retrouva second derrière Nino Farina sur Ferrari :
Nino Farina et Froilan Gonzalez, tous deux sur Ferrari, signèrent la pole et le second temps des essais, Fangio le troisième et Mike Hawthorn, également sur Ferrari, le quatrième.
Le jour du Grand Prix, le 17 janvier 1954 devant 300 000 spectateurs, Fangio gagna une place grâce à un bon départ et se retrouva second derrière Nino Farina sur Ferrari :
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Re: 250F : première course, première victoire
Un temps second en début de course, Fangio dut cependant assez vite ralentir à cause des températures moteur. Il se retrouva quatrième à 30 secondes derrière les trois Ferrari. Ci-dessous Fangio et la première 250F encore troisièmes devant Hawthorn qui se rapproche et réussit à le doubler :
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Re: 250F : première course, première victoire
A mi course un orage providentiel éclata et, comme bien plus tard Ayrton Senna, Fangio sous la pluie était un véritable Dieu du pilotage ultra sensible, tout en contre braquages délicats.
Voyant que l’orage était bien installé pour un long moment, Fangio s’arrêta pour placer des pneus à rainures plus profondes évacuant mieux l’eau et pour mettre un casque à visière moins gênant sous la pluie que les lunettes « aviateur » :
A noter qu’il restait cependant en polo sous une pluie battante à 280-290 km/h. C’était quand même une sacrée race d’hommes !
Dès lors, Fangio entâma une remontée extraordinaire, reprenant 4 secondes par tour aux Ferrari d’autant que son auto ne chauffait plus avec la fraicheur de l’orage. Il remporta haut la main l’épreuve.
Ci-dessous, Fangio félicité par Juan Peron, le dirigeant argentin :
Fangio entre Juan et Evita Peron :
Voyant que l’orage était bien installé pour un long moment, Fangio s’arrêta pour placer des pneus à rainures plus profondes évacuant mieux l’eau et pour mettre un casque à visière moins gênant sous la pluie que les lunettes « aviateur » :
A noter qu’il restait cependant en polo sous une pluie battante à 280-290 km/h. C’était quand même une sacrée race d’hommes !
Dès lors, Fangio entâma une remontée extraordinaire, reprenant 4 secondes par tour aux Ferrari d’autant que son auto ne chauffait plus avec la fraicheur de l’orage. Il remporta haut la main l’épreuve.
Ci-dessous, Fangio félicité par Juan Peron, le dirigeant argentin :
Fangio entre Juan et Evita Peron :
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Re: 250F : première course, première victoire
Il va être intéressant de voir ce que sont devenus la firme Maserati, Fangio et la 250F après cette victoire mémorable. Commençons par Maserati.
Le général Juan Peron, ravi qu’un argentin ait remporté l’épreuve, convoqua toute l’équipe Maserati à son palais le lendemain, le lundi.
Adolfo Orsi nous a dit que son grand-père a demandé un délai au général Peron, lui proposant de venir le mardi, ce que le dirigeant argentin a accepté. Adolfo Orsi senior avait des idées derrière la tête et avait mis à profit la journée du lundi pour appeler ses banquiers en Italie et voir avec eux de quelles lignes de crédit il pouvait disposer.
Ci-dessous dans les jardins du palais, Juan Peron s’est instalé au volant de la Maserati 250F victorieuse. Fangio est en costume derrière lui, c’est le second à partir de la gauche. Adolfo Orsi senior est le troisième à partir de la droite et on voit à gauche l’ombre de son petit fils, Adolfo Orsi junior qui nous présentait ces photos.
Ce jour là, 19 janvier 1957, un important mais tragique contrat fut signé entre Juan Peron et Adolfo Orsi : Peron s’engagea à ce que l’état argentin verse 3 millions de dollars à Maserati en échange de machines outils et de matériel ferroviaire alors que Orsi concédait un délai de paiement de 3 ans et que les banques italiennes, notamment « il Credito Italianno », assuraient le financement-relai de l’investissement de Maserati. A terme, il était même prévu de créer une usine produisant des Maserati près de Buenos Aires. L’Argentine avait à peine commencé à régler une petite partie de sa dette, en blé, quand Juan Peron fut renversé et contraint à l’exil en Espagne en septembre 1955. Ses successeurs ne reconnurent pas la dette contractée par « el conductor » (c’est ainsi que l’on nommait Peron avant sa destitution, terme de même étymologie que « il duce », celui qui conduit, attribué à Benito Mussolini). Ce fut la catastrophe pour Adolfo Orsi et son fils Omer qui, dès lors, furent en délicatesse avec les banques notamment avec le « Crédito Italiano ». Heureusement, les banques laissèrent les Orsi piloter Maserati jusqu’à la fin 1957 et l’obtention du titre de champion du Monde de Formule 1 de Fangio sur une 250F alors bien aboutie. Mais dès 1958 et à cause de la dette argentine, les banques interdirent à Maserati une activité de type «compétition usine» jugée trop dispendieuse. Les Maserati de course suivantes type Birdcage, Eldorado, ainsi que les moteurs de Formule 1 pour Cooper en 1966-1967 ne furent développés que pour des clients, pas directement pour Maserati Corsa qui n’existait plus. Malgré le beau succès des modèles routiers Maserati (notamment 3500GT, Mistral, Quattroporte I), la dette des Orsi envers le Credito Italiano ne fut finalement épongée que par l’argent du rachat de Maserati par Citroën en plusieurs étapes de 1967 à 1971 ! (60 %
des parts en décembre 1967, 15 % en juin 1968 et les 25 % restants en juin 1971).
