La Birdcage "Drogo"

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La Birdcage "Drogo" : 1 exemplaire unique, 1961


La "Drogo" est une Birdcage très particulière car c'est la seule à avoir reçu (secondairement après un accident en course) cette carrosserie fine et pointue commandée par le pilote Piero Drogo à la "Carrozzeria Cavalieri". On appelle d'ailleurs également cet exemplaire unique la "CDM" pour "Cavalieri-Drogo-Maserati".



Italien émigré au Venezuela, Piero Drogo (1926-1973) obtint de bonnes places d'honneur lors de courses sud américaines puis européennes sur Mercedes 300 SL, Ferrari 500 TR, 250 TR et 250 SWB, Maserati A6GCS et Birdcage. Il ne participa qu'à un seul Grand Prix de Formule 1 (Monza 1960 sur Cooper Climax : 8ième). Il créa ensuite à Modène la "Carrozzeria Sports Cars" spécialisée dans la transformation de Ferrari (on lui doit la 250 GTO "Breadvan"), Iso Rivolta et Jaguar. Piero Drogo perdit la vie à 47 ans en 1973 lors d'un accident de la circulation à bord d'une Ferrari 250 California.



La Birdcage "Drogo" se trouve actuellement dans la fabuleuse collection Panini à Modène :


Notez en arrière plan de gauche à droite : Khamsin, Bora, prototype unique Merak Turbo, Mistral, Quattroporte III Royale.

Pilota : Matteo Panini

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Mais reprenons, si vous le voulez bien, l'histoire de la Birdcage "Drogo" depuis le début.

Celle qui deviendra "la Drogo" est née en février 1961, moteur et châssis estampillés 2472. Il s'agit de la toute dernière des vingt deux Birdcage à moteur avant (Tipo 60 et 61) construites de 1959 à 1961.
2472 est une Tipo 61, c'est à dire animée par le moteur 4 cylindres 2.9 litres 250 cv qui propulsait les 600 kg de cette barquette à 285 km/h. (Je vous rappelle que la Tipo 60 a le 4 cylindres 2 litres 200 cv 570 kg 270 km/h). Tipo 60 et 61 ont toutes les deux une boite 5 vitesses à l'arrière (pont De Dion) pour une meilleure répartition des masses.


2472 fut livrée neuve à Lloyd Casner (dit "lucky" Casner) pour sa célèbre écurie de course CAMORADI (CAsner MOtor RAcing DIvision) basée à Miami. C'est la dernière des cinq Birdcage Tipo 61 achetées par la Camoradi.

2472 fut engagée le 25 mars 1961 aux 12 heures de Sebring pilotée par Stirling Moss et Graham Hill, mais elle ne put finir.
Par contre, elle remporta les 1000 kilomètres du Nürburgring le 28 mai 1961 avec Masten Gregory (ci dessous en casquette et pipe) et "Lucky" Casner (ci-dessous en chapeau) se relayant à son volant :


On dispose de beaucoup de photographies de 2472 remportant ces mythiques 1000 kilomètres du "Nürburg". Ci-dessous Masten Gregory avec ses lunettes et sa visière monobloc :

2472 porte les couleurs typiquement américaines de Camoradi (blanche avec une bande bleue) et le numéro 1 car une autre Birdcage Tipo 61 Camoradi (n°5) avait remporté la même épreuve en 1960 avec l'équipage Stirling Moss, Piero Taruffi et Dan Gurney.

"Lucky" Casner au volant de 2472 dans le virage du "Karussel" en 1961 :


"Lucky" Casner portait le casque classique sans visière et avec les lunettes de motard :




Masten Gregory termine l'épreuve en tête :



Il est félicité par sa compagne et par son "boss" et copilote, "Lucky" Casner en blouson noir-casquette-lunettes de course autour du cou :

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2472 connut de nouveau la victoire quelques jours plus tard, le 4 juin 1961, en remportant la coupe Delamarre-Debouteville qui se courait sur deux manches de 2 heures chacune à Rouen-les-Essart. Avec "Lucky" Casner au volant, 2472 termina seconde de la première manche et première de la seconde, s'adjugeant le meilleur résultat global. 2472 portait le n°6 à Rouen et se battait contre une armée de Ferrari 250 SWB :





Après ces deux victoires successives, tous les espoirs étaient permis pour 2472 menée par l'équipage "Lucky" Casner - Piero Drogo aux 4 heures de Pescara le 15 août 1961. Malheureusement, ce fut l'accident qui ne blessa personne mais endommagea fortement la voiture.

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"Lucky" Casner confia à Piero Drogo la tâche de reconstruire 2472 qui, dès lors, s'identifiera sous le terme Birdcage "Drogo". Selon les choix de Piero Drogo, 2472 reçut une nouvelle carrosserie "Cavalieri" toute en aluminium façonné à la main, comme la précédente, mais aux lignes beaucoup plus tendues à l'avant. Les modifications ne concernèrent pas seulement la carrosserie mais aussi le train arrière qui, tout en conservant la boite 5 vitesses accolée au différentiel autobloquant, bénéficia de roues indépendantes à la place du pont De Dion. Ces transformations s'effectuèrent à l'automne 1961 et au début de 1962. A noter que le châssis et le moteur restaient toujours d'origine, chacun avec leur "frappe" 2472.




La nouvelle 2472 "Drogo", peinte aux couleurs Camoradi blanc et bleu et portant le n°99, fut engagée le 27 mai 1962 aux 1000 kilomètres du Nürburgring avec le même équipage victorieux qu'en 1961 : "Lucky" Casner et Masten Gregory.

Elle connut apparemment quelques problèmes de surchauffe freins ou moteur et ne termina qu'à la 18ième place alors qu'elle avait remporté l'épreuve en 1961.

