Artistes mécaniciens au travail

[Froggie]

Aujourd'hui, désossage d'un V12 de 400 GT.
Après de nombreuses heures infructueuses à essayer de régler le moteur, il a fallu en effet se résoudre à l'ouvrir pour comprendre.

Ce V12 avait eu droit auparavant chez un autre garagiste au changement des joints de culasses mais avait apparemment été remonté un peu vite.
En effet, au démontage ici, il est apparu que la chaîne d'un des bancs était toute distendue alors que l'autre était tendue, ce qui indique que les culasses avaient été remontées sans démontage des ACT et sans nouveau réglage de la distrib...

Avec l'enlèvement de la 1ère culasse, on comprend encore mieux pourquoi ça ne pouvait pas marcher.
L'état des têtes de pistons fait peur.
Et en regardant de plus près , on s'aperçoit que certains pistons ont un jeu important dans la chemise (celui-ci est carrément décentré), ce qui ne présage rien de bon du côté des segments:

De plus, l'un des goujons (celui à droite au premier plan) est différent des autres, avec une base au niveau du jdc qui laisse penser qu'il a été ressoudé:

[Froggie]

Enlèvement de la 2ème culasse:

Surprise, à l'intérieur c'est encore différent.
Ici, l'état "décapé" des pourtours de certains pistons indique que du fluide de refroidissement rentrait dans les chambres

Luciano m'a dit que la qualité de fonderie des blocs Lambo à l'époque laissait à désirer (n'en deplaise à certains )
Avec parfois des culasses ...poreuses

En attendant, ce bloc va partir chez un spécialiste à Modène pour reconditionnement total.
Une belle ardoise de 20k en vue à laquelle ne s'attendait pas le proprio qui venait faire régler l'allumage/carburation...

[Froggie]

Une Testa venue pour faire refaire sa distrib.
Il faut tomber tout l'arrière-train: pas si compliqué quand on a un pont, le berceau moteur se désassemble assez facilement.
(si vous ne voulez pas vous tordre le cou, cliquez sur l'image )

Belle bête, V12 à plat (boxer) 48 soupapes:

En attendant, le V8 de la Bora a eu ses deux culasses remontées.
Le bloc d'une 512 BBi vient d'arriver de réfection complète pour lui tenir compagnie.

Ce bloc boxer est le prédecesseur de celui de la Testa, mais ici avec seulement 2 soupapes par cylindre.
Le vilo est dans le même plan horizontal que les cylindres.

Pour sa réfection en Italie, le bloc est désassemblé et seul le "bas-moteur" (avec vilo, bielles pistons et chemises) est envoyé
Au retour, il faut donc remonter les culasses et l'ensemble boîte/pont (qui est ici la partie vraiment basse du groupe) sur le bloc reconditionné.
On voit bien ici l'ensemble boîte/pont, qui vient d'être vissé sous le bloc (avec la sortie d'un demi-arbre):

[Froggie]

A propos de boîtes...
Voici une 458 dont l'arrière-train prend l'air:

Le moteur est bien là, mais ça semble bien vide...
Mécébiensur, il manque la boîte!

La voilà, une Getrag de dernière génération, avec ses connecteurs:

Cette boîte vient de rendre l'âme, 30 km après que la voiture ait été achetée à un marchand...
Sans bruit, elle s'est mise en rideau et a commandé l'arrêt du moteur.
Au démontage d'un premier carter, surprise surprise:

Du métal pulvérisé en paillettes et aiguilles.
Peut-être du titane (secret Getrag qui ne donne pas de manuel d'atelier, les boîtes doivent être réparées chez eux).

Coût d'une boîte neuve: 18k
Le proprio est content
Du coup, Luciano a trouvé un ensemble de pignons pour 5k.
Il va essayer de réparer lui-même...

[Tinker]

Cette boîte vient de rendre l'âme, 30 km après que la voiture ait été achetée à un marchand...

Le proprio est content

C'est pas le vendeur qui doit être content? car là c'est clairement lui qui doit prendre en charge non?

[Froggie]

Il faut ouvrir complètement la boîte.
Apparemment il n'y avait pas assez d'huile dans l'un des compartiments (huile qui en principe n'a pas à être changée, pas de niveau, pas d'orifice de remplissage).
Oui en principe, après analyse/confirmation, le vendeur (plutôt son assurance, s'il est bien couvert) devrait prendre en charge. Mais pêut-être une procédure en perspective...

[maseramo]

Merci Froggie pour ces leçons de mécanique sur ces monuments de l'histoire automobile Quel garage !

[Froggie]

Poursuite du réassemblage du moteur de la 512 BBi.
Les deux culasses et les pipes d'admission ont été remontées.
Le proprio avait choisi de ne pas faire refaire ses culasses (pour faire des économies, pas un bon plan à mon avis, puisqu'il a de toutes façons dû lacher dans les 20k pour le bloc, alors quelques k de plus...)