Les Orsi ont regrété amèrement ce contrat argentin signé avec Juan Peron le 19 janvier 1954. Peut-être aurait-il mieux valu pour Maserati que Fangio ne soit pas si habile sous la pluie à Buenos-Aires le 17 janvier 1957 et que la 250F n’aie pas son formidable potentiel ! Mais on ne refait pas l’histoire !!!
Le général Juan Peron, ravi qu’un argentin ait remporté l’épreuve, convoqua toute l’équipe Maserati à son palais le lendemain, le lundi.
Adolfo Orsi nous a dit que son grand-père a demandé un délai au général Peron, lui proposant de venir le mardi, ce que le dirigeant argentin a accepté. Adolfo Orsi senior avait des idées derrière la tête et avait mis à profit la journée du lundi pour appeler ses banquiers en Italie et voir avec eux de quelles lignes de crédit il pouvait disposer.
Ci-dessous dans les jardins du palais, Juan Peron s’est instalé au volant de la Maserati 250F victorieuse. Fangio est en costume derrière lui, c’est le second à partir de la gauche. Adolfo Orsi senior est le troisième à partir de la droite et on voit à gauche l’ombre de son petit fils, Adolfo Orsi junior qui nous présentait ces photos.
Ce jour là, 19 janvier 1957, un important mais tragique contrat fut signé entre Juan Peron et Adolfo Orsi : Peron s’engagea à ce que l’état argentin verse 3 millions de dollars à Maserati en échange de machines outils et de matériel ferroviaire alors que Orsi concédait un délai de paiement de 3 ans et que les banques italiennes, notamment « il Credito Italianno », assuraient le financement-relai de l’investissement de Maserati. A terme, il était même prévu de créer une usine produisant des Maserati près de Buenos Aires. L’Argentine avait à peine commencé à régler une petite partie de sa dette, en blé, quand Juan Peron fut renversé et contraint à l’exil en Espagne en septembre 1955. Ses successeurs ne reconnurent pas la dette contractée par « el conductor » (c’est ainsi que l’on nommait Peron avant sa destitution, terme de même étymologie que « il duce », celui qui conduit, attribué à Benito Mussolini). Ce fut la catastrophe pour Adolfo Orsi et son fils Omer qui, dès lors, furent en délicatesse avec les banques notamment avec le « Crédito Italiano ». Heureusement, les banques laissèrent les Orsi piloter Maserati jusqu’à la fin 1957 et l’obtention du titre de champion du Monde de Formule 1 de Fangio sur une 250F alors bien aboutie. Mais dès 1958 et à cause de la dette argentine, les banques interdirent à Maserati une activité de type «compétition usine» jugée trop dispendieuse. Les Maserati de course suivantes type Birdcage, Eldorado, ainsi que les moteurs de Formule 1 pour Cooper en 1966-1967 ne furent développés que pour des clients, pas directement pour Maserati Corsa qui n’existait plus. Malgré le beau succès des modèles routiers Maserati (notamment 3500GT, Mistral, Quattroporte I), la dette des Orsi envers le Credito Italiano ne fut finalement épongée que par l’argent du rachat de Maserati par Citroën en plusieurs étapes de 1967 à 1971 ! (60 %
des parts en décembre 1967, 15 % en juin 1968 et les 25 % restants en juin 1971).
Les Orsi ont regrété amèrement ce contrat argentin signé avec Juan Peron le 19 janvier 1954. Peut-être aurait-il mieux valu pour Maserati que Fangio ne soit pas si habile sous la pluie à Buenos-Aires le 17 janvier 1957 et que la 250F n’aie pas son formidable potentiel ! Mais on ne refait pas l’histoire !!!
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Re: 250F : première course, première victoire
Ci-dessus une photo inédite de Fangio remportant sous la pluie avec la première 250F le Grand Prix d’Argentine 1954, photo de la collection Orsi présentée lors d’une conférence d’Adolfo Orsi Junior en 2018 à Modène. Grazie Adolfo ! J’avais photographié l’écran et je n’étais pas dans l’axe, excusez la déformation.
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Re: 250F : première course, première victoire
Voyons maintenant ce qu'est devenu Fangio après cette victoire.
