Les hommes de Maserati : le Prince Bira

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Chers amis,

Je vais vous vous raconter l’histoire du Prince Bira qui fut un parfait « gentleman driver » dans le plus pur sens du terme, s’achetant sans sponsor des voitures de course performantes pour s’adonner à la compétition automobile et obtenir des résultats. Cependant son talent était tel que quelques écuries de course lui confièrent aussi des voitures, notamment Gordini et l'écurie Enrico Platé. Le Prince Bira fut un vraiment très bon client Maserati car, s’il ne courut pas que sur des voitures ornées du Trident, celles-ci représentèrent bien 30 % de ses engagements en compétition avant guerre puis environ 70 % de ses engagements après guerre, depuis la 8CM des années 30 jusqu’à la 250F de 1955. Ci-dessous le Prince Bira au volant d'une 4CLT :

Birabongse Bhanutej Bhanubandh, plus connu sous le nom de Prince Bira, est le petit fils du roi Mongkut, souverain du Siam (actuelle Thaïlande). Le Prince Bira naquit ainsi le 15 juillet 1914 au Grand Palais de Bangkok mais devint malheureusement orphelin de mère à l’âge de 4 ans. Quand il eut 13 ans, en 1927, on l’envoya en Angleterre pour étudier au collège d’Eton puis à l’université de Cambridge. Mais le jeune Prince, qui ne réglera jamais sur son pays, ne rêvait que de se distinguer en course automobile. Il fonda la « White Mouse Racing » et accolera la petite souris blanche sur les flancs de toutes ses voitures.

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Il s’offrit d’abord, à 21 ans, une Riley avec laquelle il se classa 5ième et 8ième lors de deux courses disputées à Brooklands en 1935. Il revendit vite la Riley puis s’acheta la même année 1935 deux Era qu’il surnomma Remus et Romulus et avec lesquelles il connut des victoires de classe 1.5 litres à Monaco, en Picardie et à Albi.

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En 1936, tout en conservant Remus et Romulus, le Prince s’acheta sa première Maserati et c’était une occasion ! Il racheta en fait la 8CM de Withney Straight dont il fut question dans cet article :

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Voici la 8CM #3011 ex Withney Straight que le Prince Bira fit repeindre en bleu (couleur du Siam) avec son emblème : la petite souris blanche sur le fuselage !

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Voici quelques photos d'époques de la 8CM du Prince Bira :

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La même voiture de nos jours :

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Elle arbore toujours la petite souris blanche :

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Une voiture de course mythique, une italienne à palmarès qui s'imposa en Angleterre !

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La 8CM était mue par un moteur 8 cylindres en ligne de 3 litres à compresseur. La puissance était de 240 cv pour 250 km/h. Notez le compresseur à l’avant, l’admission sur le flanc droit sans échangeur, le refroidissement quasi individuel du bloc et de la culasse par la durite en haut, le boîtier de direction puis les bieles de direction en extra fuselage.

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Mais le Prince engageait aussi assez souvent dans cette même période d'avant guerre ses Era, Delahaye et BMW 328.

Ci-dessous le palmarès (uniquement les podium) du Prince Bira durant les années 36-39. A la différence de l'après guerre où le prince pilotera surtout des Maserati (4CL, 4CLT, 4CLT48, A6GCM et même 250F), il courrait avant guerre sur des voitures très diverses mais signa quelques beaux classements avec sa 8CM #3011 et même une victoire au Campbell Trophy :

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Avant la guerre, le Prince Bira se rendait souvent de Bangkok à Londres aux commandes de son avion bimoteur personnel sur lequel la «white mouse» avait des ailes :

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Quand la seconde guerre mondiale éclata, le Prince fut versé dans la Royal Air Force et instruisit de nombreux pilotes, notamment au pilotage de planeurs qui furent importants lors du débarquement en Normandie. On le voit ci-dessous dans une base de Cornouailles en 1944 en train de donner ses instructions à un élève-pilote de planeur :

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Un regard quasi enfantin mais qui cachait des nerfs d'acier en course automobile comme on va le voir après guerre !

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Voici le palmarès (uniquement les podium) du Prince Bira après la guerre, il s’avère encore plus brillant qu’avant le conflit et surtout les Maserati y prendront beaucoup de place, particulièrement à partir de 1948 :

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Bira dans la Gordini :

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Notre bon Prince dans la Maserati 4CL :

Ci-dessous à Zandwort 1948 :

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La 4CL du Prince Bira était bleue et jaunes, les couleurs du Siam.

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Ci-dessous le Prince Bira en 4CL (220 cv) se fait doubler à Monza par Alberto Ascari (qui se paye même le luxe de sourire au photographe) sur 4CLT/48 de 280 cv.