Au passage, j'ai découvert que le vilo avait dû être changé par l'atelier qui a fait la rénovation du bloc.
Fissuré, mais ça ne se voyait pas (et donc irréparable) ça a été découvert lors du contrôle radiographique. Et une bonne ardoise inattendue
Comme quoi, même un vilo Ferrari forgé/usiné dans les règles de l'art peut être défaillant...
Voilà la pièce de retour, que le proprio pourra garder comme souvenir dans son salon

Remontage des vis a vis de tubulures pour les collecteurs d'admission.
Le premier collecteur présente un goujon tordu, au milieu sur la photo (on se demande pourquoi...):

Réparation avec les moyens du bord.
D'abord quelques coups de maillet très prudents sur le goujon (il n'y en avait pas de rechange), puis on aide l'assemblage au maillet (le rôle du goujon à cet endroit n'est pas critique, peu de couple et pas de contrainte mécanique importante):

[Froggie]

Le deuxième collecteur a lui aussi un défaut: le taraudage de l'un des goujons est mort.
Il faut retarauder:

Puis mettre un insert:

Malheureusement celui-ci ne s'est pas bien positionné, il dépasse du plan de joint:

Il faudra l'enlever.
Finalement un nouveau goujon sera remonté.

Comme quoi, il y a toujours des surprises quand on ouvre ces moteurs, et il faut s'adapter...

[Froggie]

Travail d'équipe pour la pose de ce parebrise de Mexico.

Il y en a deux qui appuient sur le parebrise pour bien le plaquer pendant qu'un troisième tire progressivement la cordelette située à l'intérieur du joint à lèvre pour que celui-ci se referme sur le verre:

[Froggie]

Le moteur de la BB a retrouvé son écrin:

Il faut encore monter les accessoires et peaufiner les réglages.
Pas commode d'aller chipoter sous les inducteurs pour monter une goupille de sécurité dans le mécanisme du câble d'accélérateur.
Il faut travailler au jugé et avec des doigts de fée:

[Froggie]

Des nouvelles de la boîte robotisée de la 458.
Elle a été ouverte.

Quand on voit l'état de la couronne et du pignon d'entrée (enfin il faudrait maintenant plutôt parler du cône d'entrée car il ne reste plus aucune dent ):

Les dents (ou plutôt le métal) se retrouvent sur la couronne.
C'est de la bouillie:

De l'autre côté de la paroi, c'est étonnamment intact.

Et on voit ici toute la connectique et les actuateurs qui sont normalement immergés dans l'huile de l'un des carters de cette boîte:

On comprend pourquoi ces boîtes valent une blinde...

Avec le changement du pignon et de la couronne, et un peu de chance, la boîte devrait en principe fonctionner à nouveau.
La réparation devrait coûter bcp moins que l'envoi chez Getrag pour réfection.

[Froggie]

Suite de la remise en condition [professionnelle] de cette boîte.
La boîte d'une autre 458 accidentée a donc été approvisionnée pour un coût de 5k.
Voici la bête:

Elle est sale, mais surtout on imagine d'après l'état éclaté des carters (allez, place à l'imaginaire, pour ceux qui n'ont pas peur de s'engager dans la voie tortueuse du monde infiniment complexe des possibles ) ce qui a pu arriver au véhicule dans le quel était cette boîte.

La seule garantie donnée étant que l'assemblage pignon-couronne de cette deuxième boîte, y inclus les roulements, ce qui était recherché en priorité, était sain, ce qui s'avère être le cas après démontage:

[Froggie]

Pour mémoire, l'ancien:

Et le nouveau:

Le demi-arbre avec extrémité mâle cannelée qui s'insère dans le pignon cannelé femelle situé à l'intérieur de la couronne est mort, il a pris une flèche (décelable à l’œil nu mais pas dans cette photo) de l'ordre du mm.

Mais par chance, tous les composants internes sont en bon état, il n'y a que les carters et un demi-arbre de transmission qui ont morflé lors du crash de cette deuxième 458!

Seuls le pignon et la couronne avec leurs roulements vont être transférés dans la boîte de la première 458 en cours de réparation ici.
Toutes les pièces en bon état de la deuxième boîte vont être soigneusement répertoriées et rangées, elles pourront être réutilisées dans le futur.

J'espère que la description de [ces travaux non hypothetiques dans le but de partager l'experience concrete non imaginaire]vous aura permis [de demystifier l'imaginaire au sujet de la complexite du monde dans lequel on vit] .
Toute référence à un quelconque personnage ou discours réel ou imaginaire ne serait bien entendu que fortuite, et maintenant suite à l'esprit de convivialité qui prévaut en ces lieux

[maseramo]

Mille merci Froggie, c'est super intéressant. Ces mécanos sont aussi des artistes de la débrouillardise pour faire une bonne boite avec deux abîmées. Transmets leur les félicitations et les remerciements de Maseratitude de nous montrer tout ça et merci à toi pour tes reportages.