Voici le palmarès de Fangio en Formule 1 avec ses 5 titres de champion et ses deux places de vice-champion (record inégalé jusqu’à Michael Schumacher en 2002) :
1950 vice-champion du monde sur Alfa Romeo derrière "Nino" Farina (Alfa Romeo)
1951 champion du monde sur Alfa Romeo
1952 blessé (fracture des vertèbres cervicales lors d'un accident à Monza sur Maserati)
1953 vice-champion du monde sur Maserati derrière Alberto Ascari (Ferrari)
1954 champion du monde sur Maserati et Mercedes
1955 champion du monde sur Mercedes
1956 champion du monde sur Ferrari
1957 champion du monde sur Maserati
5 fois champion, en plus avec quatre voitures différentes. Aujourd’hui, il y a bien quelques multichampions, mais avec une seule voiture dominante !
Ci-dessous, Fangio sur #2505 précède Hawthorn sur Ferrari 625, comme à Buenos Aires !
Dans la suite de la saison 1954, Fangio remportera encore le Grand Prix de Belgique à Spa sur la même Maserati 250F #2505 (mais améliorée avec le réservoir d’huile à l’arrière et sans les écopes) avant de toucher sa Mercedes avec laquelle il gagnera quatre courses de plus, s’adjugeant son second titre de champion du Monde de Formule 1 en 1954 après son premier titre en 1951 sur Alfa Romeo. Ces deux victoires sur Maserati 250F (Argentine et Belgique) ont donc largement contribué à ce second titre de Fangio.Voici le palmarès de Fangio en Formule 1 avec ses 5 titres de champion et ses deux places de vice-champion (record inégalé jusqu’à Michael Schumacher en 2002) :
1950 vice-champion du monde sur Alfa Romeo derrière "Nino" Farina (Alfa Romeo)
1951 champion du monde sur Alfa Romeo
1952 blessé (fracture des vertèbres cervicales lors d'un accident à Monza sur Maserati)
1953 vice-champion du monde sur Maserati derrière Alberto Ascari (Ferrari)
1954 champion du monde sur Maserati et Mercedes
1955 champion du monde sur Mercedes
1956 champion du monde sur Ferrari
1957 champion du monde sur Maserati
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Re: 250F : première course, première victoire
La 250F, quant à elle, sera constamment améliorée par l’ingénieur Alfieri et sera produite à 27 exemplaires jusqu’en 1958 avec la victoire au championnat du monde de Formule 1 en 1957 aux mains de Juan Manuel Fangio. Elle était déjà mythique du temps de sa carrière et reste considérée comme la plus belle Formule 1 à moteur avant.
Ci-dessus la première 250F victorieuse du Grand Prix d'Argentine 1954 avec Fangio.
Ci-dessous la 250F victorieuse du Grand Prix de Monaco 1957 avec Fangio et future championne du monde. Sa calandre est plus large et fine, de petits ailerons sont apparus derrière les roues avant, prémices d'appendices aérodynamiques, et la prise d'air dynamique pour les trois carburateur assure une légère surpression à l'admission à grande vitesse.
Ci-dessus la première 250F victorieuse du Grand Prix d'Argentine 1954 avec Fangio.
Ci-dessous la 250F victorieuse du Grand Prix de Monaco 1957 avec Fangio et future championne du monde. Sa calandre est plus large et fine, de petits ailerons sont apparus derrière les roues avant, prémices d'appendices aérodynamiques, et la prise d'air dynamique pour les trois carburateur assure une légère surpression à l'admission à grande vitesse.
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Re: 250F : première course, première victoire
Merci Alido pour l'éclairage sur cette voiture mythique et l'épopée Maserati à l'époque.
C'est amusant de voir que les Ferrari concurrentes en 53/54 avaient des 4 cylindres seulement!
Concernant le contrat mirifique avec Peron, Orsi n'avait apparemment pas vu le risque à traiter avec un "conductor", situation fragile et potentiellement éphémère...
C'est amusant de voir que les Ferrari concurrentes en 53/54 avaient des 4 cylindres seulement!
Concernant le contrat mirifique avec Peron, Orsi n'avait apparemment pas vu le risque à traiter avec un "conductor", situation fragile et potentiellement éphémère...
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Re: 250F : première course, première victoire
Ciao Froggie, oui 4 cylindres sur les Ferrari 500 de 2 litres, ça allait bien. Mais en 2.5 litres, le 6 en ligne Maserati était plus puissant.
Adolfo Orsi nous a dit que son grand père était vraiment "un imprenditore", un entrepreneur. Il fonçait. C'est d'ailleurs comme cela qu'il avait fait fortune à partir de presque rien (un cheval et une charrette pour aller récupérer de la ferraille). Mais ça n'a pas marché à tous les coups
Adolfo Orsi nous a dit que son grand père était vraiment "un imprenditore", un entrepreneur. Il fonçait. C'est d'ailleurs comme cela qu'il avait fait fortune à partir de presque rien (un cheval et une charrette pour aller récupérer de la ferraille). Mais ça n'a pas marché à tous les coups
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Re: 250F : première course, première victoire
Il y aura 70 ans demain, 17 janvier 1954-17 janvier 2024 !
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- Lodein
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Re: 250F : première course, première victoire
Merci pour ce superbe post
Lodein
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Re: 250F : première course, première victoire
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