La Buran

[maseramo]

Giorgetto Giugiaro présenta en 2000 au salon de Genève une proposition de Monospace Maserati à 4 roues motrices avec une mécanique de 3200GTA automatique (mais à 5 vitesses alors que le coupé 3200GTA dispose de 4 vitesses). Ce fut la Buran, du nom d’un vent sibérien :

[maseramo]

C’était une époque charnière. En alternative aux classiques berlines, la mode des monospaces (initiée 15 ans auparavant par le Chrysler Voyager et le Renault Espace) commençait commercialement à s’essouffler alors que celle des SUV n’avait pas encore pris son essort.

Maserati déclina la proposition très aboutie du Buran de Giorgetto Giugiaro, ce qui rembrunit le grand designer qui s’était beaucoup investi sur ce projet. Maserati préféra attendre l’arrivée en 2003 de la sublime Quattroporte V dessinée par Ken Okuyama pour Pininfarina et équipée du V8 atmosphérique 4.2 Ferrari.

La Buran demeura limitée à quelques prototypes :

Les portières arrière coulissent électriquement.

[maseramo]

La malle s’ouvre aussi électriquement vers le haut sans ouverture de la lunette vitrée, ce qui évite de perturber par le froid ou le clac de fermeture les occupants de la banquette arrière.

[maseramo]

L’intérieur est très sympa et chaleureux avec un très bel alcantara recouvrant sièges, moyeux du volant et planche de bord :

[maseramo]

Avec les 370 cv du V8 biturbo de 3.2 litres, la Buran aurait sans doute fait la joie des bons pères de famille. Mais ils se sont bien rattrapés avec la Quattroporte V, beaucoup plus dans la tradition Masserati.

[Maguy]

J'ai eu l'occasion d'en voir un exemplaire en 2018 au salon de Turin.

Assez déroutant tout de même. On m'aurait caché l'écusson que je n'aurais jamais pensé à une Maserati

[maseramo]

Merci Maguy d'avoir retrouvé ces photos.
J'étais aussi à Turin en juin 2018 au parc Valentino pour les 50 ans d'Ital Design et les 80 ans de Giorgetto Giugiaro. La Buran rend quand même mieux en vrai mais on comprend bien que Maserati ait préféré attendre la somptueuse Quattroporte V.

Je vous mets ci-dessous la fin de la préface que Giorgetto Giugiaro nous avait très gentiment offerte en 2019 pour "le guide de la Maserati 3200GT". Il ne peut s'empêcher de parler, un peu amèrement, de la Buran et de la Kubang à la fin :


Avec le dessin de la 3200GT, j’ai souhaité proposer une voiture qui, à l’aube du nouveau millénaire, pourrait faire revivre les sensations et les émotions des grandes Maserati du passé.

Pour compléter la réflexion sur le rapport entre style et habitabilité -- et vous m'excuserez si je vais hors sujet -- j'aime aussi mentionner les concepts que j'ai lancés avec la Maserati Buran de 2000 (un spacieux monospace atypique avec plancher plat et deuxième porte coulissante) et la Maserati Kubang GT Wagon de 2003, conçue pour le sport et les loisirs. Les deux propositions tombèrent dans le vide : elles auraient été l'anticipation de cette passion pour la voiture "status", généreuse et ludique, que le marché mit à la mode dans la décennie suivante.



Giorgetto Giugiaro le 18 octobre 2019

[plm]

Un peu "mastoc" tout de même. Certaines lignes, surtout de l'arrière, évoquent des Lancia (Musa, Ypsilon, Thesis...)