Ce cliché ci-dessus est intéressant car, en plus du châssis tubulaire (le T de CLT), la nouvelle Maserati est plus large que haute à l'avant (la comparaison est frappante) et elle dispose de deux compresseurs superposés contre 1 seul à la 4CL.

Il va falloir que le Prince s'achète une 4CLT !

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Et voilà, c’est chose faite début 1949 !

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Le Prince saute dans sa 4CLT à Monaco :

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Sur 4CLT personnelle ou celle confiée par l'écurie Enrico Platé, le Prince Bira se montrera être en 1949 l'un des meilleurs pilotes du monde, souvent juste derrière Juan Manuel Fangio :

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Si le championnat de Formule 1 avait été créé en 1949 et non en 1950, le Prince Bira avait ses chances pour être champion et, certainement, la Maserati 4CLT aurait été sacrée. 1949 est l'une des meilleures saisons du Prince.

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En 1951 le Prince craqua pour une Osca V12, ce qu'on lui pardonne volontiers, ce sont les frères Maserati qui l'ont construite en plaçant un gros V12 à 60 degrés de 4.5 litres et 330 cv dans le châssis tubulaire de la 4CLT #1598 que le Prince leur avait confiée !

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Si le Prince remporta la première course où il engagea l'Osca V12 (l'Easter Monday meeting à Goodwood), il fut déçu par les performances de l'auto par la suite.

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Heureusement, notre Prince préféré enchaina avec une Maserati A6GCM première série en 1952. Ci-dessous le prince Bira se classa 4ème avec son A6GCM de 1952 au BRDC International Trophy 1953 à Silverstone, une course de Formule 1 hors championnat mais très prisée (comme les Grand Prix de Pau ou de Syracuse ou le Grand Prix des Frontières) :

Puis il put acquérir une A6GCM de seconde série en 1953 avec laquelle il va remporter la victoire au Grand Prix des frontières - Chimay en 1954.
Ci-dessous le Prince aux commandes de son A6GCM seconde série sur laquelle on avait pratiqué une ouverture supplémentaire de refroidissement en Argentine 1954, comme sur la première vraie 250F de Fangio :

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Cette même voiture ex-Prince Bira existe toujours de nos jours :

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La petite souris blanche est toujours là !

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Son moteur est par contre désormais un 2.5 litres de 250F (240 cv) et non plus le 2 litres A6GCM seconde série (197 cv).

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Initialement A6GCM de seconde série portant le numéro #2044, l'A6GCM du prince Bira fut remotorisée en 1954 avec un moteur de 2.5 litres sans aucune modification de carrosserie. Elle fut alors rebaptisée #2504. Il est impossible de trouver de nos jours une A6GCM de seconde série en version originelle car toutes les cinq furent remotorisées en 2.5 litres et sont devenues des 250F.

En effet, pour la saison 1954 la réglementation en Formule 1 fixa la cylindrée à 2.5 litres en atmosphérique ou à 750 cm3 en compresseur. Ainsi, tout comme un exemplaire A6GCM 1952 et les quatre autres A6GCM 1953, cette "Interim" du Prince Bira fut transformée en 250F en 1954, c'est à dire qu'elle reçut un moteur 2.5 litres car les 6 toutes premières 250 F furent simplement des A6GCM à carrosserie identique mais motorisées en 2.5 litres. Ces premières 250F se reconnaissent facilement car elles ont la boite de vitesse accolée au moteur, alors qu'à partir de la vraie première 250F, celle de Fangio en Argentine en janvier 1954, la boite de vitesse est accolée au différentiel arrière.

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Le Prince Bira ne se contenta pas de son A6GCM remotorisée en 2.5 litres et, excellent client Maserati, il put toucher assez vite une vraie 250F avec laquelle il fut brillant fin 1954 et en 1955 sur des courses hors championnat de Formule 1 mais cependant très prestigieuses. Il acheva ainsi avec panache, à 41 ans, une belle carrière de pilote de très haut niveau :

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La "vraie" 250F du Prince :

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Vous remarquerez qu'elle a encore, comme les 4CLT et les A6GCM, le bouchon du réservoir d'huile sur le flanc droit sous les carburateurs. Normal, c'est l'une des toutes premières 250F. Fin 1954, le réservoir d'huile fut déplacée dans la queue de l'auto, en arrière du réservoir d'essence, où l'huile chauffait moins.

D'autres belles photos de la 250F princière :

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D’autres images de la 250F du Prince :

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Merci Prince Bira, d’avoir porté haut les couleurs de Maserati !