Finalement, la longue restauration de ton Indy est une bonne chose ! Mais l'habitude est prise, je suis certain que tu rendras visite à tes amis de l'officina Valenti, même une fois l'Indy finie

[Froggie]

Merci pour ton intérêt, Alido.
Ils savent que je raconte ici ce qu'ils font et ça les amuse de me voir prendre toutes ces photos.
En plus ils sont très sympa de me montrer comment ils travaillent et de l'expliquer volontiers; on voit là toute la connaissance de ces pros, l'expertise, le travail dans les règles de l'art, et l'astuce.
Car parfois ils doivent comprendre pourquoi un moteur ne fonctionne pas ou pas bien (souvent du travail mal fait auparavant par des soi-disant mécanos) et se débrouiller car les pièces de rechange ne sont pas toujours dispo...
Je crois aussi qu'ils apprécient qu'on s'intéresse à leur travail, c'est valorisant.
C'est vrai que j'y retournerai sans doute régulièrement après que j'aie pris livraison de l'Indy

[Froggie]

Aujourd'hui, les Bora étaient à l'honneur:

La noire a droit à un réglage de sa carburation après le remontage d'un moteur qui vient d'être complètement refait:

Réglages de base de dépression et de richesse sur les 4 Weber:

Mais le taux de CO reste trop élevé, et au bout d'une dizaine de minutes de ralenti, tout d'un coup le régime de ralenti prend quelques centaines de rpm en plus...

L'examen visuel montre que le carbu n° 3 est "humide".
Une fuite d'essence qui enrichit trop le mélange vient de se déclarer .

Démontage du dessus du carbu.
Il apparaît qu'une minuscule pièce en zamac insérée entre deux bagues en cuivre au milieu des deux corps (on voit la bague inférieure au centre de la photo) n'a pas ses deux faces parfaitement planes, ce qui occasionne la fuite.
La fatigue au cours du temps...

Nécessité de limer les faces, puis remontage.
Les tests seront refaits demain

[Froggie]

La Barchetta est revenue pour des ratés d'allumage.
Vous remarquez aussi que les échappements sont démontés, vous allez comprendre pourquoi...

Il a fallu remplacer le doigt d'allumage, la pièce d'origine étant apparemment de la camelote (les connaisseurs ici pourront confirmer, ou pas), ce qui entraîne à terme un mauvais contact sur la piste métallique annulaire en cuivre.
Cette pièce a été remplacée par une autre plus robuste.

Mais surtout, à la demande du client, on va en a profiter pour modifier les échappements, plus spécifiquement pour enlever les catas et les remplacer par des sections de tube droites.
Pas de quartier, les catas sont attaqués à la disqueuse, après avoir soigneusement repéré les traits de découpage:

On récupère la partie de forme complexe avec bride en entrée de cata, et on la repositionne en sortie de turbo.
Elle va permettre à la nouvelle section droite de bien se caler dessus pour faciliter son soudage:

[Froggie]

Il faut ensuite soigneusement découper un tronçon de tube aux bonnes dimensions pour remplacer le cata.
Seule entorse à la qualité, il s'agit d'un tube en ferraille et pas en inox comme le reste de la ligne , simplement parce que l'atelier n'est pas équipé pour faire de la soudure inox.
Mais pour l'usage prévu, ça suffira .

On l'insère là où était situé le cata, en le coinçant mécaniquement à l'aide du silencieux qu'on remonte derrière.
Ca tient juste en équilibre!

Ensuite il faut faire sur place des soudures par points au niveau des deux joints ... sans faire bouger.
Surtout ne pas oublier auparavant de débrancher la batterie, sinon on grille les modules électroniques

Et voilà le travail après soudage, c'est parfaitement ajusté:

Yapuka remplir les zones de joint avec du cordon de soudure, et roule ma poule

[Froggie]

Retour à notre Bora.
Elle est toujours en clinique.
Un souci d'allumage/carburation difficile à régler.

D'abord il a fallu régler l'un des tendeurs de chaîne de distrib qui avait pivoté lors d'un remontage précédent, ce qui le faisait claquer.
Vision, accès et réglage très difficiles, c'est à l'avant du bloc, bien coincé contre la cloison de l'habitacle, il faut travailler avec des miroirs et au juger...
Ca a été aussi l'occasion de resurfacer les chapeaux de culasse, il y avait en effet une légère fuite d'huile.

Ensuite tentative de réglage des 4 carbus.
Mais malgré de longs réglages, ça restera déséquilibré.
Démontage des bougies: l'une est mouillée, morte donc.
Au remontage, il subsiste un déséquilibre.
Recherche au stéthoscope: il y a encore un bruit anormal localisé, apparemment encore un tendeur, il va falloir redémonter...