Je n'ai pas retrouvé trace d'autres engagements significatifs en compétition en 1962.

Par contre, la Birdcage "Drogo" participa aux 12 heures de Reims le 30 juin 1963 où il semble bien qu'elle se classa seconde derrière la Ferrari 250 Testa Rossa 3 litres de Carlo-Mario Abate (sous réserve car je ne l'ai vu écrit que sur une seule source). A Reims 1963, la Birdcage "Drogo" était pilotée par "Lucky" Casner et portait le n°34 :




Elle avait une nouvelle peinture rouge à bandes blanches et bleues (comme la Tipo 151 "Maserati France" du colonel Simone). Cette miniature présente la "Drogo" dans la configuration Reims 1963 :


Casner à l'attaque à Reims :



Notez la grande finesse de la "Drogo".

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Le 7 juillet 1963, la Birdcage "Drogo" disputa les 3 heures d'Auvergne à Charade (n°56) avec les mêmes couleurs et le même pilote (Casner). Elle dut abandonner sur défaillance de la pompe à essence. On voit ci-dessous la "Drogo" retournée à l'usine Maserati juste après Charade :

Elle est entre une sœur Birdcage à gauche de l'image et la Tipo 151 V8 4.2 litres à droite de l'image.

La dernière course de 2472 "Drogo" fut le "Guards Trophy" à Brands Hatch le 5 Aout 1963 (n°9, "Lucky" Casner au volant). Mais notre héroïne ne parvint pas à joindre l'arrivée.


La Birdcage "Drogo" retourna alors à l'usine Maserati à Modène à l'automne 1963 et y fut stockée pendant des décennies jusqu'à ce qu'Umberto Panini la rachète en 1997 avec tout le "fond historique Maserati".

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La "Drogo" au musée Panini :

Notez les écopes d'air sous la proue pour le radiateur et sur le capot pour les carburateurs. Certains auront reconnu le spider A6G/54 Zagato vert (exemplaire unique) en arrière plan, qui n'appartient pas à la collection Panini mais a été présenté quelques mois dans le musée avant de s'échanger à New-York en novembre 2013 (Sotheby's) contre 4.45 millions de dollars.

Notez les bas de caisse ajourés, le galbe très harmonieux du petit saute-vent et l'Eldorado devant (encore un exemplaire unique, quasiment inestimable celui-là) :







Comme toutes les Maserati du musée Panini, la "Drogo" est entretenue à l'Officina Candini à Modène. On voit ici Marcello Candini œuvrer sur la belle :

Comme sur toutes les Birdcage à moteur avant, le 4 cylindres en ligne est couché à 45 degrés sur la droite pour abaisser le centre de gravité et la hauteur du capot. On voit les carburateurs (deux Weber 45 DCO3 au milieu). Les Birdcage sont les seules Maserati à moteur avant en ligne à avoir l'admission à gauche et l'échappement à droite.




Ci-dessus Sir Stirling Moss (il a été anobli) à gauche et Giuseppe Candini (le père de Marcello) à droite devant la "Drogo". Les deux hommes se connaissent bien depuis les années 50. Avant de créer son "Officina" spécialisée sur Maserati, Giuseppe Candini fut mécanicien de l'écurie de Formule 1 Maserati, spécialement affecté (excusez du peu !) à la 250 F de Stirling Moss en 1956 (victoires à Monaco et Monza) et à celle de Juan Manuel Fangio en 1957 (champion du monde).

Ci-dessous Marcello Candini au volant et son père Giuseppe à côté :

[maseramo]

Comme les autres pièces du musée Panini, la "Drogo" ne reste pas enfermée mais sort volontiers :

Ci-dessus en compagnie d'une magnifique Ghibli I. Ci-dessous à la foire de Milan sur le stand Maserati en compagnie de la 6C 34, monoplace de Grand Prix de 1934, autre merveille du musée Panini :

Les plus perspicaces auront reconnu Ermanno Cozza (ci-dessus en cheveux blancs derrière la GranCabrio rouge).



La "Drogo" n'a pas peur des circuits. Ci-dessous en appui dans une courbe rapide à la poursuite d'une Ferrari 275 GTB :

Notez la finesse extrême de la "Drogo". La tête du pilote est bien plus basse que dans la Ferrari qui n'est pourtant pas un "camion" !


Le musée Panini possède deux Birdcage exceptionnelles : la dernière à moteur avant (2472 "Drogo") et la première à moteur arrière garée juste derrière (002 "Muletto" qui est l'ancien proto Birdcage Tipo 63 rebaptisé 63 008 et remotorisé en 1961 à l'usine en V12 de 3 litres pour courir au Mans). Rien que ces deux pièces exceptionnelles vaudraient le déplacement dans ce temple du Maseratisme ! Vous avez remarqué qu'il n'y a pas que des Maserati au musée Panini mais aussi des Alfa, Mercedes 300 SL, Lancia et autres voitures d'avant guerre.

Pour ceux qui souhaitent plus d'info sur la Birdcage Tipo 63 du musée Panini :
http://www.maseratitude.com/viewtopic.php?f=12&t=3836

[maseramo]

le cockpit très dépouillé de la "Drogo" :

[Gianni]

Grazie mille Maseramo, encore un magnifique reportage

[Domi13]

Merci merci Maseramo pour ce très beau reportage sur un pan de la fabuleuse histoire de Maserati et de ses bolides.
On s'en lasse pas!!
Dominique
3200GTA

[Blu Sera]

Passionnant ! Et à point nommé avant notre prochaine visite à la famille Panini
Merci Maseramo !!!

[maseramo]

Merci pour votre intérêt les amis Le but est, en effet, de profiter davantage de la visite au musée Panini pour ceux qui ont la chance d'y aller en octobre, et d'amener un peu le musée Panini chez les autres